Auditionnée par la commission d'enquête "visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France", la Première ministre et ancienne ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, a notamment indiqué que "l'objectif de notre majorité est de conquérir notre souveraineté énergétique", soulignant que la France n'avait "jamais été souveraine en la matière".
C'est au regard de ses fonctions passées - directrice de cabinet de Ségolène Royal entre 2014 et 2015, ministre de la Transition écologique entre 2019 et 2020 - et actuelles que la Première ministre a été auditionnée, pendant plus de deux heures, par la commission d'enquête "visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France" de l'Assemblée nationale, ce jeudi 2 mars.
Devant les députés, Élisabeth Borne est venue porter un message : "L'objectif de notre majorité est de conquérir notre souveraineté énergétique", a-t-elle lancé, indiquant que jusqu'à maintenant, la France n'avait "jamais été souveraine en la matière". La faute à une dépendance certaine aux énergies fossiles, selon elle, responsables de crises en série qui ont touché les Français depuis le premier choc pétrolier de 1973. "Les énergies fossiles nous rendent tributaires des équilibres géopolitiques", a-t-elle également rappelé, dans le contexte connu de tous de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de ses conséquences.
Pour remplir l'objectif de devenir la première Nation à sortir de la dépendance aux énergies fossiles, la Première ministre a détaillé la stratégie de l'exécutif, qui repose sur trois piliers : la sobriété, le développement des énergies renouvelables et le développement du nucléaire.
Sans surprise, ce dernier point a fait l'objet des discussions les plus fouillées entre les membres de la commission d'enquête et Élisabeth Borne. La cheffe du gouvernement a rappelé son ambition de lancer la construction d'au moins 6 EPR de nouvelle génération, dont le premier devra être fonctionnel d'ici à l'horizon 2035. Un projet de loi actuellement examiné en commission des affaires économiques à l'Assemblée doit permettre d’accélérer les travaux de construction, a-t-elle souligné. En parallèle, la prolongation de l'activité des centrales existantes au-delà de 50 ans est sur la table, avec la nécessité de former des compétences en interne.
Mais il n'y a pas que l'avenir qui intéresse le président Les Républicains de la commission d'enquête. Raphaël Schellenberger a interrogé la Première ministre sur la décision de s'engager dans la fermeture de Fessenheim - un "choix politique" ou dans la recherche de l'objectif de diminuer à 50 % la part du nucléaire dans le mix énergétique - un engagement "programmatique" de François Hollande, a commenté la cheffe du gouvernement.
Élisabeth Borne a, par ailleurs, critiqué les choix de gestion antérieurs au quinquennat 2012-2017, en évoquant un "sous-investissement dans le nucléaire dans la décennie 2000-2010", responsable selon elle de la dégradation de l'entretien des réacteurs. Ce qui a fini par aboutir, estime-t-elle, à une moindre disponibilité du parc existant.
La Première ministre est également revenue sur l'Arenh, l'accès régulé à l'énergie nucléaire historique, qui agite très souvent les auditions de la commission d'enquête depuis le lancement de l'instance. Vilipendé côté EDF, parfois défendu côté politique, l'Arenh a été soutenu, au moins sur le principe, par la Première ministre.
"L'Arenh est une très puissante protection des consommateurs français", qui leur permet d'accéder à des tarifs bas d'électricité et les protège contre la fluctuation des prix, a souligné Élisabeth Borne. Tout en reconnaissant que le mécanisme souffrait de lacunes évidentes, elle a appelé à le "réformer" et à "l'adapter", mais a insisté sur le fait qu'il protégeait l'industrie française.
La commission d'enquête, elle, est sur le point d'achever ses travaux. Il reste néanmoins deux auditions très attendues : le 16 mars, l'instance entendra deux anciens chefs de l'État : Nicolas Sarkozy (2007-2012) et François Hollande (2012-2017).