Avant la reprise des débats à l'Assemblée nationale, ce lundi 13 février, plusieurs ministres ont dénoncé la stratégie de La France insoumise et appelé les députés LFI à retirer une partie de leurs amendements. En ouverture de la séance, Eric Coquerel a rétorqué que le gouvernement était "l'obstructeur arrosé".
Cela ressemble à une offensive concertée de la part du gouvernement. Lundi 13 février, alors qu'après une semaine de débats, les députés vont reprendre l'examen de la réforme des retraites à l'article deux (sur un total de vingt articles), pas moins de quatre ministres sont montés au créneau dans les matinales des radios et des télévisions, notamment pour dénoncer la stratégie de La France insoumise et demander aux députés LFI de retirer une partie de leurs amendements.
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'est montré le plus virulent : "Aujourd'hui, La France insoumise est un obstacle au débat démocratique sain, clair que nos compatriotes sont en droit d'avoir sur la réforme des retraites", a-t-il fustigé sur RTL, "Ce que je regrette, a-t-il ajouté, c'est qu'en réalité il n'y a pas de débat possible, parce qu'il est aujourd'hui prisonnier du chahut, pour ne pas dire le chaos que la France insoumise a mis au Parlement". Et Bruno Le Maire de souhaiter que "LFI retire ses milliers d'amendements".
"Nous sommes face à une obstruction systématique de la coalition autour de la France insoumise", a renchéri sur FranceInfo le ministre du Travail, Olivier Dussopt.
Les débats seront rythmés, jeudi, par une cinquième journée d'action à l'appel de l'intersyndicale. Que les députés aient ou non achevé l'examen du projet de loi, les discussions prendront fin vendredi à minuit en première lecture. Le texte partira par la suite au Sénat.
Au rythme actuel et alors qu'environ 15.800 amendements restent à discuter, rien ne garantit que les députés pourront terminer l'examen du texte dans le temps imparti, ni même qu'ils pourront débattre et voter sur l'article 7, qui porte sur le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
"Si les oppositions souhaitent que nous puissions parler d'âge, il ne tient qu'à elles de retirer leurs amendements d'obstruction pour que nous puissions arriver à l'article 7", a souligné Olivier Dussopt.
Sur France 2, son collègue Gabriel Attal a, quant à lui, critiqué le choix de "bloquer le débat" et appelé à "un vrai débat d'idées". "Je suis un jusqu'au-boutiste du dialogue", a déclaré le ministre chargé des Comptes publics, assurant que la porte du débat est "toujours ouverte".
Outre le gouvernement, d'autres voix s'élèvent pour appeler à une accélération de l'examen du projet de réforme. Du côté des Républicains et du Rassemblement national, notamment. "Si vous retirez tous vos amendements bidons, nous allons pouvoir aller à l'article 7 qui est fondamental et qui préoccupe les Français", a ainsi sur France Inter Sébastien Chenu (RN).
Une tonalité aussi entendue du côté des syndicats. Dimanche, invité du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a dénoncé la "connerie" de l'obstruction parlementaire. "Nous souhaitons qu'il y ait un vote sur l'article 7" a abondé, lundi sur BFMTV, le chef de file de la la CGT Philippe Martinez, afin que "chaque député puisse s'exprimer" sur le report de 62 à 64 ans de l'âge de départ en retraite.
Laurent Berger a également déploré le "spectacle lamentable" de la première semaine de débats à l'Assemblée, contrastant avec la "dignité" de la mobilisation sociale. Un point de vue partagé par le ministre chargé des Transports, Clément Beaune qui a estimé au micro d'Europe 1 que "les mobilisations sont parfois plus dignes dans la rue que dans l'hémicycle".
Dès la reprise de l'examen de la réforme ce lundi, le député de La France insoumise Eric Coquerel a répondu aux critiques : "J'ai entendu une petite musique venant du gouvernement sur la pseudo obstruction de La France insoumise. J'ai vu que Bruno Le Maire parlait d'amendements qui empêchent le débat démocratique. Les amendements sont le droit constitutionnel premier des députés".
"Ceux qui raccourcissent les débats, ceux qui empêchent le vote, sont ceux qui ont mis l'article 47-1" de la Constitution a affirmé le président de la commission des finances en mettant en cause la procédure législative choisie par l'exécutif. Et d'ironiser en estimant que le gouvernement était "l'obstructeur arrosé".