Budget 2025 : "Le scénario macroéconomique du gouvernement paraît encore un peu fragile", juge Pierre Moscovici

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Pierre Moscovici LCP 10/10/2024
Pierre Moscovici lors de son audition à l'Assemblée, le 10 octobre 2024 (© LCP)
par Raphaël Marchal, le Jeudi 10 octobre 2024 à 22:00, mis à jour le Vendredi 11 octobre 2024 à 08:27

Auditionné à l'Assemblée nationale, ce jeudi 10 octobre, sur le cadrage macroéconomique du budget 2025, le président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), Pierre Moscovici, considère que le scénario du gouvernement n'était "pas infaisable, mais vulnérable". Concernant 2024, il qualifie le dérapage du déficit public de "considérable et inédit". 

L'approche budgétaire du gouvernement Barnier est un peu trop optimiste, malgré un effort de réalisme bienvenu. Tel est, en substance, le message qu'a porté Pierre Moscivici devant les députés de la commission des finances, ce jeudi 10 octobre, jour de présentation du projet de loi de finances pour 2025 en Conseil des ministres.

"Le scénario macroéconomique du gouvernement pour 2024 est maintenant dans l'ensemble réaliste. Celui pour 2025 paraît encore un peu fragile", a indiqué le président du Haut Conseil pour les finances publiques. 

Déplorant les informations lacunaires transmises jusque-là par le gouvernement, alors que le budget a fait l'objet d'une préparation tardive, mais se félicitant que HCFP ait été saisi pour avis, Pierre Moscovici a jugé que le scénario macroéconomique du gouvernement comportait des points de vulnérabilité, notamment une prévision de croissance à 1,1 % un peu trop "optimiste".

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Selon Pierre Moscovici, les économies envisagées par l'exécutif pourraient, sans provoquer de récession à proprement parler, avoir des effets récessifs, qui ne sont pas suffisamment pris en compte. Il a, en revanche, récusé les termes de "cure d'austérité"Le gouvernement souhaite ramener le pays sous les 5 % de déficit public en 2025, puis sous les 3 % du PIB à l'horizon 2029. Un "effort de réalisme" salué par le président du HCFP par rapport aux trajectoires fixées par les gouvernements précédents, qui visaient un rétablissement plus rapide, mais difficilement réalisable, des comptes publics. 

Plusieurs députés ont questionné Pierre Moscovici sur la part représentée par les hausses d'impôts dans l'effort de 60 milliards d'euros assumé par le gouvernement en 2025, afin d'atteindre ses objectifs budgétaires. Le Haut Conseil l'a estimée, dans un avis rendu ce jour, à 70 %, contre 30 % pour la baisse des dépenses. L'inverse de ce qui apparaît dans la communication gouvernementale, un hiatus qui n'a pas manqué d'interpeller les élus.

Une différence qui peut, en partie, s'expliquer par des méthodes de calcul différentes a indiqué Pierre Moscovici : le HCFP retient une méthode structurelle, tandis que le gouvernement a fait ses calculs par rapport à l'évolution tendancielle des dépenses, comme si aucune mesure n'était prise pour les freiner. En retenant ce mode de calcul, "on arrive plutôt à 50-50", a-t-il précisé.

Disséquer une "année noire"

Le président du Haut Conseil est, en outre, revenu sur le dérapage du déficit public de la France en 2024, qui devrait atteindre 6,1 % du PIB, alors qu'il avait dans un premier temps été prévu à 4,4 % par les précédents gouvernement. Un delta "considérable", s'est alarmé celui qui est, par ailleurs, premier président de la Cour des comptes. "Entre ce que vous avez voté et ce qui sera en principe réalisé, il y a 1,7 point de PIB et 52 milliards d'euros", a-t-il souligné devant les députés.

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Un dérapage "considérable et inédit", d'autant plus que l'année 2024 n'est pas considérée comme une année de crise, a-t-il rappelé. Avant d'appeler à une "autopsie" de cette "année noire", une fois qu'elle sera achevée, pour éviter qu'un tel schéma ne puisse se répéter à l'avenir.