Marine Tondelier (EELV) revient sur le "traumatisme" de Sainte-Soline

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Marine Tondelier, le 7 septembre 2023, à l'Assemblée nationale. LCP
Marine Tondelier, le 7 septembre 2023, à l'Assemblée nationale. LCP
par Maxence Kagni, le Vendredi 8 septembre 2023 à 16:20, mis à jour le Vendredi 8 septembre 2023 à 16:37

Devant la commission d'enquête sur les groupuscules violents lors de manifestations, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts est revenue, pour la dénoncer, sur l'expression "écoterrorisme", employée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Marine Tondelier prenant, en outre, bien soin de rappeler que sa famille politique est historiquement "non-violente".

"Nous n'oublierons jamais, jamais, la peur, la souffrance, les pleurs, l'impuissance." Auditionnée à l'Assemblée, jeudi 7 septembre, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Marine Tondelier, est revenue sur les événements de Sainte-Soline, évoquant "une expérience qui marque à vie, douloureuse, intimement et politiquement."

La cheffe du parti écologiste s'exprimait devant la commission d'enquête sur "la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023". Marine Tondelier a notamment expliqué pourquoi certains élus de son parti s'étaient rendu sur les lieux de la manifestation interdite du 25 mars contre le projet de mégabassine à Sainte-Soline, qui a donné lieu à des affrontements violents entre certains manifestants et forces de l'ordre.

200 militants d'EELV

En ouverture de sa première intervention, Marine Tondelier a affirmé que sa famille politique avait un "attachement sincère, historique et constant à la non-violence" : "Nous avons une position très ferme et constante sur le sujet."

La secrétaire nationale d'EELV a ensuite évoqué les affrontements d'une "violence intense" qui ont créé chez les militants écologistes un "sérieux traumatisme" justifiant des "séquences de debriefing psychologiques assez édifiantes".

Quelques [militants] garderont des séquelles à vie. Marine Tondelier

Tout en dénonçant "l'absurdité économique et écologique" des mégabassines, Marine Tondelier a expliqué pourquoi elle s'était rendue à Sainte-Soline, alors que la manifestation était interdite. Près de 200 militants d'EELV avaient décidé de maintenir leur participation : "Compte tenu des risques qui étaient annoncés, c'est bien ma place d'être à leurs côtés, c'est ça aussi d'être chef de parti."

Accompagnée lors de son audition par plusieurs députés européens, dont David Cormand, Marine Tondelier a indiqué que les élus écologistes étaient convaincus qu'ils seraient "plus utiles à Sainte-Soline que chez [eux] devant [leur] télé" : "Évidemment, cela s'est confirmé le jour J." La secrétaire nationale d'EELV a expliqué avoir "remué ciel et terre pendant des heures" pour faciliter l'évacuation des blessés : "Il a fallu attendre des heures pour que les blessés les plus graves soient prix en charge." Dénonçant une "faute lourde", Marine Tondelier a demandé à la commission d'enquête de "faire la lumière sur cela également".

Gérald Darmanin critiqué

"Les violences envers les écologistes, attisées au plus haut niveau de l’État, sont réelles et en recrudescence", a par ailleurs affirmé Marine Tondelier. La secrétaire nationale d'EELV a particulièrement mis en cause le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a "qualifié les militants écologistes d'écoterroristes (...) sans fondement juridique". Une attitude qui "met en danger", selon elle, lesdits militants.

Le rapporteur de la commission d'enquête, Florent Boudié (Renaissance), qui s'était rendu la veille à Sainte-Soline avec d'autres députés de l'instance, a quant à lui indiqué que, le 25 mars, les forces de l'ordre étaient statiques : "Il n’y a aucun affrontement possible avec les forces de l'ordre s'il n'est pas souhaité par des individus violents", a-t-il donc souligné. 

"Les gens qui viennent pour la confrontation (...) ne sont pas des Soulèvements de la Terre, pas d'Europe Ecologie-Les Verts à ma connaissance", a répondu Marine Tondelier, qui affirme avoir été "prise pour cible" et "asphyxiée" alors qu'avec d'autres élus écologistes elle était "non-violente" et "à l'écart des heurts, très nettement". 

Moi, j'ai eu des troubles auditifs pendant des semaines. Marine Tondelier

"Est-ce que [Gérald Darmanin] regrette les violences subies par les manifestants ?", a demandé la secrétaire nationale d'EELV, qui a également critiqué le choix des pouvoirs publics de concentrer les forces de l'ordre autour de la mégabassine. "Il n'y a rien à détruire sur place", a-t-elle affirmé. Selon elle, si les manifestants avaient pu le faire, "ils seraient restés vingt minutes dans la bassine et seraient repartis chez eux". 

Interrogée sur la désobéissance civile, qualifiée de "liberticide" jeudi par le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, Marine Tondelier a justifié la manifestation de Sainte-Soline par la lenteur des décisions de justice, évoquant notamment le cas du barrage de Sivens "jugé illégal trop tard" : "S'il n'y avait pas eu la ZAD et, c'est dur pour nous de le dire, si Rémi Fraisse n'était pas mort (...), il y aurait un barrage à Sivens aujourd'hui.