Les députés ont adopté en séance, une proposition de résolution du groupe La République en marche "visant à reconnaître et prendre en charge les complications à long terme de la covid-19". S'il a suscité l'unanimité de tous les bancs, certains députés de l'opposition ont évoqué un texte pétri de "belles intentions" constituant "un très petit pas"
Fièvre et fatigue persistantes, perte durable du goût et de l’odorat, douleurs articulaires, affections cutanées, et, dans les cas les plus sévères, lésions et symptômes pulmonaires, cardiaques, voire neurologiques… Les complications liées à l’infection au SARS‑CoV‑2, virus encore inconnu il y a peu, peinent souvent à être diagnostiquées et prises en charge. C’est en tout cas le constat dressé par des députés membres de "La République en marche", qui ont déposé une proposition de résolution "visant à reconnaître et prendre en charge les complications à long terme de la covid-19".
À l'origine du texte, le député LaREM Julien Borowczyk, médecin généraliste, qui a notamment présidé la commission d'enquête sur l'impact et la gestion de la crise liée au coronavirus, et sa collègue Patricia Mirallès, souffrant elle-même de "Covid long". "J’ai moi-même vécu ces tourments", a-t-elle ainsi déclaré avec émotion à la tribune. "J’ai vécu ce silence étouffant des chambres d’hôpital cloisonnées pour les malades de la Covid. J’ai vécu ces heures et ces jours interminables où l’on se demande si le soleil se lèvera encore. J’ai vécu ces moments où le souvenir de vos proches semble s’éloigner sans qu’on ait pu leur dire ‘au revoir’ ou ‘je t’aime’. Comme beaucoup heureusement, j’en suis sortie vivante. Vivante mais pas indemne. De mes nuits et de mon corps encore brisé jaillit pourtant cette volonté. Celle de voir ces souffrances qu’endurent tant et tant de nos concitoyens enfin reconnues".
La proposition de résolution souhaite notamment faciliter la reconnaissance en tant que maladie professionnelle des affections causées par les formes graves de la maladie, quand celle-ci a été contractée dans le cadre du travail. La députée de l'Hérault a décrit "des souffrances silencieuses, des douleurs qui se taisent, (...) qui rongent les corps et les âmes", et peinent souvent à être prises au sérieux, malgré la contrainte qu'elles peuvent faire peser sur la vie quotidienne.
Si l'ensemble des députés se sont accordés sur l'urgence d'envoyer un signal de reconnaissance envers toutes les personnes concernées, Régis Juanico a rappelé la raison d'être d'une proposition de résolution. "L’Assemblée émet un avis sur une question déterminée, invitant le gouvernement à agir, il ne s’agit en rien d’un outil contraignant". Et pour cause, puisque le député de la Loire présentera jeudi 18 février, dans le cadre de la journée d'initiative parlementaire réservée au groupe "Socialistes et apparentés", une proposition de loi "portant création d’un fonds d’indemnisation des victimes de la covid-19".
Si Caroline Fiat (La France insoumise) a, elle aussi, salué l'intention de reconnaître des maux "invisibilisés et ignorés des pouvoirs publics", elle a évoqué "un premier pas, un très petit pas", avant de conclure : "Evidemment nous voterons pour ce tout petit pas, mais nous sommes vraiment pressés de voter pour le grand pas proposé demain, dans la niche PS".
Sylvia Pinel (Libertés et Territoires) a quant à elle averti la majorité : "Nous ne souhaitons pas que l’adoption de cette résolution soit un prétexte pour évacuer le débat que nous aurons demain", avant que Pierre Dharréville (Gauche démocrate et républicaine) n'évoque un texte pétri de "belles intentions", consistant en "une pétition de principe et une politique de bonne conscience". Christian Hutin (Socialistes et apparentés) a parlé d'"eau tiède", allant jusqu'à questionner l'opportunité de la résolution arrivée "à brûle-pourpoint" dans l'hémicycle, soit à la veille de l'examen de la proposition de loi que lui-même porte aux côtés de Régis Juanico.
Du côté de la droite, Nicolas Dupont-Aignan (non inscrit) a considéré que la seule "reconnaissance professionnelle" ne s'avérait pas suffisante. "Au-delà des clivages politiques, je préfèrerais de loin la proposition de Messieurs Hutin et Juanico, sur un fonds d'indemnisation, car la vraie question est là", a ajouté le parlementaire de l'Essonne.
Au-delà du consensus qui a eu lieu lors du vote de la proposition de résolution dans l'hémicycle (120 votes pour, 0 contre), plusieurs groupes ont donc souhaité que les actes rejoignent la parole à l'occasion de la journée d'initiative parlementaire du groupe "Socialistes et apparentés".