Alors, de l’été 1940 à l’été 1943, l’Algérie française se donne avec enthousiasme à la Révolution nationale voulue par Pétain. Une ferveur si grande que même le débarquement allié du 8 novembre 42 n’est pas immédiatement suivi d’un changement politique.
Cette anomalie de l’Histoire n’a rien d’un accident ou d’une simple parenthèse. Tout ce dont, de nombreux Européens d’Algérie, rêvent depuis longtemps s’accomplit par la grâce du Maréchal : rétablissement de l’ordre colonial, exaltation de la grandeur de l’empire, mise au pas des populations et, divine surprise, abrogation du décret Crémieux qui, en 1870, avait fait des juifs d’Algérie des citoyens français. Cette mesure d’épuration de la communauté nationale n’a cessé d’être réclamée. Par pur antisémitisme. Mais aussi par simple calcul. Exclure les juifs de la société algérienne, c’est dire aux Allemands que Vichy sait quelles populations sacrifier pour prouver sa pleine et entière collaboration.
Enlever leurs droits aux Juifs, c’est signifier à d’autres, les Musulmans, qu’ils n’ont plus à espérer en obtenir.
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