Inra : "Pas de solution miracle sur le glyphosate, mais des solutions sont possibles..."

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par Maxence Kagni, le Mercredi 22 novembre 2017 à 13:58, mis à jour le Jeudi 27 février 2020 à 17:18

Les agriculteurs pourraient baisser de 30% l'utilisation de produits phytopharmaceutiques tout en conservant le même rendement, assure Philippe Mauguin, auditionné mercredi par les députés. Au-delà du cas du glyphosate, le patron de Institut national de la recherche agronomique prône une réflexion globale sur l'agriculture moderne. Morceaux choisis.

L'Inra ne recherche pas une nouvelle molécule pour remplacer celle du glyphosate. Mardi, devant les députés, le PDG de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) Philippe Mauguin a tenu à affirmer qu'il n'y avait pas de "solution miracle" pour réduire la "dépendance" des agriculteurs vis-à-vis des pesticides. Toutefois, a-t-il aussitôt ajouté, "des solutions sont possibles".

"Repenser plus globalement les systèmes de culture"

Auditionné par les membres de la mission d'information sur les produits phytopharmaceutiques, Philippe Mauguin a évoqué dans un premier temps la nécessité de développer en la matière des "bonnes pratiques" : une "agriculture de précision" qui "cible juste la bonne dose" de produits chimiques et évite "d'en balancer dans l'air".

Le PDG de l'Inra estime ainsi qu'il faut "repenser plus globalement les systèmes de culture" : "Comment j'enchaîne ou pas blé, colza, orge ? Quelle association de culture va avoir un effet positif sur la réduction des phytosanitaires ?", a explicité Philippe Mauguin, qui a également défendu le biocontrôle et la sélection génétique.

"On peut réduire l’utilisation de ces produits sans affecter la productivité"

Philippe Mauguin en a profité aussi pour présenter une étude porteuse d'espoirs menée auprès de 1.000 agriculteurs volontaires :

On peut réduire de 30% les produits phytosanitaires sans affecter la productivité, en maintenant le même niveau de rendement dans 94% des cas et sans dégrader la rentabilité dans 78% des cas.Philippe Mauguin

"C'est vraiment un résultat encourageant", explique le PDG de l'Inra, qui veut aller "un cran plus loin" et "partager" cette expérience avec "le plus grand nombre".

"Une forte attente des consommateurs"

Philippe Mauguin assure par ailleurs qu'il faut accompagner les agriculteurs face à la "prise de risque" que peut constituer une utilisation moindre des produits phytopharmaceutiques. Le PDG de l'Inra prône notamment la mise en place d'un système assurantiel et une réforme de la politique agricole commune.

Cette nouvelle agriculture, si elle était suffisamment "valorisée", pourrait trouver des débouchés puisque selon le PDG de l'Inra, "il y a une forte attente des consommateurs". Mais Philippe Mauguin met en garde contre une hausse trop brutale des prix :

Tout le monde n'a pas les moyens de payer beaucoup plus cher.Philippe Mauguin

>> Retrouvez notre dossier complet sur la mission d'information sur les produits phytopharmaceutiques