La commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, mercredi 17 novembre, une proposition de loi portée par Michel Zumkeller (UDI et Indépendants), "visant la création d’une plateforme de référencement et de prise en charge des malades chroniques de la covid-19". Le texte sera débattu dans l'Hémicycle vendredi 26 novembre.
Examinée en commission des Affaires sociales en amont de la journée d'initiative parlementaire réservée au groupe "UDI et Indépendants" qui aura lieu vendredi 26 novembre, la proposition de loi visant la création d’une plateforme de référencement et de prise en charge des "covid longs", a fait l'objet d'un soutien transpartisan. L'auteur et rapporteur du texte, Michel Zumkeller, s'en est félicité après avoir exposé la situation d'une part non négligeable de la population ayant été contaminée, soit 10% selon l'OMS, et qui se retrouve aujourd'hui bien souvent démunie.
Le député du Territoire de Belfort a évoqué "un vrai défi de santé publique, qui toucherait près d’un million de Françaises et de Français", avant d'ajouter : "leur souffrance est bien réelle, ce ne sont pas des malades imaginaires".
Nouvel élément versé au débat, sans pour autant le clore, une étude publiée le 8 novembre dernier dans le Journal of the American Medical Association, relayée par plusieurs médecins et scientifiques français, suggère que les symptômes associés aux covid persistants pourraient avoir une origine psychologique. Selon cette étude, les manifestations de symptômes durables seraient en partie de nature psychosomatique et non spécifiquement liées à une infection au Covid-19. Un constat qui a fait réagir de nombreux malades, qui souffrent aujourd'hui de symptômes parfois sévères, allant d'une perte d'odorat à des affections cardio-vasculaires, et parfois, de précarité liée à l'incapacité de travailler.
Michel Zumkeller est parti du constat selon lequel contrairement à la forme virale du covid, il n'existait à ce jour aucun décompte officiel des personnes faisant part de symptômes apparentés à un covid long. La plateforme spécifique qu'il propose "permet à tous les patients qui le souhaitent, de se faire référencer comme souffrant ou ayant souffert de symptômes post‑covid". Elle vise donc à répondre au besoin des malades d’être reconnus et entendus, mais aussi à faire avancer la recherche médicale.
Il s'agit également de limiter l'errance médicale des patients, qui bien souvent, ne savent vers quel professionnel de santé se tourner, et ce en raison de symptômes polymorphes. Michel Zumkeller souhaite s'inspirer de la Catalogne, qui a d'ores-et-déjà mis en place un guide clinique pour la prise en charge des personnes atteintes de ce syndrôme post-viral, et indique que le covid long pédiatrique "devra être traité spécifiquement".
"Cette proposition de loi est une étape supplémentaire, il en faudra probablement beaucoup d’autres", a déclaré le rapporteur, avant d'être rejoint dans ses propos par Julien Borowczyk (La République en marche), qui est revenu sur le vote en février dernier de la proposition de résolution "visant à reconnaître et prendre en charge les complications à long terme de la covid-19". Ce texte, à l'initiative de la majorité, invitait le gouvernement à se saisir du sujet, sans valeur contraignante pour autant.
Michèle de Vaucouleurs (MoDem) a fait part du soutien de son groupe à la proposition de loi, mais alerté sur la sécurisation de la plateforme, question non abordée dans le texte. Joël Aviragnet (Socialistes et apparentés) a plaidé pour une intégration dans le dossier médical partagé, dont le traitement des données est sécurisé, avant de faire valoir que "ce texte semble oublier que 76, 5% des Français sont selon l’INSEE éloignés du numérique". Des réserves à la marge, qui n'ont pas empêché les députés d'approuver la proposition de loi à l'unanimité, avant son examen dans l'Hémicycle vendredi 26 novembre.