Le président de la République a annoncé lundi que le personnel soignant aura jusqu'au 15 septembre pour se faire vacciner sous peine de sanctions. Le passe sanitaire sera généralisé aux lieux recevant plus de 50 personnes cet été. Le chef de l'État a aussi réaffirmé sa volonté de réformer l'assurance chômage et de reculer l'âge de départ à la retraite.
De nouvelles contraintes sanitaires, plus de pression sur les non-vaccinés et une feuille de route pour les réformes des prochains mois... ou des prochaines années. Emmanuel Macron a décliné lundi soir ses annonces sur le plan sanitaire et économique, avant de rencontrer les parlementaires de sa majorité à l'Élysée.
Faites-vous vacciner. C'est en substance le message à tous les Français du chef de l'État, qui prône "un été de mobilisation pour la vaccination". La raison de ce coup d'accélérateur ? La multiplication du variant Delta, beaucoup plus contagieux que la première souche du covid-19.
Si le Président compte sur le "sens du devoir" de chacun, l'exécutif va recourir pour la première fois à la contrainte. Le personnel soignant, aussi bien en établissement qu'à domicile, ainsi que les bénévoles "au contact des personnes âgées et fragiles" devront être vaccinés avant le 15 septembre. "Des contrôles et des sanctions" sont ensuite envisagés :
Dès le 15 septembre, "la vaccination sera obligatoire" pour les personnels soignants et non-soignants des hôpitaux, maisons de retraite mais aussi pour les professionnels et bénévoles au contact des personnes âgées ou fragiles, annonce @EmmanuelMacron.#AuditionPublique #Covid19 pic.twitter.com/DKEQY2fcQZ
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La possibilité d'une troisième dose, notamment pour ceux qui ont été vaccinés dès le début de l'année, sera possible "dès la rentrée". Enfin, à parti de cette semaine, les voyageurs venant des "pays à risques" et qui ne seraient pas vaccinés seront "soumis à un isolement contraint".
"Partout, nous aurons la même démarche : reconnaître le civisme et faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous", a affiché sans ambages Emmanuel Macron. Principale conséquence de cette évolution de la doctrine contre le virus : le passe sanitaire, jusqu'à présent réservé aux grands événements de plus de 1000 personnes, va être étendu à partir du 21 juillet à tous les lieux de culture et de loisirs qui accueillent plus de 50 personnes.
"Partout, nous aurons la même démarche : reconnaître le civisme, et faire porter les restrictions sur les non vaccinés, plutôt que sur tous", annonce @EmmanuelMacron avant de décliner les nouvelles mesures liées au pass sanitaire élargi. #AuditionPublique #Covid19 #Macron20h pic.twitter.com/2uDcF74GDo
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À la même date, un projet de loi sera débattu à l'Assemblée nationale pour appliquer cette restriction aux "cafés, restaurants, centres commerciaux, hôpitaux, maisons de retraite, établissements médico-sociaux", ainsi qu'aux trajets sur longue distance en "avion, train ou car". L'adoption définitive de la future loi est espérée au plus tard le dimanche 25 juillet par le président du groupe La République en marche à l'Assemblée, Christophe Castaner.
Cette extension du passe sanitaire à la vie quotidienne constitue une volte-face importante par rapport au texte de sortie de l'état d'urgence sanitaire, voté en mai et dans lequel les députés LaREM ont mis un point d'honneur à ne pas subordonner "les activités quotidiennes" à la présentation d'un document sanitaire, que ce soit une preuve de vaccination ou un test négatif. La peur d'une échappée des variants aura eu raison de cette ligne rouge.
Par ailleurs, comme le permet la loi, Emmanuel Macron a décrété un reconfinement local assorti d'un couvre-feu pour la Martinique et la Réunion, mesures qui rentreront en vigueur dès mardi. Enfin, les tests PCR seront rendus payants cet automne (sauf en cas de prescription médicale).
Le président de la République a réservé la dernière partie de son discours à l'économie française. Tout d'abord, la croissance française a été revue à la hausse et pourrait s'établir à 6% en 2021, contre 5% espérés jusqu'à présent par l'exécutif. Le plan de relance de 100 milliards d'euros doit continuer à se déployer cette année, alors qu'un tiers des crédits ont été pour l'instant injectés dans de nouveaux projets.
En partie suspendue par le Conseil d'État, la réforme de l'assurance chômage devrait finalement être mise intégralement en oeuvre dès le 1er octobre. Le chef de l'Etat a aussi rouvert le dossier sensible des retraites, au point mort depuis l'éclatement de la pandémie.
"Nous devrons engager, dès que les conditions sanitaires seront réunies, la réforme des retraites", déclare @EmmanuelMacron. "Les régimes spéciaux devront être supprimés pour les nouveaux employés. Parce que nous vivons plus longtemps, il nous faudra travailler plus longtemps". pic.twitter.com/isGePIabb5
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Jugeant toujours le système de retraite actuel "injuste", Emmanuel Macron a promis la suppression des régimes spéciaux pour les nouveaux employés et le recul de l'âge de départ, "pour protéger les retraites de nos enfants sans augmenter les impôts", a-t-il justifié. Toutefois, il a assuré qu'il ne lancerait pas cette réforme tant que l'épidémie ne serait pas sous contrôle et ce alors que la session parlementaire s'achèvera dans huit mois à peine, fin février 2022, en vue de la prochaine élection présidentielle.