Groupes de travail, initiatives législatives, dépassement des clivages... Depuis le début de la législature, des députés de bords politiques différents - majorité présidentielle et oppositions - tentent de faire œuvre commune pour avancer de façon transpartisane sur certains sujets. Ainsi, mercredi 11 octobre, Astrid Panosyan-Bouvet (Renaissance), Stéphane Viry (Les Républicains) et Dominique Potier (Socialistes) ont annoncé le lancement d'un groupe de réflexion intitulé "Travail En Commun".
Par-delà les sujets qui divisent l'Assemblée nationale, les mots qui fâchent dans l'hémicycle et les polémiques qui résonnent dans les couloirs du Palais-Bourbon - de la réforme des retraites, à la ligne de La France insoumise refusant de qualifier le Hamas de groupe terroriste après les attaques contre Israël - le travail transpartisan est une autre réalité, encore ponctuelle et balbutiante, mais bien réelle, depuis le début de la législature.
A l'image de la volonté exprimée par la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, souhaitant que la représentation nationale puisse "travailler davantage de textes transpartisans d'ampleur" - et qui a donné plus de place à ce genre d'initiatives dans l'ordre du jour de l'institution -, plusieurs groupes de travail se sont constitués ces derniers mois, rassemblant des députés de tous bords, exception faite des élus du Rassemblement national, non conviés aux travaux.
Objectifs : avancer sur des sujets qui dépassent les clivages politiques, attirer l'attention du gouvernement sur ces thèmes et tenter, quand cela apparaît possible et nécessaire, d'aboutir à des initiatives législatives.
Si plusieurs groupes de travail transpartisans ont vu le jour depuis le début de la législature (voir ici, là ou là), celui visant à réguler le secteur de l'influence, mené par les députés Arthur Delaporte (Socialiste) et Stéphane Vojetta (apparenté Renaissance) constitue le groupe de travail emblématique du début de législature.
Les travaux menés entre la fin de l'année 2022 et le début de l'année 2023 pour réguler le secteur de l'influence ont débouché sur l'adoption à l'unanimité d'une loi sur la régulation du secteur. Cette initiative parlementaire, appuyée par le gouvernement, avait notamment abouti grâce à l'instauration d'une "bulle de paix", évitant le plus possible aux travaux d'être parasités par le reste de l'actualité politique.
Ainsi, mercredi 11 octobre, des députés ont présenté, lors d'une conférence de presse, des initiatives communes sur le thème "Nos enfants et les écrans". Un groupe de députés au sein duquel neuf des dix groupes politiques de l'Assemblée, exception faite du RN, sont représentés : Rodrigo Arenas (La France insoumise), Cécile Rilhac (Renaissance), Béatrice Descamps (Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires), Francesca Pasquini (Ecologiste), Fatiha Keloua-Hachi (Socialistes), Agnès Carel (Horizons), Soumya Bourouaha (Gauche démocrate et républicaine), Estelle Folest (Démocrate), et Maxime Minot (Les Républicains).
Après plusieurs séries d'auditions (cyberharcèlement, GAFAM...), ainsi que des échanges menés avec des citoyens en circonscriptions et au Palais-Bourbon, les députés partagent la nécessité d'agir sur :
Réfléchir, travailler, peser... C'est également le souhait d'un groupe intitulé "Travail En Commun" lancé lors d'une autre conférence de presse, ce même mercredi 11 octobre, par Astrid Panosyan-Bouvet (Renaissance), Stéphane Viry (Les Républicains) et Dominique Potier (Socialistes). Mot d'ordre : "Ne pas penser pareil, mais penser ensemble et trouver un chemin possible".
Établir si possible un diagnostic partagé, gagner en intelligence commune pour, pourquoi pas, faire apparaître des solutions communes. Astrid Panosyan-Bouvet (Renaissance)
Voulant s'appuyer aussi bien sur des travaux parlementaires déjà existants que sur des rendez-vous hebdomadaires à l'Assemblée nationale autour de représentants économiques, patronaux, syndicaux ou universitaires, les trois députés ont l'ambition, durant les six mois à venir, de repenser le thème du travail à la lumière des transitions numériques et écologiques, tout en voulant "être utile au pays" (Stéphane Viry) et "polariser avec une certaine intelligence" (Dominique Potier).
Semaine de quatre jours, rémunération des bas salaires, conditionnalité des aides publiques aux entreprises, ou encore organisation du travail, figurent au coeur des sujets envisagés de ce groupe rassemblant, à ce jour, une vingtaine de députés de tous bords - exception là encore faite du RN, non convié à la démarche, et de LFI, n'ayant pas encore répondu à l'invitation.
Une initiative transpartisane qui ne manquera pas de résonner à l'occasion de la Conférence sociale sur les bas salaires et les carrières, organisée par le gouvernement, le 16 octobre.