Sur les cinq entrants nommés au gouvernement, jeudi 8 février, quatre sont issus de l'Assemblée nationale, où il avaient été élus ou réélus lors des élections législatives de 2022, dont Guillaume Kasbarian (Renaissance), qui était jusque-là président de la commission des affaires économiques. Marie Guévenoux (Renaissance), Frédéric Valletoux (Horizons) et Marina Ferrari (MoDem), font aussi leur entrée dans l'équipe de Gabriel Attal.
Près d'un mois après la nomination des principaux ministres du gouvernement Attal, la liste de l'équipe du Premier ministre a été complétée, jeudi 8 février. Une vingtaine de ministres délégués et de secrétaires d’Etat ont été désignés pour épauler les ministres de plein exercice. La plupart d'entre eux faisaient déjà partie du gouvernement Borne, mais cinq nouveaux entrants ont été nommés. Hormis la ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet, tous sont issus de l'Assemblée nationale. Comme d'autres membres de l'équipe de Gabriel Attal, à commencer par le Premier ministre, élus ou réélus députés en 2022, ils quittent donc les bancs du Palais-Bourbon pour rejoindre les rangs du gouvernement. Galerie de portaits.
A bientôt 37 ans, cet ancien consultant diplômé de l'Essec a été élu député La République en marche d'Eure-et-Loir pour la première fois en 2017. Dès son premier mandat, il s'est notamment fait connaître en défendant un amendement destiné à durcir les peines contre les squatteurs, dans le cadre du projet de loi d'"accélération et simplification de l’action publique" (Asap). Si cette disposition a finalement été censurée par le Conseil constitutionnel, elle préfigurait sa future proposition de loi visant à "protéger les logements contre l'occupation illicite", dite "anti-squat", promulguée l'été dernier. Depuis le début de l'actuelle législature, en 2022, il était président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée.
La nomination de Guillaume Kasbarian (Renaissance) - qui succède à Patrice Vergriete qui avait lui-même succédé à Olivier Klein, tous les deux issus de la gauche - en tant que ministre délégué au Logement est dénoncée comme un virage libéral par la gauche, ainsi que par des acteurs du logement social et de l'aide au logement. Lors de sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal avant notamment fait part de sa volonté de modifier la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU), qui oblige les communes à se doter d'au moins 20 à 25 % de logements sociaux. Le Premier ministre souhaite intégrer le logement intermédiaire dans ce calcul et laisser les maires attribuer une partie de ces logements. Plus largement, Gabriel Attal a promis un "choc d'offre", attendu par le secteur du logement, pour répondre à la crise acuelle.
Son nom circulait depuis quelques temps, en raison de son expertise dans le domaine. Ancien dirigeant de la Fédération hospitalière de France pendant 11 ans, Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne, a été nommé ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, à 57 ans. Il succède à Agnès Firmin-Le Bodo, fragilisée par des cadeaux non déclarés dans le cadre de son activité de pharmacienne.
Elu au Palais-Bourbon en 2022, Frédéric Valletoux s'est notamment distingué en portant la proposition de loi "visant à améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnel", destinée à lutter contre les déserts médicaux. À cette occasion, l'ancien maire de Fontainebleau s'était dit ouvert à réflexion sur un système qui permet d'assurer une meilleure répartition des médecins sur le territoire, sans toutefois aller jusqu'à la régulation médicale, un chiffon rouge pour les praticiens de santé.
L'élu Horizons appuiera donc Catherine Vautrin, qui a hérité d'un large portefeuille regroupant Santé, Travail et Solidarités. Plusieurs dossiers sensibles l'attendent, dans un secteur en souffrance. Le cap a été donné par Emmanuel Macron et Gabriel Attal : doublement des franchises médicales, régularisation des médecins étrangers, sanction des rendez-vous médicaux non honorés... Mais aussi le très attendu projet de loi sur la fin de vie, ansi que la réforme de l'aide médicale d’Etat (AME) promise à la droite lors des négociations sur la loi immigration et qui sera finalement conduite par le gouvernement par voie réglementaire.
C'est une nomination qui était moins attendue. Marie Guévenoux, députée Renaissance de l'Essonne et jusque-là membre de la commission des lois, succède au Philippe Vigier (Démocrate) en tant que ministre déléguée chargée des Outre-mer. Première femme à devenir première questeure de l'Assemblée, titulaire d'un master en communication, Marie Guévenoux a débuté son engagement politique à droite. Elle a navigué dans plusieurs cabinets ministériels durant les quinquennats de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, avant de soutenir Alain Juppé lors des primaires des Républicains de 2016.
Proche d'Edouard Philippe, elle rejoint finalement le camp d'Emmanuel Macron en 2017. Investie dans l'Essonne, elle est alors élue au Palais-Bourbon. Elle a notamment participé à une mission d'information sur la réforme de la police judiciaire, menée avec le député Ugo Bernalicis (La France insoumise). À 47 ans, elle récupère un portefeuille complexe, marqué par des enjeux historiques et des flambées de protestation épisodiques : sur le pouvoir d'achat, sur l'accès à l'eau et le logement, sur l'aménagement du territoire et l'immigration, ou encore sur l'autonomie. Lors de sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal a évoqué des territoires où la nécessité de "réarmer les services publics" est "peut-être encore plus crucial qu'ailleurs".
Est-ce un signe d'apaisement de la crise provoquée par François Bayrou cette semaine ? Le MoDem conserve en tout cas quatre représentants au sein du gouvernement. La députée de Savoie Marina Ferrari (Démocrate) devient, à 50 ans, secrétaire d'Etat et hérite du Numérique, à la place de Jean-Noël Barrot qui reste au gouvernement où il est désormais chargé de l'Europe.
Diplômée de l'Institut des hautes études internationales (IHEI), Marina Ferrari a rejoint le MoDem dès sa création. Elle s'est engagée sur le plan local, élue au conseil municipal d'Aix-les-Bains à compter de 2008 et au Conseil départemental de la Savoie (2015-2021). Elle est finalement élue députée lors des dernières élections législatives.
Elle devra notamment assurer l'atterrissage de l’IA Act, le projet de règlement européen sur l’intelligence artificielle, qui provoque des remous en France, en raison des freins que pourrait engendrer le texte dans le développement de certaines activités économiques. "Transformation numérique, régulation des réseaux sociaux, accès au très haut débit pour tous, souveraineté numérique : je poursuivrai avec détermination et humilité les chantiers engagés par Jean-Noël Barrot", s'est-elle engagée sur X (ex-Twitter).