Yaël Braun-Pivet a été élue par les députés à la tête de l'Assemblée nationale à l'issue d'un deuxième tour dans l'hémicycle. Cinq candidats étaient en lice.
Voici les résultats du deuxième tour sur 462 voix exprimées (majorité à 232 voix) :
Au deuxième tour, une majorité des suffrages exprimés était nécessaire pour l'élection. Avec 242 bulletins en sa faveur, la candidate Renaissance a donc été élue présidente de l'Assemblée nationale. C'est la première femme à accéder au poste de quatrième personnage de l'État.
Pour son premier discours au perchoir, Yaël Braun-Pivet a cité la Constitution et a formé le vœu de "sortir des querelles stériles pour avancer au service des Français" :
.@YaelBRAUNPIVET prend place au perchoir, et entame son premier discours en tant que présidente : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. En me portant à votre présidence, vous donnez aujourd'hui à ce message une portée nouvelle". https://t.co/5dlA99k5Pn pic.twitter.com/mfbXtCOCYE
— LCP (@LCP) June 28, 2022
Au micro de LCP, Sandrine Rousseau (EELV) estime que les revendications du groupe écologiste n'ont pas été entendues au sein de la Nupes :
"Il y a eu des tensions" au sein de la #Nupes, "notamment sur la répartition des postes", déclare @sandrousseau.
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"Les écologistes n'ont pas forcément été respectés à la hauteur de ce qu'ils sont."
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Sans candidat ni au perchoir ni à la présidence de la commission des finances, les écologistes pourront tenter de faire élire certains de leurs représentants dès mercredi aux postes-clés de l'Assemblée nationale. Mais la répartition des fonctions stratégiques (vice-présidences, questure, secrétariat) se fait en fonction du poids de chacun des groupes politiques. Avec 22 députés pressentis, les écologistes ne pourront pas prétendre à beaucoup plus qu'un poste de secrétaire au sein du bureau de l'Assemblée nationale, lequel gère la vie interne de l'institution.
"Je n'ai pas la capacité d'être élu président de l'institution", a expliqué Sébastien Chenu, candidat pour le RN au perchoir et qui a retiré sa candidature à l'issue du premier tour. Selon lui, les 89 élus de son groupe vont s'abstenir pour le deuxième tour, ce qui devrait baisser automatiquement le seuil de la majorité absolue et pourrait permettre l'élection de Yaël Braun-Pivet (Renaissance) sans attendre un troisième tour, où le premier candidat arrivé en tête l'emporte.
.@MarcoPaumier a échangé avec des députés RN à propos du retrait de @sebchenu : "L'idée c'est de montrer que les députés du @RNational_off peuvent être dans la discussion avec la majorité. C'est aussi un message envoyé pour la présidence de la commission des finances". #DirectAN pic.twitter.com/dcgwQlvS33
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Voici les résultats du premier tour sur 562 voix exprimées :
Aucun candidat n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés (277 voix), un deuxième tour est organisé. Sébastien Chenu (RN) a fait savoir qu'il retirait sa candidature. Il reste donc quatre candidates en lice. Le rituel du vote à bulletin secret dans l'urne à la tribune reprend.
Pendant que les députés glissent leur bulletin dans l'urne, sous le regard de Tematai Le Gayic (Nupes), 21 ans et benjamin de l'Assemblée nationale, LCP a demandé à des élus de différentes sensibilités ce qu'ils pensent de Yaël Braun-Pivet, favorite pour le perchoir.
"Elle a été une présidente de la commission des lois extrêmement respectée pour son travail, sa capacité à rassembler, juge son collègue Pierre-Alexandre Anglade (Renaissance). Et puis c'est un symbole, puisqu'elle pourrait être la première femme à présider l'Assemblée." Plus à gauche dans l'hémicycle, Guillaume Garot (Nupes/PS) espère que la candidate, s'il elle est élue, "fera en sorte que la démocratie parlementaire existe". Ce dont doute Clémence Guetté (LFI) : "Elle est celle qui a arrêté la commission d'enquête sur l'affaire Benalla lorsqu'elle était présidente de la commission des lois, rappelle-t-elle. C'est une digne représentante de la Macronie en action ; elle n'a jamais vraiment respecté les oppositions."
L'évocation de l'Algérie française par José Gonzalez (RN) a suscité un malaise du côté gauche de l'hémicycle. Né à Oran, le député RN a évoqué sa terre natale à laquelle il a été "arraché" en 1962, à l'indépendance : "J'ai laissé là-bas une partie de ma France." Olivier Faure (PS) a critiqué un moment "assez gênant", tout comme nombre de ses collègues de la Nupes sur Twitter. Sandrine Rousseau s'est dit "très choquée" devant ce "projet de République nostalgique de la colonisation".
"C'est un message qu'il a envoyé à tous les pieds-noirs, aux déracinés. Ce n'est pas de la nostalgie, a défendu Laurent Jacobelli (RN). Toute la salle a applaudi [son discours]."
José Gonzalez, député Rassemblement national de 79 ans, est le doyen d'âge du nouvel hémicycle. Comme le veut le règlement, il préside la première séance, assisté des six plus jeunes élus. Pour son discours inaugural, il a félicité l'ensemble de ses collègues et a dit son émotion. Il a aussi rappelé ses origines pieds-noirs, partageant sa nostalgie pour l'Algérie française :
.@Jose_GonzalezFN exprime son émotion face à un hémicycle plein : "Ce symbole d'unité touche l'enfant d'une France d'ailleurs, que je suis (...) j'ai laissé là bas une partie de ma France et beaucoup d'amis", évoquant sa vie en Algérie.#DirectAN >> https://t.co/5dlA99k5Pn pic.twitter.com/eLKBd8OvYo
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Pour la première séance de la législature, les députés sont répartis par ordre alphabétique dans l'hémicycle, en attendant la formation des groupes politiques dès demain. Ils siégeront alors de gauche à droite, en fonction de leur positionnement sur l'échiquier politique.
La carte d'identité des candidats
Yaël Braun-Pivet, Renaissance, 51 ans. Elle a quitté le gouvernement et son portefeuille des Outre-mer pour tenter de devenir la première femme à la tête de l'Assemblée nationale. Largement réélue députée dans les Yvelines, la députée part favorite pour prendre les rênes d'une institution dont elle connaît bien les rouages, pour avoir été pendant cinq ans présidente de la prestigieuse et laborieuse commission des lois. A la fin de son mandat précédent, elle avait publié un manifeste pour un Parlement davantage maître de son temps, afin de rééquilibrer les pouvoirs au détriment de l'exécutif. En 2018, elle avait déjà montré son intérêt pour le perchoir, avant de retirer sa candidature face à Richard Ferrand, soutenu par le sommet de l'État.
Annie Genevard, Les Républicains, 65 ans. Le perchoir, l'élue du Doubs le connaît bien puisqu'elle l'a déjà pratiqué comme vice-présidente de l'Assemblée nationale entre 2017 et 2022. Elle explique vouloir mettre son "expérience" et sa "tempérance" au service de l'institution. Elle affiche un mandat de plus que ses adversaires au compteur, puisqu'elle a été élue pour la première fois au Palais Bourbon en 2012.
Sébastien Chenu, Rassemblement national, 49 ans. Ancien cadre de l'UMP (LR aujourd'hui), Sébastien Chenu rejoint Marine Le Pen en 2016. Député depuis 2017 dans le Nord, il est aussi le porte-parole du Rassemblement national. S'il échoue à prendre le perchoir, il devrait avoir toutes les chances de se faire élire vice-président, puisque son groupe politique, fort de 90 membres, peut prétendre occuper au moins une des six places disponibles.
Fatiha Keloua-Hachi, Parti socialiste, 51 ans. Primo-députée, Fatiha Keloua-Hachi a été élue avec le soutien de la Nupes dans la 8e circonscription de Seine-Saint-Denis, où elle exerce le métier de professeure de lettres.
Nathalie Bassire, LIOT, 54 ans. Députée de la Réunion depuis 2017, Nathalie Bassire est la candidate du nouveau groupe politique Libertés Indépendance Outre-mer et Territoires (LIOT), une formation où siègent des élus indépendants, ultramarins, UDI et corses.