Olivier Dussopt traité d'"assassin" par un député LFI, indignation à l'Assemblée

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Aurélien Saintoul (LFI) à l'Assemblée, lundi 13 février 2023
Aurélien Saintoul (LFI) à l'Assemblée, lundi 13 février 2023
par Raphaël Marchal, le Lundi 13 février 2023 à 21:25, mis à jour le Mardi 14 février 2023 à 11:46

Après avoir repris par des discussions sur l'index seniors et la retraite minimale, l'examen de la réforme des retraites a été marqué par un nouveau dérapage lorsque le député La France insoumise Aurélien Saintoul a qualifié le ministre du Travail, Olivier Dussopt, d'"assassin". Un mot dénoncé jusqu'au sein de la Nupes. Le député a présenté des "excuses publiques" au ministre.

Le week-end n'a pas calmé tous les esprits. Trois jours après l'exclusion de Thomas Portes, l'examen de la réforme des retraites, lundi 13 février, a été marqué par un dérapage qui a de nouveau provoqué une forte tension au sein de l'Assemblée nationale. 

Lundi après-midi, lors de la première séance de cette deuxième semaine de débats dans l'hémicycle, Aurélien Saintoul (La France insoumise) reproche au ministre Olivier Dussopt de "mentir" sur l'évolution du nombre de morts au travail et l'impact de la suppression des CHSCT sur ce nombre. "Vous avez la responsabilité de ces choix politiques. Vous êtes un imposteur et un assassin", lance-t-il alors en guise de conclusion. Des paroles qui provoquent immédiatement un tollé sur les bancs de la majorité et une suspension de séance décrétée par Sébastien Chenu (Rassemblement national), qui préside alors les débats.

À la reprise, les responsables des groupes politiques de l'Assemblée prennent tour à tour la parole. Quel que soit leur bord, y compris au sein de la Nupes, tous dénoncent les mots employés par Aurélien Saintoul. "Ici, aucun de nous n'est un assassin", rappelle la présidente du groupe "Écologiste", Cyrielle Châtelain. Intervention la plus marquante, le président du groupe "Gauche démocrate et républicaine", André Chassaigne se dit "choqué" et "humilié". L'élu communiste fustige des "propos inacceptables". "Le débat démocratique, c’est un échange d’idées, pas un échange d’insultes", martèle-t-il. 

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Des excuses et une sanction

Finalement, et contrairement à Thomas Portes, Aurélien Saintoul présente des "excuses publiques", dans l'hémicycle, au ministre du Travail, reconnaissant avoir commis une "erreur". "J'ai eu des mots que l'émotion et l'emportement m'ont fait mal choisir et qui sont déplacés", ajoute-t-il.

Olivier Dussopt prend acte des excuses qui, estime-t-il en substance, permettent de reprendre les débats. "Être traité d'assassin ne se pardonne pas", souligne-t-il cependant. A ce stade, Aurélien Saintoul a été sanctionné d'un rappel à l'ordre avec inscription au procès verbal, ce qui le prive d'un quart de son indemnité parlementaire pendant un mois. 

En début de soirée, la Première ministre, Elisabeth Borne, a appelé à ce "que les débats se tiennent sur le fond et non pas dans l'invective".

La retraite à 1 200 euros au coeur des débats

Avant cet incident de séance,  les débats ont notamment donné lieu à de nombreux échanges autour de la question de la retraite minimale "à 1.200 euros". Avec cette question : combien de retraités modestes vont effectivement bénéficier de celle-ci ? Les députés de la Nupes et du Rassemblement national reprochant au gouvernement d'avoir menti sur ce sujet et sur le véritable nombre de retraités concernés.

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"Il n'y a pas de tromperie", a rétorqué Olivier Dussopt, qui a rappelé que l'engagement d'Emmanuel Macron de rehausser la pension minimale à 85% du Smic "pour une carrière complète" figurait sur sa profession de foi de candidat à l'élection présidentielle de 2022. Selon le ministre, la réforme permettra à 1,8 million de retraités actuels et à un quart des nouveaux retraités chaque année de bénéficier d'une augmentation de leur pension. 

Après la pause du soir, les débats ont repris à 21h30. En marge de l'hémicycle, les groupes de la Nupes ont annoncé le retrait d'un millier d'amendements, afin de permettre aux députés d'avancer dans l'examen de la réforme. Dans la matinée, le gouvernement avait dénoncé "l'obtsruction systématique" de La France insoumise, tandis que ces derniers jours, au sein de la gauche, certains avaient fait savoir leur volonté d'accélérer pour que l'article 7, qui porte sur le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, puisse faire l'objet d'un débat devant les Français au cours de la semaine.