Crise en Ukraine : Le Drian n'exclut pas de nouvelles sanctions contre la Russie

Les tensions internationales au sujet de l'Ukraine ont augmenté ces derniers mois : les Occidentaux accusent la Russie d’avoir amassé ces dernières semaines quelque 100 000 soldats à la frontière avec l’Ukraine pour préparer une éventuelle attaque, ce que Moscou dément. Si les Etats-Unis et l'Europe veulent le retrait de ces soldats, la Russie réclame pour sa part des garanties écrites en vue d'exclure une adhésion de l'Ukraine, ainsi que de la Géorgie, une autre ex-république soviétique, à l'Otan. Car Moscou estime qu'il serait difficile pour les Russes de "se sentir en sécurité" si d'autres État à sa frontière rejoignaient l'alliance basée à Bruxelles. 

Cette semaine, Moscou et Washington ont commencé des discussions en Suisse, mais les pourparlers de Genève n'ont débouché que sur la promesse de nouveaux contacts entres Russes et Américains. Alors qu'une réunion du Conseil Otan-Russie, impliquant des diplomates de haut rang des membres de l'Alliance atlantique-nord et des représentants de Moscou, est prévue pour mercredi à Bruxelles, la première depuis juillet 2019, Paris rappelle sa position. 

À l'Assemblée nationale, mardi 11 janvier, auditionné dans la soirée, Jean-Yves Le Drian a ainsi dénoncé devant les députés de la commission des affaires étrangères "une dérive autoritaire russe qui se poursuit." "Nous appelons au dialogue sans naïveté et avec exigence", a-t-il toutefois expliqué. "Nous ne devons ni refuser la discussion, ni en être inquiets, elle peut contribuer à renforcer notre sécurité dès lors qu'elle est conduite en toute transparence et de manière unie avec nos alliés et partenaires."

"L'importance pour les Européens d'être pleinement acteurs de leur sécurité"

Cependant, Jean-Yves Le Drian ne ménage pas Moscou. "Un certain nombre de propositions russes reviennent purement et simplement à supprimer des décennies de construction européenne pour revenir à une certaine forme de logique de blocs", a-t-il déclaré.  

Jean-Yves Le Drian martèle "l'importance pour les Européens d'être pleinement acteurs de leur sécurité", et témoigne un "soutien indéfectible à l'intégrité territoriale de l'Ukraine" au nom de Paris. "Nous avons dit à la Russie qu'il y aurait des conséquences stratégiques et massives à toute nouvelle atteinte à l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a-t-il prévenu, rappelant la position du Conseil européen de décembre 2021. Le ministre a par ailleurs annoncé qu'une nouvelle réunion au format "Normandie" (réunissant la France, l'Allemagne, la Russie et l'Ukraine) devrait avoir lieu "dans les jours qui viennent."

"Il est temps de convenir d'une fin du conflit, et nous sommes prêts à prendre les décisions nécessaires durant un nouveau sommet des dirigeants des quatre pays", disait mardi dans la journée le président ukrainien Zelensky. 

Toutefois, si les négociations entre Occidentaux et Russes venaient à échouer dans les prochains jours, plusieurs scénarios sont sur la table, y compris de nouvelles sanctions économiques. "Avec plusieurs de nos partenaires, nous évaluons les options de sanctions économiques fortes à l'encontre de la Russie afin d'augmenter le coût d'une éventuelle intervention militaire. Nous en sommes là à l'heure où je vous parle", déclare le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.