Immigration, budget : Les Républicains cherchent la bonne stratégie face au gouvernement

Mer calme, ciel bleu, horizon dégagé : la vue sur Saint-Malo est apaisante… à l’image du calme auquel aspire Olivier Marleix pour le groupe Les Républicains en cette rentrée parlementaire. Après une session marquée par les divergences et les divisions sur la réforme des retraites, le président des députés LR appelle à l’unité. Au menu, du séminaire, une table ronde sur l’immigration, une autre sur l’économie et un dîner de cohésion.

Mardi 12 septembre, ces journées parlementaires commencent bien. Les deux-tiers des députés sont présent. Et le matin, l’aile gauche de la majorité leur a donné une occasion d’être tous d’accord. En une de Libération, le président de la commission des lois de l'Assemblée nationale, Sacha Houlié (Renaissance), pose en photo avec des députés de la Nupes (La France insoumise exceptée) pour défendre une politique migratoire "humaniste" et la régularisation des travailleurs sans-papiers, en particulier dans les secteurs dits en tension. Une mesure phare du projet de loi sur l’immigration - que le gouvernement présente comme une mesure d'équilibre du texte - et dont les Républicains ne veulent pas entendre parler. Lors d'un point de presse, le président du parti, Éric Ciotti, prévient qu’il ne veut pas de "bricolage".

Pour le député Aurélien Pradié, "Sacha Houlié nous dit à quel point les propositions qui sont celles du gouvernement sur l’immigration sont de gauche et voilà pourquoi je pense qu’il faut que nous nous y opposions". "Au fond, ça clarifie la situation. [...] Je ne vois pas que ce que Les Républicains iraient faire en soutien d’un texte dont on sait désormais clairement, grâce à Sacha Houlié, que c’est un texte socialiste", précise l'élu du Lot.

Motion de censure ou pas ?

En revanche, Aurélien Pradié appelle Les Républicains à "avoir le courage d’aller jusqu’au bout" en présentant et en votant une une motion de censure si le gouvernement a recours au 49.3 pour faire passer un texte qui vise certes à augmenter le nombre d'expulsions, mais qui pourrait aussi permettre un certain nombre de régularisations. "La motion de censure, ce n’est pas un outil de fous furieux, c’est la Constitution", insiste le député du Lot. 

Sauf que sur la stratégie à adopter et jusqu'où aller pour s'opposer au gouvernement, les avis varient au sein du groupe. Depuis que Les Républicains ont mis leurs propositions sur l’immigration sur la table au printemps dernier, le chef de file des députés LR brandit la menace. Olivier Marleix l’a redit à Saint-Malo.

Le groupe Les Républicains mettra-t-il la menace à exécution ? Difficile à dire... A ce stade, Éric Ciotti semble plus prudent. Et le député Jean-Louis Thiériot l’exclut d’office, au nom de la responsabilité.

Au grand regret de plusieurs députés, la question n’a pas été abordée, lors de la réunion de retrouvailles du groupe mardi du matin.  "Quand le débat ne se fait pas là, il se fait dans la presse", regrette un parlementaire.

Avant même le projet de loi sur l'immigration, dont l'examen devrait avoir lieu en février prochain à l'Assemblée, Les Républicains devront aussi définir une position et surtout une stratégie commune sur le projet de loi de finances : là encore, motion de censure... ou pas ? Au-delà du fond, c'est la question de stratégie qui va tarauder les députés de droite lors de la prochaine session parlementaire.