Le député Thomas Portes (La France insoumise), qui a posé pour une photo le pied sur un ballon de football à l'effigie du ministre Olivier Dussopt, a été sanctionné par l'Assemblée nationale. L'élu est exclu du Palais-Bourbon et des travaux de l'Assemblée pour 15 jours de séance. Il s'agit de la plus forte sanction prévue par le Règlement de l'institution qui entraîne aussi la privation, pendant deux mois, de la moitié de l'indemnité allouée au député.
Le Bureau de l'Assemblée nationale a proposé, vendredi 10 février, de sanctionner par une exclusion temporaire le député de La France insoumise Thomas Portes. L'élu a posté sur les réseaux sociaux une photo où on le voit, ceint de son écharpe tricolore, mettre le pied sur un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt.
Cette sanction, la plus forte prévue par le Règlement de l'Assemblée, a été validée par une majorité de députés par un vote "assis et levé" dans l'hémicycle. Thomas Portes ne pourra plus paraître à l'Assemblée nationale pendant quinze jours de séance et perdra la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois.
Plus tôt dans l'après-midi, interpellé à plusieurs reprises par des députés de plusieurs groupes politiques, lors de l'examen de la réforme des retraites, Thomas Portes a refusé de s'excuser et de retirer son tweet. Une attitude qui a provoqué un "tumulte" dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Au terme de 40 minutes d'interpellations, d'invectives et de rappels au Règlement, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a suspendu la séance pour réunir le Bureau de l'institution, au sein duquel l'ensemble des groupes sont représentés proportionnellement à leur nombre de députés. Thomas Portes a été sanctionné "sur le fondement du 5e alinéa de l'article 70 du règlement" de l'Assemblée nationale, qui "sanctionne les provocations envers l'Assemblée", a précisé Yaël Braun-Pivet.
Alors que les députés avaient commencé l'examen de l'article 2 du texte, qui crée un index seniors, le député LFI Thomas Portes a été vivement interpellé par les députés de la majorité.
Les députés Renaissance, rejoints par la suite par d'autres groupes politiques, ont reproché à l'élu LFI une photo publiée la veille sur son compte Twitter. On y voit l'élu ceint de son écharpe tricolore, qui pose le pied sur un ballon de football à l'effigie du ministre du Travail, Olivier Dussopt.
"Je crois que l'hémicycle vous demande des excuses", a indiqué la présidente de l'Assemblée nationale; Yaël Braun-Pivet. Une demande à laquelle n'a pas souhaité répondre positivement Thomas Portes.
Plusieurs parlementaires, comme Christophe Blanchet (Démocrate), Jean-Louis Thiériot (Les Républicains), ou encore Benoit Mournet (Renaissance) ont successivement pris la parole pour demander au député LFI de retirer son tweet et de présenter ses excuses.
Nous ne laisserons passer aucun comportement qui dégrade notre Assemblée nationale. Aurore Bergé
"C'est ni plus ni moins un appel au meurtre", a dénoncé Eric Woerth. "Soyez humain, soyez responsable, soyez démocrate, retirez votre tweet !" a, quant à lui, lancé le président du groupe Horizons Laurent Marcangeli.
Interrogée par LCP, la députée RN Caroline Parmentier a, elle aussi, demandé le retrait du tweet et des excuses : "Dans un pays qui a connu des attentats par décapitation, comment peut-on se mettre en scène avec une écharpe de député le pied sur un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt et d'Emmanuel Macron ? C'est juste infect."
Ces interpellations n'ont pas fait varier de sa position Thomas Portes. A l'issue de plusieurs interruptions de séance, le député LFI a répondu : "Je retirerai mon tweet, le jour où vous retirerez cette réforme qui va sacrifier des milliers de gens, voilà la réalité !"
Quelques minutes plus tard, la présidente du groupe LFI Mathilde Panot a défendu Thomas Portes : "Le fait d'avoir utilisé l'image des puissants dans des choses de folklore comme par exemple dans des chamboule-tout a toujours mis la violence à distance, cela fait partie de l'histoire sociale de notre pays."
Face au "tumulte" provoqué par l'absence d'excuses de Thomas Portes, Yaël Braun-Pivet a choisi de "convoquer un Bureau immédiatement" en convoquant l'élu LFI. Une décision qui a interrompu immédiatement les débats, à 16h54.
Plusieurs élus de la Nupes ont "désavoué" l'attitude de Thomas Portes, comme Guillaume Garot : "Un élu ne peut pas faire ça", a déclaré le député socialiste sur le plateau de LCP, tout en affirmant qu'il souhaitait "reprendre le débat" sur la réforme des retraites. De son côté, l'écologiste Eva Sas a évoqué un tweet "inapproprié" tout en demandant de "revenir au débat sur le fond", proposant également que les députés puissent siéger ce week-end.
Après avoir été entendu par le Bureau, Thomas Portes a pris la parole devant les journalistes : "S'il y a eu des gens qui ont mal interprété ou mal vécu [mon tweet], je le regrette évidemment (...) il n'y avait pas d'appel à la violence", a réagi l'élu LFI.
En marge de la réunion du Bureau, des députés Renaissance ont fait savoir que leur groupe était prêt à demander une sanction moins lourde si Thomas Porte acceptait de présenter des excuses en bonne et due forme et retirait son tweet. Celui-ci ayant refusé ces conditions, la présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé, a estimé nécessaire que "des lignes rouges puissent être clairement établies".