À l'issue de la déclaration de politique générale du Premier ministre à l'Assemblée nationale, ce mardi 14 janvier, les onze groupes politiques du Palais-Bourbon ont répondu à François Bayrou. Du soutien des uns à l'opposition des autres, en passant par un certain nombre de mises en garde ou d'exigences, l'équation que devra résoudre le locataire de Matignon pour éviter la censure, et réussir ainsi à faire adopter un budget, est encore loin d'être résolue.
"Réconciliation". C'est l'un des termes employés à plusieurs reprises par François Bayrou lors de sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale, ce lundi 14 janvier. Mais si le soutien du bloc central au Premier ministre semble ne pas se démentir, les réactions des groupes politiques d'opposition montrent que ce grand oral n'a pas permis, à ce stade, au successeur de Michel Barnier d'éloigner le spectre de la censure, alors que dans les prochaines semaines la priorité du gouvernement sera de doter la France d'un budget pour 2025.
Le discours de François Bayrou était particulièrement scruté, alors que le Parti socialiste négocie depuis plusieurs jours avec le gouvernement pour tenter de trouver un chemin vers un compromis, en particulier sur la question des retraites, mais aussi en matière de fiscalité et de moyens accordés aux services publics. Boris Vallaud (Socialistes et apparentés) a indiqué que le groupe qu'il préside ne pouvait se satisfaire qu'en cas d'échec de la concertation sur les retraites entre les partenaires sociaux annoncée par le Premier ministre, la réforme Borne perdure. "Notre objectif demeure l'abrogation de la réforme des retraites à 64 ans. (...) Nous demandons que cela revienne devant la représentation nationale", a-t-il martelé.
Un peu plus tard, sur le plateau du 20 heures de TF1, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a précisé les exigences de sa famille politique. "Je demande que [François Bayrou] dise que, qu'il y ait accord ou pas, le Parlement sera saisi de la question des retraites sur la base des propositions faites par les uns et les autres", a indiqué le député, prévenant que le PS votera la censure sauf s'il obtient une "réponse claire" sur à ce sujet.
Motion de censure qui a d'ores et déjà été déposée par La France insoumise, selon laquelle "la composition du gouvernement de François Bayrou est à elle seule une provocation justifiant la censure". A la tribune ce mardi, Mathilde Panot a dénoncé au travers des orientations déjà dévoilées, "un budget pire que celui de M. Barnier". "Pire budget, même tarif : la censure", a ajouté la présidente du groupe LFI dont la motion - signée par des députés insoumis, écologistes et communistes - sera examiné jeudi à l'Assemblée.
Revenant sur la question des retraites, Laurent Wauquiez a estimé que "faire une réforme qui aboutirait à plus de dépenses sans aucune piste de financement serait irresponsable". Il a, par ailleurs, critiqué les annonces de François Bayrou en matière de réforme du mode de scrutin législatif. "La proportionnelle sera la garantie que le désordre politique exceptionnel que nous connaissons aujourd'hui deviendra la règle", a estimé le président du groupe Droite républicaine.
Du côté du parti présidentiel, Gabriel Attal a plaidé pour "la stabilité", avant de saluer la "position courageuse" de François Bayrou sur la question des retraites. "Nous participerons évidemment à un travail sur cette réforme", a aussi déclaré le président du groupe Ensemble pour la Republique à propos de la possible révision de la loi ayant porté l'âge de départ à 64 ans, tout en disant son opposition à "ceux qui veulent purement l'abroger ou la suspendre sans alternative crédible".
Au-delà de la motion de censure qui sera examinée jeudi, le Rassemblement national n'a, quant à lui, pas exclu l'hypothèse de censurer prochainement le gouvernement, l'orateur du groupe présidé par Marine Le Pen, Jean-Philippe Tanguy, faisant notamment de la reconstruction de Mayotte un sujet déterminant. "Notre exigence de fraternité, de solidarité et de dignité envers Mayotte est une ligne rouge. Si elle n'est pas scrupuleusement respectée, le groupe RN vous censurera", a-t-il prévenu après avoir accusé le gouvernement de "mentir sur tout" à propos de la situation de l'île, y compris en matière de bilan humain à la suite du passage dévastateur du cyclone Chido.