Invitée de l'émission Lundi c'est politique, ce lundi 31 mars sur LCP, la ministre chargée des Comptes publics a notamment réagi aux commentaires du Kremlin à la suite de la condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate. Amélie de Montachalin a dénoncé une "pression" et une "instrumentalisation" qu'elle a qualifiées de "très préoccupantes" de la part de la Russie "dans un moment très particulier pour notre continent européen".
Si la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a fait part de sa volonté de respecter le principe selon lequel un membre du gouvernement n'a pas à commenter une décision de justice, elle a en revanche réagi à "l'instrumentalisation de la Russie", faisant notamment référence au commentaire du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Ce lundi 31 mars, celui-ci a en effet vu dans la condamnation de Marine Le Pen à quatre ans de prison, dont deux ferme, et à cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate, comme participant d'un contexte de "violation des normes démocratiques" de la part "de plus en plus de capitales européennes".
Quand la Russie, par son porte-parole officiel du Kremlin, fait la déclaration avant même que le juge français ait terminé son propos, je pense que c'est très préoccupant. Amélie de Montchalin
Relevant que "dans les relations internationales, il est très rare qu'un gouvernement étranger commente une décision de justice d'un autre pays", la ministre a situé cette réaction dans "un moment très particulier pour notre continent européen, de guerre en Ukraine, de menace, d'ingérence, de désinformation", évoquant de ce fait un événement "très préoccupant" constitué par cette réaction.
Sur la condamnation en elle-même, Amélie de Montchalin a pris acte qu'un appel avait d'ores-et-déjà été annoncé par la défense de Marine Le Pen, avant de qualifier les faits de détournement de fonds publics, s'ils s'avéraient confirmés en deuxième instance, de "très graves". "Ce qui saperait la démocratie, c'est que [de tels] faits ne soient pas condamnés", a-t-elle estimé.
Evoquant la Conférence nationale des finances publiques, qui aura lieu le 15 avril prochain, Amélie de Montchalin a estimé qu'il s'agirait d'un moment "assez inédit" réunissant "l'ensemble des forces de la nation", pour faire œuvre de "transparence" sur la situation économique du pays. Destinée à poser les premiers jalons du projet de loi de finances pour 2026, cette conférence devrait permettre d'associer les parlementaires dès le printemps, a indiqué la ministre, afin d'aller "au-devant" de leurs demandes et de leurs propositions.
Par ailleurs, sur le plateau de LCP, Amélie de Montchalin a évacué, à ce stade, l'hypothèse d'un budget rectificatif pour l'année 2025, considérant que cela reviendrait "à créer de l'incertitude", notamment pour les entreprises sur le plan fiscal, à un moment où la situation économique requiert de la stabilité.
Revenant sur le conclave consacré aux retraites, la ministre évoqué la possibilité qu'un accord, "peut-être partiel", puisse être trouvé, notamment au regard des enjeux liés à la pénibilité, aux carrières longues et à la retraite des femmes. Estimant que le retour à 62 ans pour l'âge légal de départ en retraite contreviendrait à l'objectif d'équilibre du système à l'horizon 2030, elle a dit fermer la porte "à toute solution qui amènerait à faire croire aux Français qu'on peut dégrader le déficit".
Amélie de Montchalin a cependant indiqué qu'à la condition que "certaines mesures compensatoires" soient mises en œuvre, l'hypothèse d'un âge légal fixé à 63 ans n'était pas, par principe, exclue par le gouvernement.