Votée en première lecture en mars dernier, la proposition de loi pour "garantir le respect du droit à l'image des enfants" sera examinée par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture, ce mardi 10 octobre. En juin dernier, ce texte - visant à responsabiliser les parents - n'avait pas fait l'objet d'un accord entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire.
Sharenting, serial vlogueurs, pranks : autant de termes apparus avec les réseaux sociaux et la présence massive en ligne d'images d'enfants à l'initiative de leurs propres parents. Face à ce phénomène, Bruno Studer (Renaissance) est à l'origine d'une proposition de loi dont la visée majeure est de "responsabiliser et sensibiliser les parents". Lors de la première lecture du texte, le 6 mars dernier, Bruno Studer avait justifié la volonté de la majorité présidentielle de légiférer en la matière par "de graves conséquences pour l'enfant au présent ou au futur", parmi lesquelles des "usurpations d'identité, chantage, cyberharcèlement, pédopornographie".
Outre le volet responsabilisation des parents, la proposition de loi visant à "garantir le respect du droit à l'image des enfants" introduit la notion de "vie privée" dans les attributs de l’autorité parentale, et précise que le droit à l’image des mineurs est exercé conjointement par les deux parents. En cas de désaccord entre eux, les texte prévoit que l'un des deux parents puisse se voir signifier une interdiction de publier des images de l’enfant. Dans les situations les plus alarmantes, une délégation forcée de l’autorité parentale, que Bruno Studer souhaite "partielle", est également contenue dans le texte. Cette délégation ne concernerait que l'exercice du droit à l'image de l'enfant, qui serait dans un tel cas confié à un tiers.
Chargée de trouver un accord sur le texte suite à son adoption par l'Assemblée le 6 mars et par le Sénat le 10 mai, la commission mixte paritaire (CMP) réunie le 1er juin a échoué, faute de consensus entre députés et sénateurs sur deux aspects du texte :
"La création de cette nouvelle condition de délégation partielle de l'autorité parentale serait une réelle avancée qui permettrait de traiter des cas très concrets, présents dans l'actualité" avait, quant à lui, fait valoir Bruno Studer durant les travaux de la CMP. "Un parent qui ne respecterait pas la délégation de l'autorité parentale se retrouverait dans la situation de n'importe quelle personne diffusant l'image d'un enfant sans être titulaire du droit à l'image : il pourrait être poursuivi pénalement", avait-il défendu, qualifiant ce "nouvel outil" d'"opérant".
Faute de compromis, les députés effectueront donc une nouvelle lecture du texte ce mardi 10 octobre dans la soirée. Et c'est à l'Assemblée nationale que reviendra le dernier mot si le désaccord avec les sénateurs devait persister.
Des pratiques dans le collimateur du législateur :
Sharenting : Contraction de deux mots anglais 'sharing' (partager) et 'parenting' (parentalité), ce terme désigne le fait que des parents partagent des photos et des vidéos de leurs enfants sur les réseaux sociaux, sans le consentement éclairé de ces derniers.
Vlogs : Synthèse des mots 'vidéo' et 'blog', qui désigne ici les films de voyages familiaux partagés massivement par des parents.
Pranks : 'Blagues' ou 'farces' en anglais, infligées en l'espèce à des enfants avant d'être publiées sur les réseaux sociaux.