Alors que l'examen de la réforme des retraites a donné lieu à plusieurs incidents, la présidente de l'Assemblée nationale appelle au calme et à la bonne tenue des débats dans l'hémicycle. Dans Le Figaro, Yaël Braun-Pivet avertit que "zadifier le Parlement, ce serait ruiner la démocratie". Et sur RTL, elle met en garde contre la stratégie "de guérilla parlementaire, d'agressivité, d'invectives, parfois d'injures" et invite les députés LFI "à se ressaisir”
"Ne laissons pas la violence régir les rapports politiques." Dans une tribune au journal Le Figaro du mardi 14 janvier, Yaël Braun-Pivet (Renaissance) fait part de ses inquiétudes quant à la tournure prise par l'examen de la réforme des retraites, marquée par plusieurs incidents impliquant des députés de La France insoumise.
"L’attaque ad hominem, l’injure, les claquements de pupitre ne font pas une politique et n’expriment que le désarroi de ceux qui ne peuvent exposer une alternative", pointe la présidente de l'Assemblée nationale, qui déplore la "stérilité des invectives" échangées dans l'hémicycle.
"Déjà deux exclusions temporaires de quinze jours ont été prononcées depuis le début de la législature", rappelle-t-elle, en référence aux sanctions prises à l'encontre de Grégoire de Fournas (Rassemblement national) et Thomas Portes (La France insoumise). "C’est trop et, plutôt que de devoir multiplier les sanctions de ce genre, j’en appelle maintenant à la raison."
Invitée sur RTL mardi matin, la présidente de l'Assemblée est revenue sur l'incident provoqué par Thomas Saintoul (LFI) lundi après-midi. Insistant sur l'importance de l'événement : "Vous avez entendu le mot assassin à l'encontre d'un ministre de la République !", Yaël Braun-Pivet a cependant tenu à saluer l'indignation unanime qui a suivi, parlant de geste "salutaire". "Cela a soulevé dans l'hémicycle une révolte sur tous les bancs. [...] Il y a eu des mots très forts prononcés par certains."
"Ce qu'il se passe à l'Assemblée nationale en ce moment, c'est grave. On montre depuis une semaine qu'à cause de quelques-uns, nous ne sommes pas capables de mener un débat démocratique", regrette-t-elle. "On a un groupe de députés insoumis, pas tous, qui mènent une stratégie d'obstruction, de prise à partie personnelle, de guérilla parlementaire, d'agressivité, d'invectives, parfois d'injures", pointe en particulier Yaël Braun-Pivet. Tout en indiquant que ces critiques ne visent pas tous les élus du groupe présidé par Mathilde Panot, elle invite les députés LFI, certains au moins, "à se ressaisir".
Et de souligner qu'en l'absence d'invectives, les débats pouvaient être constructifs. Pour preuve, la présidente de l'Assemblée mentionne l'adoption de plusieurs modifications sur l'index seniors, qui devra comporter des données genrées et s'appliquera, à terme, aux entreprises de plus de 50 salariés. Plus de fond, moins de forme, tel est le souhait de Yaël Braun-Pivet, qui a donné consigne aux vice-présidents de l'institution de ne "rien laisser passer".
La députée des Yvelines s'est également exprimée sur le rythme actuel de l'examen de la réforme des retraites. Elle a jugé "largement insuffisant" le retrait de 1 000 amendements décidé par les élus de la Nupes, avant la séance d'hier soir. "Il faudrait quasiment 9 000 amendements à retirer pour pouvoir débattre de l'article 7", consacré au report de l'âge légal de départ à la retraite, dans les délais impartis, a-t-elle jugé.
"Nous avons examiné 544 amendements en une semaine. Il nous en reste 14 000", a-t-elle souligné. "Si nous voulons parler de ce qui intéresse les Français et les syndicats - la pénibilité, les carrières longues, les carrières hachées, les droits des femmes, les minimum de pension - il doit y avoir un retrait massif d'amendements."