L'Assemblée nationale a poursuivi, mercredi 5 juin au soir, l'examen de l'article 5 du projet de loi sur la fin de vie, qui définit et instaure l'aide à mourir. Les débats ont majoritairement porté de la question du choix à laisser au malade entre auto-administration ou administration par un tiers de la substance létale, ainsi que sur le rôle que doivent jouer le corps médical et les proches.
Quelle latitude laisser au patient au moment de choisir, ou pas, qui procédera à l'administration de la substance létal dans le cadre de "l'aide à mourir" ? C'est ce débat qui a occupé la majeure partie du temps consacré à l'examen du projet de loi "relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie" mercredi 5 juin au soir, alors que les députés débattent depuis lundi de l'article 5 du texte, qui vise à définir et instaurer "l'aide à mourir".
L’aide à mourir consiste à autoriser [...] une personne [...] à recourir à une substance létale, [...] afin qu’elle se l’administre ou, lorsqu’elle n’est pas en mesure physiquement d’y procéder, se la fasse administrer par un médecin, un infirmier ou une personne majeure qu’elle désigne. Article 5 du projet de loi sur la fin de vie
Au cœur de cette définition, figure un principe qui guide et détermine la question du geste à accomplir et de la personne qui administre la substance létale. Comme l'a rappelé la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, le gouvernement a souhaité faire de l'auto-administration la règle. Ce n'est qu'en cas d'incapacité physique d'une personne qu'un soignant ou un proche pourrait procéder à la place du patient. Bien que de nombreux élus aient tenté de modifier cette définition en laissant davantage de latitude au patient, c'est encore ce principe qui figure à l'article 5, tandis que plus loin dans le texte, il a été battu en brèche en commission, avec le vote d'un amendement à l'article 11.
"Si le choix du patient est au cœur du projet qui nous occupe, pourquoi n'aurait-il pas le choix de la modalité de sa fin de vie ?", a interrogé Marie-Noëlle Battistel (Socialistes). "Il s'agit d'encadrer légalement un accompagnement jusqu'au bout, un geste d'amour ultime de la part d'un être cher", a plaidé Emmanuel Fernandes (La France insoumise), favorable à ce qu'un proche volontaire puisse être directement désigné par un malade.
A contrario, cette perspective d'évolution a fait frémir plusieurs élus présents dans l'hémicycle. "Si nous votons ces amendements, on passe à suicide assisté ou euthanasie, et non à suicide assisté avec exception d'euthanasie", a pointé Charles de Courson (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires). "A aucun moment on a réfléchi à l'impact que ça pouvait avoir sur les proches en question", a déploré Patrick Hetzel (Les Républicains). Finalement, aucun amendement infléchissant la hiérarchie initiale n'a été adopté à ce stade de l'examen projet de loi.
A cours des débats, des députés ont en outre tenté d'exclure les personnels soignants du dispositif, lorsqu'un patient n'est pas en mesure de s'administrer lui-même la substance létale. "Ce n'est pas aux professionnels de santé de participer", a considéré Philippe Juvin (Les Républicains), estimant qu'il faudrait nécessairement modifier le serment d'Hippocrate si le texte venait à être voté tel quel. "Donner la mort n'est pas pratiquer un soin", a appuyé Marie-France France Lorho (Rassemblement national).
"Je suis médecin, et j'en ai un peu marre d'entendre ici que les soignants sont contre cette loi", a rétorqué Michel Lauzzana (Renaissance), jugeant au contraire de leur responsabilité "d'accompagner les patients jusqu'au bout". La ministre de la Santé a pour sa part rappelé que seuls les professionnels volontaires seraient amenés à participer à la procédure, d'autant plus qu'une clause de conscience est également prévue par le texte tel qu'il a été voté en commission. Finalement, là encore, aucune modification n'a été approuvée mercredi soir.
Après l'examen de l'article 5, qui se poursuivra ce jeudi 6 juin, les députés se pencheront sur l'article suivant, lui aussi au cœur du projet de loi, qui fixe les conditions d'accès à l'aide à mourir.