L'Assemblée nationale a achevé la première semaine d'examen de la réforme des retraites dans l'hémicycle. Les débats ont été âpres sur le fond et houleux sur la forme. Actuellement postés à l'article 2, sur les 20 que compte le texte, les députés ont encore 15 867 amendements à étudier. L'examen du projet de réforme reprendra lundi après-midi.
L'intensité de la bataille des retraites a franchi un nouveau palier, vendredi 10 février, au terme de la première semaine d'examen de la réforme dans l'hémicycle. Si les débats étaient vifs depuis lundi, la sanction prononcée à l'encontre de Thomas Portes (LFI), a encore fait monter la tension d'un cran. Le député de La France insoumise avait publié sur les réseaux sociaux une photo de lui, ceint de son écharpe tricolore, un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt au pied. Sur proposition du Bureau de l'Assemblée, une majorité de députés a décidé de l'exclure pour quinze jours de séance.
En ouverture de la séance du vendredi soir, Valérie Rabault (Socialistes et apparentés), qui présidait les débats, a cité Pierre Mendès-France, comme un appel à l'apaisement : "La démocratie, c'est un type de mœurs, de scrupules, de sens civique, de respect de l'adversaire, c'est un code moral", a-t-elle rappelé avant que l'examen du projet de réforme ne reprenne sur la mise en place d'un index seniors.
Mais la séance de l'après-midi a laissé des traces. Des députés de La France insoumise sont revenus sur l'exclusion de leur collègue, qu'ils ont qualifiée de "manœuvre" de la majorité. Danielle Simonnet a ainsi accusé le groupe Renaissance, "avec le Rassemblement national", de "bâillonner quinze jours un député opposant". Les députés RN avaient joint leurs voix à celles des députés de la majorité lors du vote "assis-levé", qui a validé la sanction proposée par le Bureau de l'Assemblée nationale à l'égard de Thomas Portes, soit la censure avec exclusion temporaire.
"On a perdu beaucoup de temps cet après-midi en raison d'une manœuvre assez honteuse qui a été utilisée par la minorité présidentielle", a pour sa part dénoncé Manuel Bompard (La France insoumise), rejoint par plusieurs de ses collègues qui souhaitaient que l'Assemblée nationale puisse poursuivre ses travaux au cours du week-end.
Il n'appartient qu'à vous de retirer les amendements d'obstruction pour discuter sereinement de cette réforme des retraites.
Franck Riester
La fin de non-recevoir du gouvernement a été formulée par Franck Riester. "Il n'appartient qu'à vous de retirer les amendements d'obstruction pour discuter sereinement de cette réforme des retraites que nous vous proposons", a déclaré le ministre des Relations avec le Parlement, avant de trancher : "Nous n'ouvrons pas samedi et dimanche".
Un peu plus tôt dans la journée, les députés avaient adopté l'article premier du texte, mettant fin aux principaux régimes spéciaux pour les nouveaux entrants dans les entreprises ou professions concernées. Les débats sur l'article 2 et l'index seniors proposé par le gouvernement reprendront lundi 13 février, à 16 heures.