Aucune des propositions de loi inscrites à l'ordre du jour de la journée d'initiative parlementaire du Rassemblement national, qui a eu lieu jeudi 12 octobre, n'a été adoptée. Les débats ont été marquées par plusieurs passes d'armes et moments de tension dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Sans surprise, aucune des propositions de loi défendues par le Rassemblement national dans le cadre de sa journée d'initiative parlementaire n'a été adoptée, jeudi 12 octobre. Tour à tour fustigés, vidés de leur substance, retirés par leurs auteurs, les différents textes ont rejoint la longue liste des ébauches législatives écartées par l'Assemblée nationale, faute de capacité pour le groupe présidé par Marine Le Pen à rassembler une majorité pour voter ses propositions.
Soutien aux femmes souffrant d'endométriose, suppression des allocations familiales pour les parents d'enfants délinquants, régulation des prix de l'énergie, interdiction de l'écriture inclusive, création d'un complément de revenu pour les étudiants qui travaillent en parallèle de leurs études... Au total, cinq des sept textes inscrits à l'ordre du jour auront été abordés avant l'heure butoir de la fin de séance, à minuit, et se seront heurtés à l'hostilité des autres groupes politiques du Palais-Bourbon, à l'exception des Républicains qui ont soutenu certaines propositions de loi qui rejoignaient les leurs.
Les débats ont eu lieu dans une ambiance souvent électrique. "La journée a été extrêmement compliquée", a soupiré, peu après 22 heures, la présidente de séance Elodie Jacquier-Laforge (Démocrate), qui a dû gérer plusieurs algarades. Rappels au règlement, suspensions de séance, invectives, tensions, ont marqué les débats de cette "niche" parlementaire.
Des échanges particulièrement accrochés ont notamment eu lieu d'un côté à l'autre de l'hémicycle entre La France insoumise et Le Rassemblement national. "Vos amis à vous, Madame Panot, ils jettent les corps des femmes derrière les pick-up, ils crachent dessus après les avoir violées et les avoir démembrées", a notamment lancé Marine Le Pen à la présidente du groupe La France insoumise, alors que cette dernière avait accusé les députés RN d'être "les pires adversaires des droits des femmes", évoquant en particulier leurs "amis" en Hongrie et en Pologne, où le droit à l'avortement a été considérablement restreint au cours des dernières années.
Plus tard, estimant que La France insoumise n'était "plus légitime" après avoir "soutenu les terroristes du Hamas", Bryan Masson (Rassemblement national) s'est vu renvoyer à l'histoire de son parti : "Votre héritage, en 1945, c'est celui de vos fondateurs qui ont collaboré avec le régime nazi, responsable de la Shoah et de l'extermination de 6 millions de Juifs", lui a répondu François Piquemal (La France insoumise). "Et non, les chambres à gaz ne sont pas un détail de l'histoire", a-t-il ajouté, en référence aux déclarations de Jean-Marie Le Pen, alors président du Front national. Un phrase également rappelée au cours des débats par Raquel Garrido (LFI), ainsi que par la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du SNU, Prisca Thévenot, juste avant minuit : "Vous êtes le parti du détail."
Ces échanges, entre origines du Rassemblement national et actualité récente marquée par le refus de La France insoumise de qualifier le Hamas de groupe terroriste, se sont répétés à plusieurs reprises. Adrien Quatennens (LFI) a ainsi reproché au RN d'avoir été fondé par "d'anciens SS", Marine Le Pen lui opposant les "positions absolument abjectes" de son parti. Une critique émanant aussi des rangs de la majorité, Jérémie Patrier-Leitus (Horizons), renommant le parti de Jean-Luc Mélenchon "La France innommable".
Finalement, à minuit pile, Élodie Jacquier-Laforge a levé la séance depuis le "Perchoir". Juste après avoir adressé un ultime appel au calme aux députés présents dans l'hémicycle.