Venant présenter sa "feuille de route" aux députés de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, la ministre de la Transition écologique a également défendu, malgré des réduction de crédits, un "budget de combat" face à une "course contre la montre climatique".
Agir face à la "course contre la montre climatique". Alors que l'examen du projet de budget pour 2025 a commencé, ce mercredi 16 octobre, en commission des finances à l'Assemblée nationale, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, était invitée à présenter la "feuille de route" de son ministère devant les députés de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire.
"La situation politique et budgétaire n'a pas interrompu la course contre la montre climatique", a affirmé en introduction Agnès Pannier-Runacher, qui s'est félicité de la diminution "importante" des émissions de gaz à effet de serre en France en 2023 (-5,8%) ainsi que sur les douze derniers mois (-4,8%).
La ministre a également annoncé trois textes "[soumis] à la consultation publique dans les prochaines semaines" : le troisième plan national d'adaptation au changement climatique, la stratégie nationale bas-carbone et la programmation pluriannuelle de l'énergie.
Alors que la présidente de la commission, Sandrine Le Feur (Ensemble pour la République) a appelé dans une récente interview à Ouest-France à "ne pas transiger" en matière d'investissements pour la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher a défendu un "budget de combat", malgré des crédits budgétaires en baisse de près de 2 milliards d'euros : "Ce budget nous engage à être plus efficaces et plus sélectifs", a-t-elle considéré.
Baisse de la dotation au Fonds Vert (-400 millions d'euros), prisé par les collectivités locales ; baisse des aides en faveur de la rénovation énergétique (-1 milliard d'euros) et du budget d'intervention de l'Ademe (-500 millions d'euros) : les députés de la commission ont dénoncé à plusieurs voix les choix budgétaires du gouvernement, à l'exception des groupes de l'ex-majorité présidentielle (Ensemble pour la République et Les Démocrates), Sophie Pannonacle (EPR) pointant des "raisons légitimes de satisfaction".
Du côté du Rassemblement national, Matthieu Marchio a dénoncé une écologie "qui vise à culpabiliser et punir les Français". La députée Droite républicaine Christelle Petex a fait part de ses craintes face à la baisse des crédits, risquant de "ralentir les projets de transition", et au sujet de la hausse de la taxe sur l'électricité. Agnès Pannier-Runacher a répondu qu'elle ne "[pouvait] pas augmenter les dépenses et baisser les taxes" compte tenu de la "maquette budgétaire", qui dresse un "chemin de responsabilité".
Au sein du Nouveau Front populaire, les critiques ont été vives : "On connaît le désastre du macronisme budgétaire, on sait que le macronisme écologique ne vaut pas mieux", a ainsi déclaré Clémence Guetté (La France insoumise). Fabrice Roussel (Socialistes) a, quant à lui, estimé que "la transition énergétique n’est portée qu’en façade par [le] gouvernement, créant beaucoup de désillusions". Lisa Belluco (Ecologiste et Social) a dénoncé un ministère de la Transition écologique devenu "ministère de la renonciation environnementale", face à une "crise environnementale chaque jour plus grave".
Lors de cette audition, l'intervention de la députée écologiste, faisant allusion à des "liens familiaux avec le numéro deux du pétrole en France", a suscité une réponse entre ras-le-bol et émotion de la ministre, qui a dénoncé une "fake news".
A mi-chemin entre feuille de route et débat sur les crédits du ministère pour l'année prochaine, l'audition d'Agnès Pannier-Runacher a été un aperçu de ce que sera la discussion budgétaire concernant la transition écologique en commission, puis dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.