Le député-mathématicien Cédric Villani pense que l’intelligence artificielle pourrait placer la France parmi les champions mondiaux de la santé. À condition de s’y préparer sérieusement... Il a détaillé les points clés de son rapport lors de son audition devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques, le 5 avril. Explications.
Votre radiologue pourrait bientôt ne plus pouvoir se passer de lui. Lui, c'est l'algorithme qui analysera dans quelques années votre radio des poumons pour y déceler éventuellement une anomalie, en complément de l'avis de votre médecin. C'est sans doute l'une des nombreuses révolutions attendues grâce au développement de l'intelligence artificielle (I.A.).
"Avec la médecine, on est sur un domaine typique où l'intelligence artificielle peut aider, assure Cédric Villani lors de son audition à l'Assemblée nationale, le 5 avril. La médecine, ça demande beaucoup de paramètres, c'est très variable, on a besoin de personnalisation, on a besoin de prédictions aussi. Cela demande une très grande dose de connaissances."
Le député La République en Marche l'assure, des décès peuvent être évités et pourront être évités à l'avenir avec l'apport de l'I.A "en aidant les médecins à donner des orientations, à décider de traitements".
"En Israël, l'un des grands noms de l'alliance entre intelligence artificielle et médecine insiste sur le fait que beaucoup des décès actuellement dans le monde sont imputables à des erreurs médicales, des erreurs de prescriptions, des erreurs d'orientation..." Cédric Villani, député LREM de l'Essonne
Très en pointe sur l'intelligence artificielle, les Etats-Unis se démarquent déjà dans la convergence entre l'intelligence artificielle et les professionnels de santé. "On signale déjà des cas aux Etats-Unis dans lesquels des patients doivent la vie à un algorithme d'intelligence artificielle, au sens où l'algorithme a su détecter qu'il y avait quelque chose de suspect dans l'imagerie là où le médecin n'y avait vu que du feu", dévoile Cédric Villani, auteur d'un rapport sur l'I. A.
L'intelligence artificielle, couplée à une importante base de données, pourrait donc déceler des anomalies infimes, déjà rencontrées dans le passé, et annonciatrices d'une future pathologie. "Sur les questions d'analyses de cancer, les algorithmes sont à peu près au même niveau de fiabilité que les humains. Si on combine les deux, on arrive à des taux de fiabilité très proche de 100%", assure le mathématicien.
Un domaine où la France pourrait tirer son épingle du jeu d'après Cédric Villani, en raison de son organisation très centralisée :
"La propension naturelle de la France à construire de grandes bases de données peut enfin trouver une application importante et efficace, à condition qu'on arrive à faire se parler entre elles les différentes bases de données qui sont pour l'instant séparées", prévient Cédric Villani. Il rappelle que Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a entamé l'ouverture de bases de données de différents acteurs français, tout en garantissant l'anonymat des patients.
Enfin, autre possibilité évoquée par Cédric Villani - qui devrait réjouir les futurs étudiants en médecine -, la possibilité de simplifier à terme les très importantes quantités d'informations que doivent apprendre les apprentis médecins : "Si l'intelligence artificielle permet aux médecins de diminuer leurs études, ou au moins la partie la plus fastidieuse des études et de ce concentrer plus sur le terrain, cela pourrait être une évolution importante."
Retrouvez l'audition complète du mathématicien à l'Assemblée nationale :