Entendue par le bureau du groupe La France insoumise de l'Assemblée nationale, lundi 6 novembre, Raquel Garrido ne pourra "plus être oratrice" pour LFI pendant une durée de quatre mois, a fait savoir le groupe présidé par Mathilde Panot. Il lui est reproché "une accumulation d’agissements et de propos répétés qui nuisent au bon fonctionnement collectif". La députée dénonce une "mise au ban".
Voix forte de La France insoumise qui n'hésite plus à faire entendre sa différence lorsqu'elle est en désaccord avec la ligne de la direction, Raquel Garrido a été sanctionnée par le bureau du groupe La France insoumise de l'Assemblée nationale. L'annonce a été faite dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 novembre. Lundi, la députée de Seine-Saint-Denis avait été auditionnée par ses collègues du bureau du groupe LFI.
Verdict annoncé par communiqué : "le bureau a décidé que Raquel Garrido ne pourrait plus être oratrice au nom du groupe dans les travaux parlementaires pour une durée de quatre mois. Il lui est reproché non pas de défendre ses idées, mais une accumulation d'agissements et de propos répétés qui nuisent au bon fonctionnement collectif du groupe parlementaire", notamment "la diffusion de fausses informations dans la presse à propos du groupe ou de ses membres", ou encore "la mise en cause et le dénigrement ad hominem de plusieurs membres du groupe", peut-on lire.
"Je suis humiliée, je suis en colère, j'ai honte de voir cette évolution du projet politique auquel j'ai consacré 30 ans de ma vie". Raquel Garrido
Peu après, Raquel Garrido a réagi sur X (ex-Twitter). "Je suis mise au ban", écrit-elle réfutant les raisons officielles de sa sanction par "la Cour pénale insoumise" et ajoutant : "Je suis humiliée, je suis en colère, j'ai honte de voir cette évolution du projet politique auquel j'ai consacré 30 ans de ma vie".
"4 mois, cela vous dit quelque chose ? C'est comme Adrien Quatennens", souligne la députée, évoquant ainsi la sanction que le groupe LFI avait décidé à l'encontre de celui-ci, condamné en décembre dernier par la justice pour violences conjugales. A l'époque, le député du Nord avait été suspendu du groupe pendant quatre mois.
De plus en plus critique ces derniers mois, Raquel Garrido avait critiqué haut et fort le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, sur FranceInfo le 22 octobre, estimant en substance que le triple candidat à l'élection présidentielle nuisait à la France insoumise, notamment depuis l'affaire Quatennens.
"Depuis un an, il y forte aspiration au sein de La France insoumise à ce que nous changions notre mode de fonctionnement", avait aussi affirmé la députée.
Plus récemment, Raquel Garrido avait aussi marqué sa différence avec la direction du parti et celle du groupe en qualifiant clairement les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre de "terrorisme islamiste".
Mardi matin, lors de la conférence de presse hebdomadaire des députés insoumis, Mathilde Panot a nié tout lien entre la sanction et les critiques ou les idées émises par sa collègue.
Plus tôt dans la journée sur France Inter, une autre députée de La France insoumise, Clémentine Autain, s'était dite "atterrée" par la sanction prise contre Raquel Garrido.