Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national) a relativisé, ce mercredi 27 novembre, les conséquences économiques d'une éventuelle censure du gouvernement sur le budget, alors que la veille, le Premier ministre, Michel Barnier, a au contraire alerté sur les risques qu'un tel scénario ferait courir à la France. Le gouvernement "agite un éternel scénario de peur" en distillant des "mensonges d’Etat", a affirmé le député RN, mercredi 27 novembre, lors d'une conférence de presse.
Risque de "crise économique et financière", "affaiblissement durable du pays"... Depuis plusieurs jours, les ministres n'ont pas de mots assez forts pour alerter sur les conséquences particulièrement néfastes qu'aurait, selon eux, une censure du gouvernement sur le budget. "Il y aura une tempête probablement assez grave et des turbulences graves sur les marchés financiers", a prévenu sur TF1 le Premier d'entre eux, Michel Barnier, mardi 26 novembre.
Au lendemain de cette alerte lancé par le locataire de Matignon, Jean-Philippe Tanguy s'est agacé de ce qu'il estime être des "mensonges d’Etat", lors d'une conférence de presse organisée à l’Assemblée nationale. Le député du groupe Rassemblement national a accusé le gouvernement de créer les "conditions d'un chaos institutionnel", en agitant un "scénario de peur". Longuement, l'élu de la Somme a détaillé les outils prévus par la Constitution et la loi organique relative aux lois de finances qui permettraient d'éviter un risque "d'instabilité budgétaire" : projet de loi spéciale destinée à percevoir les recettes, décrets pour assurer les dépenses des principaux services publics... Autant d'éléments qui rendent "impossible" l'hypothèse d'un "shutdown à l'américaine", a-t-il détaillé.
La veille déjà, la présidente du groupe RN au Palais-Bourbon, Marine Le Pen, avait pris la plume pour contredire l'existence d'un tel risque. Il est impossible que les fonctionnaires ou les intérêts de notre dette ne soient plus payés, même en l'absence du vote du budget, a-t-elle en substance résumé dans les colonnes du Figaro.
Mercredi, Jean-Philippe Tanguy a accusé le gouvernement de se réfugier derrière une scénario de crise pour se défausser de ses responsabilités. "Il n'y a pas un mur de chaos créé par les oppositions, mais un mur de la dette, de l'endettement, du déficit", a-t-il jugé, fustigeant les "50 derniers budgets en déficit".
"On ne peut pas avoir des débats sereins avec des gens qui crient au loup sans cesse. [...] Prétendre qu'il n'y a qu'une seule voie technique et politique à suivre, ce n'est pas respecter la démocratie, c'est l'insulter", a dénoncé Jean-Philippe Tanguy déplorant, en outre, l'absence de considération que le gouvernement et les groupes politiques du "socle commun" de Michel Barnier auraient eu pour les propositions budgétaires du Rassemblement national.
En revanche, "prétendre que la censure serait déjà décidée, ce serait faux", a indiqué l'élu de la Somme. Selon lui, "tout est encore possible" pour l'éviter, à condition que le gouvernement décide de prendre en compte les "lignes rouges" du parti au cours des dernières négociations budgétaires. Et Jean-Philippe Tanguy d'affirmer : "La censure est quelque chose de grave. Nous ne l'avons jamais prise à la légère".