La commission spéciale de l'Assemblée nationale qui travaille sur le projet de loi relatif à "l’accompagnement des malades et de la fin de vie" a auditionné, ce jeudi 25 avril, des associations aux avis diamétralement opposés sur l'instauration d'une aide à mourir. Alors qu'Alliance Vita et la Fondation Jérôme Lejeune ont dénoncé un "permis de tuer", l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et Le Choix ont plaidé pour le respect de la liberté des malades en fin de vie.
Une loi qui remettrait en cause "l'interdit de tuer". C'est ainsi que les représentants des associations opposées à l'instauration d'une aide à mourir - Alliance Vita et la Fondation Jérôme Lejeune - ont caractérisé le projet de loi relatif à "l’accompagnement des malades et de la fin de vie". Un argument battu en brèche par les associations favorables à cette aide à mourir - l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et Le Choix - également auditionnées, ce jeudi 25 avril, à l'occasion d'une table ronde organisée dans le cadre de la commission spéciale chargée d'examiner le texte, avant les débats qui auront lieu dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à partir du 27 mai.
"Je n'ai jamais tué un malade, j'ai accompagné des malades jusqu'à la fin, et j'ai essayé de répondre au mieux à leurs demandes", a argué le co-président de l'association Le Choix, Denis Labayle. Evoquant des patients "en situation terminale, ou proche terminale", le médecin hospitalier a dit la nécessité de les placer "au centre de [la] décision", relevant selon lui de l'expression de leur "dernière liberté".
"Je n'arrive pas à comprendre comment le fait de permettre l'injection d'un produit létal est différent du fait de tuer", a pour sa part estimé Véronique Bourgninaud, chargée de plaidoyer 'Dignité, Handicaps et Pathologies' pour la Fondation Jérôme Lejeune. "Administrer la mort ne sera jamais un soin", a-t-elle aussi considéré, le porte-parole d'Alliance Vita, Tugdual Derville, estimant quant à lui que le projet de loi risquait de "ruiner" la prévention du suicide.
"Ce texte ne sera absolument pas un permis de tuer", a martelé Didier Martin (Renaissance) en réaction à ces propos. "Médecin, j'ai l'impression que je vais me transformer en James Bond 007 avec permis de tuer. S'il vous plaît, relisez le texte" a, pour sa part, imploré Jean-Pierre Pont (Renaissance). "Je vous invite à regarder les synonymes du verbe 'tuer' : 'abattre', 'achever', assassiner', 'éliminer', 'exécuter', 'massacrer', 'supprimer'. Aucun de ces termes ne correspond évidemment à ce projet de loi", a enfin souligné Christine Pires Beaune (Socialistes).
Sur le choix des mots toujours, les opposants aux texte ont regretté "l'euphémisation" de l'expression "aide à mourir", le président de la Fondation Jérôme Lejeune notamment, Jean-Marie Le Mené, faisant référence à l'absence des termes "euthanasie" et "suicide assisté" au sein du projet de loi. "Nous approuvons la recherche d'une terminologie qui ne heurte pas" a, au contraire, indiqué Denis Labayle (Le Choix). "De même que l'avortement ne figure pas dans la loi sur l'interruption volontaire de grossesse, nous sommes d'accord pour que le mot euthanasie - mot malheureusement dévoyé -, ne figure pas [dans le projet de loi sur la fin de vie]", a aussi expliqué le médecin.
L'avortement a par ailleurs été brandi par les deux associations opposées à l'aide à mourir, également connues pour leurs positions anti-IVG. Jean-Marie Le Méné (Fondation Jérôme Lejeune) a ainsi dénoncé une "vision prométhéenne aux deux extrémités de la vie", mettant en regard les slogans "Mon corps m'appartient" et "Ma mort m'appartient".
Aux antipodes de cette position et avec l'intention exactement inverse - visant à souligner la nécessité de la réforme qui entame son parcours législatif - le président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, Jonathan Denis, a évoqué l'"euthanasie clandestine" de son père, et l'inégalité liée à des raisons financières et sociales, entre les personnes "qui peuvent payer pour partir en Suisse, puisque le coût d'un suicide assisté est entre 8 et 12 000 euros", et celles qui n'y ont pas accès. Une situation analogue à celle des femmes qui pour avorter, avant le vote de la loi Veil, devaient le faire clandestinement ou en se rendant à l'étranger.