Armées : l'Assemblée adopte largement le projet de loi de programmation militaire 2024-2030

Actualité
Image
Image d'illustration du 3ème régiment d'infanterie de marine de l'armée de terre française. Droits réservés
Image d'illustration du 3ème régiment d'infanterie de marine de l'armée de terre française. Droits réservés
par Léonard DERMARKARIAN, le Mercredi 7 juin 2023 à 18:55, mis à jour le Jeudi 8 juin 2023 à 09:51

Par 408 voix pour et 87 contre, l'Assemblée nationale a adopté mercredi 7 juin, en première lecture, le projet de loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030, qui prévoit 413 milliards d'euros pour les armées françaises sur la période. 

Après deux semaines d'examen et un vote solennel, le projet de loi de programmation militaire (LPM) pour les années 2024 à 2030 a terminé son passage en première lecture à l'Assemblée nationale et va maintenant être transmis au Sénat. 

Examiné depuis début avril à l'Assemblée nationale, en commission puis dans l'hémicycle, le texte prévoit 413 milliards d'euros pour les armées françaises de 2024 à 2030 et l'ouverture de 6.300 postes pour poursuivre, selon les mots du ministre des Armées Sébastien Lecornu, la "rénovation" et la "transformation" des armées françaises, dans un contexte de résurgence de tensions internationales en Europe et dans le monde.

Salué par tous les bords de l'hémicycle lors des explications de vote pour la tenue de discussions sereines et courtoises depuis le début de son examen, le texte a été largement adopté par les députés : 408 voix pour, 87 contre, 53 abstentions. Les groupes de la majorité (Renaissance, Démocrate, Horizons) ont voté en faveur du texte qui a également été voté par les députés Rassemblement national, Les Républicains et Liot. A gauche, les députés communistes et insoumis ont voté contre, tandis que les députés socialistes et écologistes se sont abstenus.

La majorité salue "de réelles avancées"

"Une loi ambitieuse et cohérente" pour Josy Poueyto (Démocrate), "de réelles avancées" pour Jean-Charles Larsonneur (Horizons) : à l'instar des deux autres groupes de la majorité, Mounir Belhamiti (Renaissance) a salué une LPM permettant de poursuivre les efforts entamés en faveur des armées françaises depuis 2017. Souhaitant "répondre à une interrogation de beaucoup de nos concitoyens", le député Renaissance a justifié les montants prévus pour les armées françaises jusqu'en 2030 comme un "prix à payer pour notre sécurité". 

Notre pays dépense chaque année 14 fois plus pour la protection sociale de nos concitoyens que pour la défense nationale. Mounir Belhamiti, député (Renaissance)

Soutien des députés RN, LR et LIOT

Entre soutien prudent et soutien critique, plusieurs groupes d'opposition ont voté en faveur de la loi de programmation militaire. Les relations tendues entre le groupe Liot et la majorité à propos de la réforme des retraites (voir notre dossier ici) n'ont pas empêché le soutien à la LPM des députés Libertés, indépendants, Outre-mer et Territoires, Christophe Naegelen saluant le "renforcement du pouvoir de contrôle" des parlementaires sur l'exécution budgétaire de la LPM - notamment à propos de la clause de revoyure de cette dernière prévue en 2027.

Très courtisé depuis les premiers débats par le ministre des Armées, le groupe Les Républicains a aussi voté la LPM. Pour les députés LR, cette loi "permet de préserver la sécurité de la France sans gagner en influence". Jean-Louis Thériot a estimé que son groupe "[avait] obtenu beaucoup", citant les précisions apportées par des amendements sur la traçabilité des 13 milliards de ressources extrabudgétaires, ou l'augmentation des moyens capacitaires militaires dans certains territoires ultramarins, notamment à Mayotte.

Après avoir déploré des "armées meurtries par des décennies de coupes budgétaires", Laurent Jacobelli a défendu au nom du Rassemblement national un vote "sans enthousiasme" en faveur de la LPM, en jugeant que cette loi comportait "de véritables morceaux de RN dedans". Le député RN a, en revanche, critiqué l'objectif "illusoire, naïf et dangereux" d'approfondissement des efforts en matière de défense européenne portés par la loi de programmation militaire.

La Nupes entre vote contre et abstention

Tout en soulignant des "avancées notables", le député communiste Fabien Roussel (Gauche démocrate et républicaine) a justifié la position défavorable de son groupe, notamment à travers la critique d'une "stratégie militaire toujours au service de l'OTAN et des Etats-Unis", d'un "modèle d'armée que nous ne partageons pas" et de la rénovation jugée disproportionnée de la dissuasion nucléaire.

Plus qu'à une guerre d'avance, cette loi de programmation militaire nous expose au risque d'avoir une paix de retard. FAbien roussel, député (Gauche démocrate et républicaine)

Les députés de La France insoumise ont également voté contre le projet du gouvernement. Le député LFI Aurélien Saintoul a notamment pointé des réflexions stratégiques et des dispositions insuffisantes dans la LPM pour penser l'après-pétrole et l'après-dissuasion nucléaire, deux évolutions qui constitueront à ses yeux le cadre stratégique dans lequel évolueront les armées françaises dans 20 ans.

Enfin, deux groupes parlementaires se sont abstenus : les députés socialistes et les députés écologistes. Si elle a salué la pérennisation de la dissuasion nucléaire et plusieurs dispositions en faveur des personnels de la Défense, Mélanie Thomin (Socialistes) a jugé "un effort [financier] réel bien en-deçà de la somme historique annoncée", ce dernier étant concentré après 2027. La présidente du groupe Ecologiste, Cyrielle Chatelain, a quant à elle dénoncé une "opportunité ratée" et regretté des "avancées bien trop timides" en matière de défense européenne, "seul chemin pour que l'Europe et la France conservent une voix dans le monde".

Au terme de sa large adoption en première lecture à l'Assemblée nationale, le texte va maintenant être examiné au Sénat, le gouvernement tablant sur une adoption définitive avant le 14 juillet.