L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a auditionné, jeudi 8 avril, des acteurs du monde associatif et médical pour évoquer le "Covid long", dont les manifestations sont de mieux en mieux appréhendées. Les patients continuent pourtant de déplorer un défaut de prise en charge, lié à la non-reconnaissance de leur état au titre des affections de longue durée.
Bien que désormais reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé et la Haute autorité de Santé, les patients souffrant de "Covid long" se trouvent encore trop souvent démunis. Si des approches thérapeutiques sont d’ores-et-déjà mises en place, au travers notamment de la rééducation pour soigner les troubles du goût et de l’odorat, ou certains symptômes respiratoires, il n’existe à ce jour ni traitement antiviral, ni véritable reconnaissance sociale de cette maladie.
Pauline Oustric, présidente de l’association de patients "Après J-20", qui vise à favoriser "la reconnaissance, les soins, la recherche et la communication sur le Covid long", a décrit les symptômes de cette pathologie nouvelle, qui ont la caractéristique d’être "prolongés et fluctuants", mais aussi "multisystémiques", en ce qu’ils touchent à diverses fonctions de l’organisme.
Fatigue chronique, brouillard mental, céphalées, pertes de mémoire, troubles cardio-thoraciques ou neurologiques, tachycardie, malaises post-effort sont autant de symptômes qui peuvent parfois se cumuler chez le même sujet.
Médecin-infectiologue à l’hôpital de Tourcoing, Olivier Robineau a rappelé que les symptômes décrits devaient persister au moins quatre semaines pour être considérés comme relevant d’un Covid long, selon la définition établie par la Haute Autorité de Santé. Il note par ailleurs que bien souvent, plus il y a de symptômes et plus ils sont intenses durant la phase primaire de la maladie, plus il y a de risques qu’ils persistent.
Il y aurait déjà plusieurs millions de cas dans le monde selon l’OMS, et entre 10% à 30% des patients qui se sont vus attribuer un test positif au Covid en développeraient une forme longue. Pourtant, de nombreux patients témoignent d’un phénomène de stigmatisation et de psychiatrisation à leur encontre. Certains ne seraient pas pris au sérieux et taxés notamment de somatiser leurs symptômes.
Or, si des troubles anxieux, voire dépressifs, peuvent être associés à un Covid long, ils en découlent bien plus souvent qu’ils n’en sont la cause. Les médecins décrivent ainsi une fatigue mentale, des insomnies, des troubles anxieux et un stress post-traumatique liés au fardeau de la maladie, et pire, au sentiment trop fréquent de sa non-reconnaissance. Le Covid long n’est en effet toujours pas considéré comme une affection de longue durée, et sa reconnaissance en tant que maladie professionnelle est pour l’instant limitée aux soignants qui ont dû être placés sous oxygénothérapie. Entre autres conséquences, certains patients, qui ont perdu leur emploi en raison de symptômes handicapants, se retrouvent à ce jour démunis.
Si les symptômes du Covid long sont de mieux en mieux connus, les causes qui le favorisent restent assez obscures. L’infectiologue Dominique Salmon-Ceron s’est pourtant livrée à quelques hypothèses. Elle évoque ainsi une réponse immunitaire persistante, des facteurs génétiques, une survivance du virus ou de l’inflammation, mais aussi quelques troubles psychosomatiques. Elle précise que dans de nombreux cas, la forme longue du Covid est générée par la combinaison d’une partie ou de l’ensemble de ces facteurs.
"La réalité de ce Covid long ne peut plus être mise en doute, après ce que l’on a entendu", a considéré le président de l’OPECST Cédric Villani. "On n’est pas sur quelque chose qui relève de l’invention ou de l’imagination".
Dans l’attente d’un traitement, les patients peuvent espérer une prise en charge ciblée de leurs symptômes et pour les plus chanceux un accompagnement psychologique. Si le syndrome du Covid long est fluctuant et se prolonge dans le temps, les spécialistes sont à ce jour confiants sur sa réversibilité totale.