Dix-neufs textes adoptés : c'est le bilan de la session parlementaire extraordinaire, rythmée par des débats autour des armées, de la justice, de l'industrie et des émeutes urbaines à la suite de la mort du jeune Nahel. Après la pause estivale, les travaux parlementaires reprendront progressivement fin septembre.
A plein régime. Après une première année de seizième législature inédite, caractérisée par une absence de majorité absolue et une atmosphère houleuse au Palais-Bourbon, les députés ont continué de siéger au mois de juillet, au-delà de la session parlementaire ordinaire, à la suite d'un décret pris par le président de la République le 19 juin dernier.
Dans une session parlementaire extraordinaire marquée par les émeutes urbaines à la suite de la mort du jeune Nahel lors d'un contrôle de police, l'Assemblée nationale a procédé à l'examen et l'adoption d'une quinzaine de textes législatifs. Si certains ont été particulièrement mis en lumière, d'autres textes ont été examinés, adoptés ou rejetés d'une manière plus discrète. LCP vous propose un panorama récapitulatif.
Examiné depuis le mois d'avril à l'Assemblée nationale, la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) a été définitivement adoptée par le Parlement le jeudi 12 juillet 2023. Au terme d'une adoption en première lecture par les deux chambres, le texte a nécessité la tenue d'une commission mixte paritaire pour harmoniser le texte, prévoyant 413 milliards d'euros pour les armées françaises entre 2024 et 2030.
Lors du vote solennel, le texte a été soutenu par les groupes de la majorité (Renaissance, Démocrate, Horizons), le Rassemblement national (RN), les députés LR, les députés socialistes et le groupe LIOT. Les députés "Insoumis" et communistes ont voté contre, les écologistes se sont abstenus.
Ce vendredi 28 juillet, à la suite d'une saisine par les députés du groupe "La France insoumise", le Conseil constitutionnel a censuré partiellement le texte : onze articles de la LPM ont été censurés (voir la décision ici).
>> Retrouvez notre dossier complet sur la LPM 2024-2030 ici.
C'est un texte qui a été ajouté à l'agenda de la session parlementaire extraordinaire par un décret en date du 10 juillet. Face aux nombreuses dégradations de bâtiments publics et de commerces lors des émeutes urbaines ayant émaillé plusieurs villes en France à la suite de la mort de Nahel, le gouvernement a défendu un projet de loi "relatif à l’accélération de la reconstruction et de la réfection des bâtiments dégradés ou détruits au cours des violences urbaines survenues du 27 juin au 5 juillet 2023".
Soutenu par l'ensemble des groupes parlementaires à l'exception du Rassemblement national, qui a voté contre, et des députés LFI, qui se sont abstenus, le texte, adopté définitivement grâce à un vote conforme de l'Assemblée et du Sénat, habilite le gouvernement à prendre des dispositions par ordonnances afin de permettre une reconstruction rapide des bâtiments, en permettant notamment des dérogations en matière d'urbanisme et de marchés publics.
>> Retrouvez nos articles sur le texte ici.
"Faciliter, favoriser et financer" le développement d'une industrie décarbonée en France, alors que celle-ci représente le troisième secteur d'activité le plus polluant en France : tel est l'objectif du projet de loi, par lequel le gouvernement espère une réduction des émissions de gaz à effet de serre et une souveraineté industrielle renforcée.
Si le texte a été désigné comme un "tournant" par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et soutenu par les députés RN et LR, les écologistes ont cependant dénoncé un "rendez-vous raté" lors du vote du texte en première lecture. LFI a voté contre, tandis que les communistes, les socialistes et les députés LIOT se sont abstenus. Une commission mixte paritaire est prévue à la rentrée pour parvenir à un texte harmonisé entre les deux Chambres.
>> Retrouvez nos articles sur le texte dans notre dossier "Enjeux de l'écologie et du climat".
Une loi d'orientation et de programmation, une loi organique : avec deux textes adoptés concomitamment lors de la session extraordinaire, plusieurs évolutions structurelles attendent prochainement la Justice française. Le premier texte prévoit notamment une hausse significative du budget de l'institution entre 2023 et 2027, la création de 10.000 postes supplémentaires sur la période, 3.000 places de prison supplémentaires.
Des mesures nécessaires selon le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, pour qui les deux textes permettront de "mettre fin à la clochardisation de la Justice, abandonnée depuis plus de 30 ans". Ils ont été largement adoptés par l'Assemblée nationale en première lecture. Comme pour le projet de loi "Industrie verte", une commission mixte paritaire est attendue à la rentrée pour parvenir à un texte harmonisé.
>> Retrouvez nos articles sur ces deux textes et notre dossier "La Justice au fil des réformes" ici.
Au-delà de ces quatre projets de loi ayant rythmé la session parlementaire extraordinaire, plusieurs autres textes ont été adoptés par l'Assemblée nationale. S'agissant des projets de loi :
Au-delà des projets de loi, plusieurs propositions de loi inscrites à la session parlementaire extraordinaire ont également été adoptées :
S'ils étaient mentionnés dans le décret présidentiel du 19 juin, plusieurs textes législatifs n'ont cependant pas été examinés lors de la session parlementaire extraordinaire. C'est notamment le cas de deux projets de loi, celui sur le "plein emploi" porté par le ministre du Travail Olivier Dussopt et celui "visant à sécuriser et réguler l'espace numérique", porté par Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé des Télécommunications.
D'autres propositions de loi ont vu leur examen être également reportés : c'est le cas de la proposition de loi relative au "bien vieillir", porté par les groupes de la majorité (Renaissance, Démocrate, Horizons) a été retiré de l'ordre du jour de la conférence des présidents, sans nouvelle date annoncée. La proposition de loi "visant à revaloriser le métier de secrétaire en mairie" n'a pas été examinée non plus.
Au total, dix-neufs textes ont été adoptés durant la session extraordinaire : quinze projets de loi et quatre propositions de loi.
Après la pause estivale, l'actualité parlementaire reprendra progressivement à travers les rentrées des groupes parlementaires au mois de septembre. Les travaux parlementaires reprendront quant à eux à partir du lundi 25 septembre, selon une information du Figaro. L'Assemblée entamera alors le marathon budgétaire annuel.