D'ici à 2028, le gouvernement veut multiplier par 2,5 les capacités de production d'électricité par des éoliennes terrestres, faisant passer de 6 à 15% la part d'électricité éolienne dans le mix énergétique français. Une ambition qui se heurte toutefois à la fronde des riverains, dans les campagnes, en raison des nuisances provoquées...
"L'énergie éolienne a vocation à constituer un des piliers du système électrique français", explique aux députés Stanislas Reizine, le sous-directeur du système électrique et des énergies renouvelables au ministère de la Transition écologique. La mission d'information parlementaire, dont l'objectif est de limiter les "freins à la transition énergétique", a débuté sa matinée, jeudi, en auditionnant également un représentant de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et de France énergie éolienne (une association des professionnels de l'énergie éolienne). Des personnalités unanimes pour défendre un secteur "d'avenir" qui embauche entre 14 et 17 000 emplois directs.
Ce bel unanimisme bascule lorsque deux représentants de l'association anti-éoliennes la Fédération environnement durable prennent la parole. "D'un côté, vous avez une industrie qui prend le pouvoir sur la France et, de l'autre, je vois des Français qui sont saignés avec le prix de l'électricité, le prix des taxes, qui sont au bord de la révolte", lance Jean-Louis Butré. Une colère attisée par un décret du 29 novembre 2018 qui restreint le droit de recours des associations contre les nouvelles installations d'éoliennes. Or, ces projets font l'objet de recours dans près de 70% des cas...
Au coeur de la contestation, la réglementation actuelle qui fixe à 500 mètres la distance d'installation des éoliennes par rapport aux habitations. Trop peu, selon les associations qui défendent des normes en fonction de la taille et de la puissance des éoliennes. "Expliquez-moi pourquoi une éolienne de 100 mètres (de hauteur, ndlr), c'était 500 mètres de protection, pourquoi une éolienne de 200 mètres c'est toujours 500 mètres ? Ce sont des décisions faciles pour essayer de diminuer la colère sur le terrain", défend le président de l'association anti-éoliennes. Il met en garde : "Sans ça ce n'est pas des gilets jaunes que vous allez avoir ! Vous allez avoir des protestations locales beaucoup plus violentes..."