Prononcée en Conseil des ministres mercredi 21 juin, la dissolution des Soulèvements de la Terre a provoqué des réactions très différentes parmi les différents groupes de l'Assemblée nationale. Dénoncée et contestée par plusieurs groupes de la Nupes, la décision est, au contraire, saluée par la majorité.
Le collectif des "Soulèvements de la Terre" a été dissous mercredi 21 juin, en Conseil des ministres. Cette décision, annoncée dès le 28 mars par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a été actée par la publication d'un décret "portant dissolution d'un groupement de fait". Celui-ci précise que "sous couvert de défendre la préservation de l'environnement et de se présenter comme un mouvement militant, [les Soulèvements de la Terre incitent] à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence".
Gérald Darmanin a justifié cette décision mardi, lors de la séance des questions au gouvernement : "Aucune cause ne justifie que l'on blesse des policiers ou des gendarmes." Le ministre de l'Intérieur avait promis d'engager la dissolution des Soulèvements de la Terre après les affrontements de Sainte-Soline. Gérald Darmanin a également dénoncé mardi les manifestations contre le projet Lyon-Turin qui se sont déroulées samedi 17 juin : "Le travail fait par les policiers et les gendarmes a permis 350 contrôles d'armes et d'armes de poing qui pouvaient blesser voire tuer [les forces de l'ordre]."
La dissolution du collectif est vivement contestée par les députés de la Nupes et plus particulièrement par les élus du groupe "Ecologiste". "Vous resterez comme ceux qui n'ont finalement rien compris aux enjeux", a écrit sur Twitter Sandrine Rousseau, qui a interpellé la Première ministre, ainsi que le ministre de l'Intérieur et le président de la République.
Ce qui repousse partout ne peut être dissout. Marie-Charlotte Garin (Ecologiste)
La députée écologiste Marie-Charlotte Garin a pour sa part interpellé Elisabeth Borne et Gérald Darmanin : "En 1908, auriez-vous dissous les Suffragettes ? L'Histoire vous regarde, et demain elle se moquera de vous." De son côté, Benjamin Lucas a évoqué sur RFI "un moment qui met sur la table les ingrédients d'une bascule autoritaire". La secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts Marine Tondelier a annoncé sur Twitter que son parti attaquerait le décret devant le Conseil d'Etat.
Lors d'un point presse organisé à l'Assemblée, la présidente du groupe "La France insoumise", Mathilde Panot, a dénoncé "un franchissement de seuil" : "C'est la première fois dans l’histoire que la France décide de dissoudre un mouvement écologiste." La députée assure que "le motif de cette dissolution est appuyé sur ce qu'il y avait dans la loi séparatisme" : "Nous avions voté contre cette loi en alertant sur le fait que la dissolution administrative serait utilisée contre des opposants politiques."
Les députés LFI ont donc annoncé le dépôt d'une proposition de loi visant à supprimer plusieurs mesures de la loi séparatisme, comme l'extension des motifs de dissolution administrative ou encore le contrat d'engagement républicain. "Nous continuerons à dire, malgré les 3 ans de prison et les 45.000 euros d'amende que nous risquons en disant cela, que oui nous sommes les Soulèvements de la Terre et que nous continuerons à le faire", a promis Mathilde Panot.
D'autres membres de La France insoumise ont publiquement défendu les Soulèvements de la Terre, comme Eric Coquerel, David Guiraud, Clémence Guetté ou encore Jean-Luc Mélenchon.
L'élue communiste Elsa Faucillon (Gauche démocrate et républicaine) a pour sa part estimé que "Gérald Darmanin va rompre une nouvelle fois avec l'Etat de droit", tandis que Karine Lebon (GDR) a écrit sur Twitter que la dissolution des Soulèvements de la Terre revient à "s'attaquer à nos libertés d'opinion et d'expression".
Une excellente nouvelle. Charles Rodwell (Renaissance)
La nouvelle a, au contraire, été saluée dans les rangs de la majorité. Le député Renaissance Charles Rodwell a ainsi qualifié la décision du gouvernement d'"excellente nouvelle". "Il était grand temps" a, par ailleurs, jugé le député Rassemblement national Kévin Mauvieux, tandis qu'Emmanuelle Ménard (non inscrite) estime que la dissolution des Soulèvements de la Terre est "la meilleure décision écologique que le gouvernement ait prise ces dernières années".
forfait" réservé de 15.000 hectares par an car, sans cela, "c'est l'esprit même de la trajectoire de sobriété que nous finissons par menacer".