L'élu âgé de 75 ans est décédé jeudi. Il a partagé sa longue carrière politique entre l'Assemblée nationale et le Conseil de Paris, où il a siégé respectivement 25 et 37 ans. Ses anciens collègues lui rendent hommage.
Contaminé et affaibli par le coronavirus, Claude Goasguen est décédé jeudi d'un arrêt cardiaque, alors qu'il se "rétablissait" après trois semaines en réanimation a indiqué sa famille. Élu cinq fois au Palais-Bourbon, le député Les Républicains faisait partie de cette génération à la longévité politique exceptionnelle dont l'hémicycle ne compte désormais plus que quelques représentants.
Son premier mandat comme conseiller de Paris date de 1983, après en doctorat en droit et un début de carrière universitaire. L'homme, né à Toulon en 1945, cumule ensuite les fonctions. En 1993, il devient député pendant deux ans, en tant que suppléant de Jacques Toubon, nommé au gouvernement. Puis, à partir de 1997, il se faire élire parlementaire sur son nom sans discontinuer.
Figure de la droite parisienne, Claude Goasguen devient maire du XVIe arrondissement en 2008 avant de devoir renoncer à cette fonction en 2017 en raison de la loi sur le non-cumul. Président du groupe UMP au Conseil de Paris de 2002 à 2006, il échoue en 2008 à porter les couleurs de sa famille politique dans la course à la mairie de Paris face à Françoise de Panafieu. Chiraquien et libéral, il a été ministre de la Réforme de l'État pendant cinq mois en 1995 alors qu'il était encore membre de l'UDF.
En 2014 à l'Assemblée, Manuel Valls a reproché à Claude Goasguen d'avoir, dans sa jeunesse, fait ses classes à "l'extrême droite". Une sortie qui avait suscité un tollé dans l'hémicycle. À Paris, où il est venu poursuivre ses études, il entre à la faculté de droit de l'université de Paris, qui deviendra l'université Paris-II Panthéon-Assas. En 1967-1968, il préside la "Corpo" des étudiants en droit, une organisation étudiante proche de l'idéologie d'Occident. Une "erreur de jeunesse" regrettée plus tard Claude Goasguen, cité par Le Point.
Pugnace, toujours libre de sa parole, orateur théâtral, Claude Goasguen n'a vu sa carrière être vraiment mise en danger qu'une seule fois, il y a trois ans, quand la vague macroniste a pris le pouvoir. Relégué six points derrière sa rivale La République en Marche, le baron parisien sort sonné du premier tour. "C'est la première fois de ma vie que ça m'arrive, mais ça fait du bien. Ça m'a rincé !", confiait-il à LCP en pleine campagne :
"Pas de Deauville, pas de @rolandgarros !" @ClaudeGoasguen mobilise ses électeurs dans #Circo7514 https://t.co/GxW9wXvPK3 #Legislatives2017 pic.twitter.com/4OsG0zocbw
— LCP (@LCP) June 14, 2017
Finalement, il sauve son siège avec 52,43% des voix et souhaite alors mener au bout ce qui devait être son dernier mandat à la chambre basse.
Quelques semaines après la mort de l'ancien député Patrick Devedjian, la nouvelle de sa disparition endeuille à nouveau le monde politique. Députés, ministres, anciens compagnons de route et mêmes adversaires politiques lui rendent hommage. Le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand (LaREM), a ainsi salué "l'esprit d'un combattant aux fortes convictions qui nous quitte". Jean-Luc Mélenchon (LFI) a également salué "un rude adversaire" qui "manquera comme interlocuteur".
Au nom du groupe Les Républicains, Damien Abad a célébré un homme qui n'avait "qu'une parole" :
Aujourd’hui, après son départ, ses 103 collègues LR sont tous un peu orphelins. @ClaudeGoasguen était un homme libre, fort de ses convictions. Sa franchise ne variait pas : que ce soit en réunion de groupe ou face aux caméras, il n’avait qu’une parole.
Mes pensées à ses proches.
— Damien Abad (@damienabad) May 28, 2020
Le député des Français de l'étranger Meyer Habib (UDI) déplore la perte d'"un frère", alors que Claude Goasguen était vice-président du groupe d'amitié France-Israël. Ensemble, ils s'étaient affichés avec une kippa à l'Assemblée par solidarité avec la communauté juive en janvier 2016, après l'agression antisémite d'un enseignant à Marseille.