La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a répondu jeudi 6 octobre aux questions de l'Association des journalistes parlementaires, lors d'une conférence de presse. Composition de l'Assemblée nationale issue des élections de juin dernier, projet de loi de finances, réforme des retraites, égalité femmes-hommes... Compte-rendu des principales déclarations de la présidente de l'Assemblée.
"Une chance et une responsabilité" : c'est ainsi que Yaël Braun-Pivet a qualifié la nouvelle donne politique issue des élections législatives de juin dernier. "L'Assemblée nationale n'a jamais aussi bien représenté les Français", a-t-elle déclaré, alors que pour la première fois depuis 2002, le président de la République et le gouvernement n'ont pas de majorité absolue au Palais-Bourbon et que tous les grands courants politiques du pays, de La France Insoumise au Rassemblement national, disposent d'un groupe au sein de l'institution. À charge pour la représentation nationale d'être à la hauteur des attentes des Français, estime en substance la présidente de l'Assemblée. Yaël Braun-Pivet s'est, par ailleurs, dite "très satisfaite" de la "nouvelle méthode" de travail entre gouvernement et Parlement : "plus de concertation, plus de temps, des textes plus courts". Et elle a indiqué explorer comment "amplifier cette méthode", à cadre réglementaire et constitutionnel constant.
Tout en répétant que le 49. 3 n'était "pas un gros mot", la présidente de l'Assemblée nationale a défendu les vertus du dialogue, en particulier dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2023, qui débutera dans l'hémicycle le 10 octobre prochain. "Ce que je souhaite, c'est que le texte tienne compte des débats dans l'hémicycle", "pas forcément à la virgule près", mais que ce ne soit "pas non plus juste la copie du gouvernement", a déclaré Yaël Braun-Pivet. "Je suis convaincue qu'il faut que la discussion ait lieu dans l'hémicycle, que nous essayions de parvenir à éviter le 49.3", a-t-elle aussi affirmé, avant d'ajouter : "Si le gouvernement constate que la voie du dialogue n'existe pas, il faudra qu'il en tire les conséquences". "Nous ne pouvons pas échouer à faire adopter le budget de la France", a-t-elle aussi conclu sur le sujet.
Interrogée sur la position qui avait été la sienne concernant le véhicule législatif à privilégier pour débattre de la réforme des retraites, Yaël Braun-Pivet a évoqué "la seule position institutionnelle" qu'elle pouvait défendre en tant que présidente de l'institution lorsque, le 22 septembre dernier, elle avait indiqué être défavorable à un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Au-delà de sa fonction actuelle, elle avait souligné sur FranceInfo n'avoir "jamais été favorable aux amendements qui portent en eux-mêmes une réforme d'importance parce qu'ils n'ont pas été expertisés par le Conseil d'Etat, n'ont pas fait l'objet d'une étude d'impact, n'ont pas été travaillés par les parlementaires en amont". Devant la presse parlementaire, Yaël Braun-Pivet a redit la nécessité de "prendre le temps de la concertation avec les groupes politiques et avec les partenaires sociaux (...), du travail approfondi pour une réforme globale" et s'est félicitée que "le gouvernement puisse mettre en place une méthode qui permette de satisfaire à l'exigence de cette concertation et de ce dialogue, et en même temps à l'exigence de la réforme que nous devons conduire".
À l'heure où le président de la République a appelé les citoyens à s'exprimer via des concertations nationales sur les grands enjeux de notre société, notamment celui de la fin de vie, la présidente de l'Assemblée nationale s'est dite "extrêmement favorable" aux processus de démocratie participative. "Il faut le faire dans la clarté. L'enjeu de la démocratie participative, c'est de bien la combiner avec la démocratie représentative, de telle sorte qu'il n'y ait pas de confusion entre les missions des uns et des autres", a souligné Yaël Braun-Pivet. Elle a notamment tenu à faire le distinguo entre la méthode référendaire, où le citoyen s'avère décisionnaire, et les conventions citoyennes, où ce dernier est consulté, avant que les pouvoirs exécutif et législatif ne puissent trancher.
Yaël Braun-Pivet est enfin revenue sur son élection, et sur le symbole que représente le fait d'être la première femme présidente de l'Assemblée nationale. "Je n'avais pas mesuré à quel point, dans l'opinion publique, le fait qu'il y ait une première femme, cela porte, de façon extrêmement positive, encourageante (...) C'est très émouvant", a-t-elle aussi confié. "Je suis sur un féminisme positif, et non-conflictuel. Je n'oppose jamais les hommes et les femmes, bien au contraire. Je n'aurais jamais été élue si des hommes n'avaient pas voté pour moi", a poursuivi Yaël Braun-Pivet. "Je trouve franchement que l'Assemblée, aujourd'hui, n'est plus un lieu sexiste, où ce combat doit être mené. (...) On ne peut pas dire que les choses n'ont pas bougé, il faut s'en satisfaire", a-t-elle par ailleurs déclaré, alors que 37% des élus qui siègent au Palais-Bourbon depuis juin dernier sont des femmes.