A la veille de l'examen des motions de censure déposées par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national, la séance des Questions au gouvernement a été l'occasion de plusieurs échanges sur la situation politique et la chute, vraisemblable, du gouvernement de Michel Barnier, mercredi 4 décembre. Répondant à une question du président du groupe Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne, le Premier ministre a mis en garde contre les risques qu'une censure en pleine période budgétaire ferait, selon lui, courir à la France et aux Français.
Une séance de Questions au gouvernement sous tension à la veille d'un débat de motions de censure décisif pour Michel Barnier et le pays. Alors que les députés se prononceront, mercredi 4 décembre, sur le sort du gouvernement, la situation politique et la perspective, plus que probable, d'une chute du Premier ministre et de son équipe, a largement occupé les QAG de ce mardi 3 décembre.
Signe de cette tension, alors qu'en prélude à sa réponse au président du groupe Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne, le Premier ministre a tenu à rendre hommage à la mémoire de l'ancien député-maire de Saint-Malo, René Couanau, décédé le week-end dernier, une députée de La France insoumise a lancé "On s'en fout", ce qui a provoqué l'intervention de la présidente de l'Assemblée nationale et des applaudissements sur la plupart des bancs de l'hémicycle en forme d'hommage à René Couanau et de réprobation aux mots de l'élue LFI.
Mais c'est bien la situation politique, ainsi que les raisons et les conséquences de la censure à laquelle le gouvernement semble condamné qui a été l'objet de plusieurs questions, venues des différents blocs, adressées à Michel Barnier et à ses ministres. Ainsi celle d'André Chassaigne : "Si demain nous entrons en terre inconnue, c'est de votre responsabilité (...) La situation est chaotique, c'est vrai, mais elle l'est de la responsabilité du camp présidentiel", a estimé le président du groupe Gauche démocrate et républicaine. En réponse, le locataire de Matignon a tenu à mettre en garde les députés du NFP et du RN, qui s'apprêtent à faire tomber son gouvernement : "Tout le monde sait que la situation est difficile, sur le plan budgétaire, financier, économique et social. [Mais] la censure rendra tout plus difficile et plus grave".
En butte aux critiques des élus du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national, Michel Barnier s'est également défendu d'avoir méprisé les groupes d'opposition au cours des débats et des négociations budgétaires, ou de ne pas avoir suffisamment pris en compte la recomposition politique issue des élections législatives qui ont suivi la dissolution de l'Assemblée. "Je ne peux pas accepter qu'on dise qu'il n'y a pas de respect de dialogue de la part du gouvernement. Nous avons depuis 3 mois exprimé le respect que nous devons, que je dois, que j'ai pratiqué à l'égard de tous les groupes de cette Assemblée quels qu'ils soient", a martelé le Premier ministre.
Le ministre chargé du Budget, Laurent Saint-Martin, a pour sa part redit que l'absence de budget aurait des conséquences délétères pour l'économie en général et pour les Français en particulier. "L'impôt sur le revenu pour nos concitoyens serait augmenté pour 18 millions d'entre eux", a-t-il indiqué, une affirmation battue en brèche par les élus d'opposition qui estiment que des solutions existent pour éviter un tel scénario.
"Certains, d'une extrémité à l'autre [de l'hémicycle], s'apprêtent à jouer le destin de la France et des Français à la roulette russe", s'est pour sa part inquiété le ministre de l'Intérieur. "Bien sûr que cela précipitera la France dans une situation intenable", a assuré Bruno Retailleau, qui répondait à une question d'Emilie Bonnivard (Droite Républicaine).
Lors d'une réponse particulièrement offensive, très saluée sur les bancs de la droite, le ministre de l'Intérieur s'est ensuite directement adressé à Marine Le Pen, lui demandant comment elle pouvait "accepter de mêler [s]es voix à l'extrême gauche, cette extrême gauche qui déposait il y a quelques jours un texte pour abroger le délit d'apologie du terrorisme". Et de conclure : "C'est lamentable !"
Bruno Retailleau, encore lui, a également répondu à une question de Gabriel Amard (La France insoumise) qui, au terme d'un exposé stigmatisant la politique économique du "socle commun", a appelé à l'organisation d'une élection présidentielle anticipée. Réplique du ministre : "Non seulement vous cherchez le chaos économique et social, mais vous voulez ajouter un chaos institutionnel. C'est inacceptable !"
Faisant valoir son respect des institutions de la Ve République, il a rappelé qu'Emmanuel Macron a été "élu démocratiquement", pour un mandat de cinq ans. Tout en rappelant que la place Beauvau était une "formidable organisation", qui a démontré sa capacité à organiser des législatives imprévues au printemps dernier. "Nous sommes prêts demain."