Législatives : la majorité présidentielle relance sa campagne et cible Jean-Luc Mélenchon

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La majorité a décidé de s'en prendre frontalement à Jean-Luc Mélenchon et au programme de la Nupes
La majorité a décidé de s'en prendre frontalement à Jean-Luc Mélenchon et au programme de la Nupes
par Raphaël Marchal, le Jeudi 2 juin 2022 à 15:05, mis à jour le Jeudi 2 juin 2022 à 16:32

Après un début de campagne atone au niveau national et les polémiques qui ont marqué les débuts du gouvernement d'Elisabeth Borne, la majorité présidentielle a décidé de passer à l'offensive à l'approche du premier tour des élections législatives. Alors que certains sondages laissent entrevoir la possibilité d'une majorité moins confortable qu'espérée pour Emmanuel Macron, ses partisans tentent de mobiliser les électeurs en visant particulièrement le chef de file de la Nouvelle union populaire écologique et sociale. 

Au lendemain de sa nomination à Matignon, Elisabeth Borne était venue devant les députés de la majorité présidentielle sortante, à l'Assemblée nationale, avec un mot d'ordre : "Le Président a été élu sur un programme clair. Pour le porter, il nous fait une majorité la plus large possible", avait déclaré la Première ministre le 17 mai. Mais depuis, alors que Jean-Luc Mélenchon tente de garder son électorat de l'élection présidentielle mobilisé, la campagne d'"Ensemble !" (qui regroupe La République en marche, le Mouvement démocrate, et Horizons) est restée plutôt discrète au risque de voir ses électeurs se démobiliser. 

Lundi 30 mai, jour de l'ouverture de la campagne officielle, Elisabeth Borne a donc profité d'une réunion en visioconférence organisée avec les candidats d'Ensemble pour demander à ses troupes de passer à la vitesse supérieure. "Nous ne devons pas hésiter à aller à la confrontation politique", a-t-elle insisté avant d'estimer que "penser que nous serons portés par la seule dynamique majoritaire issue de l'élection présidentielle serait une erreur". 

Elle-même candidate dans le Calvados, la Première ministre a renvoyé dos-à-dos la Nouvelle union populaire écologique et sociale et le Rassemblement national. "Ils ont la radicalité des slogans et des postures, quand nous incarnons la radicalité des actes et des résultats", a-t-elle lancé, affirmant que le programme du RN était un "assemblage d'idées trompeuses" et qualifiant la Nupes de "mariage forcé de toutes les composantes de la gauche, au seul service des ambitions revanchardes de Jean-Luc Mélenchon". 

Ni dupes, ni Nupes

Cette fois, le message de la Première ministre a, semble-t-il, été reçu 5 sur 5. Et alors que Jean-Luc Mélenchon continue de plaidee pour une cohabitation qui le mènerait à Matignon, les stratèges de la campagne d'Ensemble ont décidé de passer à la contre-offensive en visant le chef de file de la Nouvelle union populaire. Des affiches sur lesquelles le visage de Jean-Luc Mélenchon apparaît avec la mention "Nous ne sommes pas dupes", a ainsi été partagée sur les réseaux sociaux par des candidats et responsables de la majorité présidentielle, le président du groupe LaREM à l'Assemblée, Christophe Castaner, et son homologue du MoDem, Patrick Mignola. "Mélenchon au pouvoir, c'est une baisse de nos pensions qui ne dit pas son nom", indique l'une des ces affiches qui vise spécifiquement le volet retraite du programme de la Nupes. D'autres sont consacrées aux propositions de l'ex-candidat à la présidentielle en matière de politique internationale, d'écologie, d'institutions ou encore d'économie. 

Sur LCI, jeudi 2 juin, le ministre délégué aux Relations avec le Parlement, Olivier Véran a poursuivi dans la même veine, mettant en garde contre "cinq ans de cohabitation avec deux programmes antinomiques". "Jean-Luc Mélenchon veut nous faire croire qu’il sortirait du commandement intégré de l’OTAN, qu’il y aurait des blocages tous azimuts. Son programme est un danger économique et social", a lancé l'ancien ministre de la Santé. Et d'alerter contre "des propositions altermondialistes et des accords avec le Venezuela, Cuba et l’Iran". "Je ne veux pas qu’on se réveille avec la gueule de bois", a-t-il conclu. 

Le pouvoir d'achat et l'écologie en étendards 

La majorité sortante a également adapté son discours en vue du scrutin. Le temps de la réforme des retraites viendra, mais alors que le pouvoir d'achat reste la principale préoccupation des Français, le gouvernement et les candidats d'Ensemble insistent davantage sur ce thème qui fera l'objet des premiers projets de loi du quinquennat si la majorité présidentielle sortante est reconduite. 

La question de la lutte contre le réchauffement climatique est également largement brandie alors qu'il s'agit d'un sujet phare du programme de la Nupes et que la gauche accuse Emmanuel Macron "d'inaction climatique". Dans une interview publiée par Le Point ce jeudi, la Première ministre évoque longuement le sujet, appelant à "aller plus vite et plus fort sur la transition écologique". "L’écologie n’est plus la politique de quelques lanceurs d’alerte, elle est au cœur de nos politiques publiques", a-t-elle affirmé, pour empêcher toute confiscation de ce thème par un camp.

Alors que pour la première fois certains sondages effectuant des projections en sièges à l'Assemblée nationale envisagent, dans leur fourchette basse, la possibilité qu'Emmanuel Macron dispose d'une majorité qui ne serait pas absolue (ce qui nécessite 289 sièges sur 577), le président de la République lui-même a fait son retour sur le terrain cette semaine. Mardi à Cherbourg sur le thème de la santé et jeudi à Marseille sur celui de l'éducation. Sans être officiellement en campagne, le chef de l'Etat a décidé d'envoyer des messages aux Français. À dix jours du premier tour des élections législatives, la campagne est bel et bien lancée.