Dévoilé le 12 octobre par Emmanuel Macron, le nouveau plan d'investissement France 2030 a été approuvé à une large majorité par l'Assemblée nationale lundi 8 novembre. Dès 2022, 3,5 milliards d'euros seront dépensés dans les industries jugées prometteuses pour décarboner l'économie tricolore, sur une enveloppe totale de 34 milliards d'euros.
Après France Relance, voici France 2030. En un peu plus d'un an, l'exécutif aura fait voter deux plans d'investissement, respectivement de 100 milliards et 34 milliards d'euros. Alors que le premier doit encore produire ses effets jusqu'en 2024, le second doit – comme son nom l'indique – accompagner la décennie actuelle vers la transition de secteurs comme celui de l'automobile, l'aéronautique ou l'industrie spatiale. "L'extraordinaire accélération du monde que nous sommes en train de vivre m’a conduit à penser que tout ce qu'on a fait là n'est pas suffisant", a justifié Emmanuel Macron le 12 octobre, lors de la présentation de ces nouvelles dépenses.
Absent du projet de loi de finances initial pour 2022, présenté fin septembre, France 2030 a donc été introduit plus tard, le 2 novembre, par voie d'amendement dans le débat parlementaire. Et c'est lundi après-midi que les députés ont pu enfin débattre et voter, par 48 voix pour et 2 contre, l'amendement du gouvernement. Ce dernier ouvre 34 milliards d'euros de dépenses pour les années à venir, dont 3,5 milliards d'euros en crédits de paiement, c'est-à-dire utilisables dès 2022.
Plan #France2030 : @AgnesRunacher présente un amendement pour autoriser la dépense de 34 milliards d'euros (dont 3,5 milliards de crédits dès 2022) "pour construire l'économie de demain" dans le #PLF2022. #DirectAN pic.twitter.com/892wxm5aZK
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Seuls les élus de La France insoumise ont voté contre, mais les autres groupes d'opposition, malgré un vote favorable, ont fait valoir de nombreuses réserves, tant sur la forme que sur le fond de ce plan d'investissement.
Sur la méthode, Valérie Rabault (PS) a souligné la disproportion entre les montants en jeu et le moyen retenu. "Est-ce que vous vous rendez compte que vous présentez l'amendement le plus cher de la Ve République ? Il devrait faire l'objet d'un projet de loi à lui tout seul... c'est inouï !", a souligné la cheffe de file des élus socialistes à l'Assemblée nationale. La députée s'est toutefois prononcée en faveur du plan, tout en demandant un calendrier précis sur les futurs projets soutenus. "Nous sommes contraints de voter pour, avec énormément de réserves sur la suite à donner", s'est résigné Stéphane Viry (Les Républicains).
Du côté de la majorité, lors du débat, Laurent Saint-Martin (La République en marche) a dit espérer un vote à l'unanimité : "Vous ne pouvez pas être contre les milliards d'euros supplémentaires qui vont sur la transition écologique et (...) des filières où il faut prendre des risques". Méfiant vis-à-vis des promesses présidentielles, Sébastien Jumel (Gauche démocrate et républicaine) a voté en faveur des intentions du projet, tout en affichant ses doutes quant à leur concrétisation : "Sur ces objectifs qui ne mangent pas de pain, nous ne nous opposerons pas. Mais nous exprimons de grosses réserves sur l'efficience et même la réalité des mesures annoncées".
Finalement, seul le groupe de La France insoumise a voté contre France 2030. "C'est un amendement qui mériterait en vérité dix débats", a estimé François Ruffin (LFI) en référence aux "dix objectifs" affichés par le plan (mini-centrales nucléaires, biomédicaments, avion bas-carbone, exploration spatiale, etc.). L'élu de la Somme s'est surtout opposé à la visée "techniciste" de France 2030, expliquant que ce n'est pas "un peu de technologie" qui va permettre d'éviter "le mur écologique" :
"Ce plan #France2030 nous est présenté comme la réponse de la France à la crise climatique", note @Francois_Ruffin. Or "ce n'est pas en espérant qu'un peu de technologie va nous permettre de changer de direction" qu'on évitera le "mur écologique". #PLF2022 #DirectAN pic.twitter.com/NXS935vY4M
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Éric Coquerel (LFI) a lui voulu savoir si les crédits promis seraient bien de l'argent neuf et pas un recyclage de mesures déjà votées ou de crédits rapatriés depuis d'autres missions budgétaires.
Défendant l'amendement, la ministre déléguée chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a promis que les 34 milliards d'euros seront bien de nouveaux crédits budgétaires. Face aux questions sur le pilotage concret des milliards de France 2030, la ministre a signalé que "des concertations ciblées" sur "chacune des thématiques" avaient eu lieu récemment avec "des économistes", "des experts" ou "des étudiants". "Il nous paraissait important que ce ne soit pas le plan d'un homme mais le plan d'un pays", a-t-elle assuré un mois après le discours au cours duquel, pendant deux heures, seul en scène, le président de la République avait présenté le plan destiné à permettre à la France de relever "les grands défis de la crise".
Les 34 Mds € de #France2030 "ne seront pas du recyclage".
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> "Il n'y pas d'ambiguïté sur le caractère massif de ce qui est peut-être l'amendement le plus important de la Ve république. Je n'ai pas entendu de contestations sur le fait qu'il faut y aller", répond @AgnesRunacher pic.twitter.com/1EifyUk6x7