Tout juste revenue d'Erevan, la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a réaffirmé, mercredi 4 octobre, le soutien de la France à l'Arménie lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Elle a dénoncé les "crimes graves" commis au Haut-Karabakh. Catherine Colonna est, par ailleurs, revenue sur la situation au Sahel.
"Une violation flagrante des droits des populations arméniennes du Haut-Karabakh de vivre dans le respect de leur histoire, de leur identité." Auditionnée par la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, mercredi 4 octobre, la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a dénoncé les "crimes graves" commis sur ce territoire par l'Azerbaïdjan, qui y a mené une offensive éclair fin septembre.
À la suite de cet assault, quelque 100 000 personnes ont fui le Haut-Karabakh pour rejoindre l'Arménie, "avec la complicité de la Russie" et "sous le regard de la Turquie", a pointé Catherine Colonna. Ces populations ont le "droit de retourner sur leurs terres" si telle est leur volonté, a-t-elle affirmé, indiquant que le sujet était notamment porté auprès du Conseil de sécurité de l'ONU.
La ministre, qui revenait tout juste d'un déplacement à Erevan, a confirmé devant les élus un accord sur la livraison par la France de matériel militaire "défensif" à l'Arménie, sans davantage de précisions du fait du "secret défense". "Nous serons très vigilants quant à toute tentative de menacer l'intégrité territoriale de l'Arménie", a-t-elle prévenu, indiquant que tout mouvement allant dans ce sens provoquerait des "réactions robustes". Elle a d'ailleurs précisé avoir demandé à l'Union européenne d'intégrer Erevan à la liste de la Facilité européenne pour la paix (FEP), qui finance des actions de portée militaire ou de défense.
Afin de dissuader toute action offensive azerbaïdjanaise, Catherine Colonna a annoncé la nomination d'une "consule honoraire" dans la région de Syunik, province sud-orientale de l'Arménie que convoiterait Bakou. Une collaboration économique doit également y voir le jour, notamment concernant le développement d'infrastructures.
Catherine Colonna a, en outre, réaffirmé que la France était le pays qui "a le plus fait" pour l'Arménie, portant son action vers l'ONU, l'Union européenne, ainsi que vers son partenaire américain. "Nous avons été trop seuls", a-t-elle commenté, déplorant en substance que d'autres pays ne suivent pas suffisamment Paris sur ce dossier.
La ministre des Affaires étrangères est également revenue sur la situation au Sahel et sur les putschs qui se sont multipliés dans cette zone de l'Afrique. "La situation sécuritaire au Sahel n'a jamais été aussi mauvaise", a-t-elle indiqué, jugeant que le basculement des régimes ont été "catastrophiques" pour les populations du Mali et du Burkina Faso, notamment.
Catherine Colonna s'est plus spécifiquement attardée sur la situation du Niger, dernier pays de la bande sahélienne en date à avoir connu un coup d'Etat, fin juillet. Elle a notamment jugé "inacceptable" la situation du président Mohamed Bazoum, toujours "retenu en otage" dans des conditions indignes. Et elle a confirmé la prochaine entrée en vigueur d'un nouveau cadre européen de sanctions des membres de la junte nigérienne, qui doit être effectif d'ici à la fin du mois.
La ministre a justifié le retrait progressif des forces armées du pays, alors que quelque 1 500 militaires français y étaient établis : "Il n'est pas question de coopérer militairement avec des pustchistes", a-t-elle indiqué. Avant d'affirmer que cette décision, comme celle de rapatrier l'ambassadeur français, ne signifiait "en rien un changement de positionnement de fond". "Nous continuons à demander la libération du président Bazoum, nous continuons de soutenir les efforts de la Cédéao [Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest] pour que l'ordre constitutionnel revienne au Niger."
Catherine Colonna a enfin insisté sur le rôle de "soutien" que la France joue dans la zone, en laissant le premier rôle aux acteurs locaux. Une manière de ne pas nourrir un sentiment anti-français largement encouragé par certains régimes. "C'est la Cédéao qui est à la manœuvre, la France est à l'écoute", a-t-elle résumé. "Les pays de la région ne veulent pas que ce putsch réussisse."