Une proposition de loi Les Républicains défendue mercredi propose de moduler l'application de la limitation de vitesse à 80km/h sur toutes les routes secondaires sans séparateur central. Cette mesure, voulue par Matignon, déclenche la colère des députés, notamment ceux venant du monde rural. La proposition a cependant été rejetée par la majorité.
Une "proposition constructive et de bon sens". Voilà comment Vincent Descoeur a défendu, mercredi, son idée de confier aux préfets et aux départements le soin d'appliquer (ou non) le passage de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes. Comme beaucoup d'élus ruraux, le député du Cantal est contre cette réforme défendue bec et ongles par Édouard Philippe et qui sera appliquée par décret le 1er juillet, pour une expérimentation de deux ans.
Le parlementaire LR estime avoir trouvé le "bon équilibre" après avoir consulté les associations d'élus qui assurent recevoir des centaines de messages de citoyens révulsés par cette mesure, soutenue par à peine un quart des Français dans un sondage BVA.
Les députés de gauche, qui sont venus apporter leurs voix à celles de la droite, dénoncent une décision vécue comme "une agression" par leurs électeurs. "Merci de nous offrir la possibilité de débattre d'un sujet dont on nous a privé... et dont toute la France parle !", a lancé le socialiste Hervé Saulignac a ses collègues LR.
De même, les députés communistes et insoumis étaient prêts à voter la loi au prix de quelques amendements pour l'aménager.
À 80 km/h, les automobilistes rouleront à la même vitesse que les poids lourds... Soit la certitude de créer des "convois lents" sur les routes du réseau secondaire, regrette Vincent Descoeur. Il vit lui-même à 115 kilomètres de la bretelle d'autoroute la plus proche, autant dire que la perte de temps ne sera pas d'une "poignée de secondes", critique-t-il.
En confiant les clés de la limitation de vitesse aux préfets (pour les routes nationales) et aux départements (pour les routes départementales), le député vise une application "au cas par cas" du 80km/h, par des "acteurs près du terrain", qui connaissent "les caractéristiques" des routes secondaires sans séparateur centrale.
Sans surprise, la majorité s'est opposée à la proposition de loi, soulignant autant son caractère "réglementaire" que l'objectif de sauver jusqu'à "400 vies" par an.
La majorité a donc préféré évacuer le sujet qui aurait pu gêner la mise en oeuvre du plan de sécurité routière cet été, lequel contient également des mesures pour réprimer l'usage du téléphone portable au volant et la conduite en état d'ébriété ou sous l'effet de drogue.
La proposition de loi sera tout de même débattue dans l'hémicycle le 21 juin, lors de la niche parlementaire réservée au groupe Les Républicains.