Le préfet du Haut-Rhin a annoncé, ce lundi, l’enfouissement définitif des milliers de tonnes de déchets emmagasinés au centre de stockage des déchets ultimes de Wittelsheim (Stocamine). Le ministère de la Transition écologique défend une décision adaptée face aux risques faibles, selon le ministère, de contamination de la nappe phréatique. Des députés alsaciens dénoncent eux des risques qui "vont perdurer pendant des générations".
Il s'agit d'un serpent de mer de la politique française. Depuis une quinzaine d'années les gouvernements successifs s’interrogent sur l'opportunité d'extraire les milliers de tonnes de déchets ultimes (Arsenic, Cyanure, Mercure,...) stockés entre 1999 et 2002 sur le site de Wittelsheim (Haut-Rhin). L'Etat et le ministère de la Transition écologique de François de Rugy ont finalement décidé de ne pas procéder au retrait des déchets restants.
Stocamine La décision de Francois de Rugy.pdfVoir
Une décision défendue par la directrice de cabinet du ministre au motif que "95% des déchets mercuriels" ont déjà été retirés du centre de stockage, le mercure constituant la principale menace pour la nappe phréatique alsacienne, selon le ministère de la Transition écologique. L'immense réserve d'eau douce, située au-dessus du centre de stockage, ne pourrait être concernée qu'à la marge par une potentielle contamination de mercure et d'ici "600 à 1000 ans" selon l'expertise du Bureau de recherches géologiques et minières. Le ministère soulève également les risques potentiels, pour les manutentionnaires et pour la stabilité du lieu, à procéder à ce retrait. La décision a été annoncée ce lundi aux députés concernés, pour certains pas convaincus par les arguments de l'Etat.
Le député Les Républicains du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger - membre d'une mission d'information sur le sujet - fustige "une position que [François de Rugy] semble bien avoir du mal à assumer personnellement". Il désapprouve "vivement cette décision brutale, imposée sans tenir compte de l’exercice inédit réalisé par l’Assemblée nationale sur ce dossier".
"La mise en œuvre du déstockage exigeait une volonté politique. Nos travaux parlementaires ont souligné la nécessité de s’engager dans cette voie (...) l’Etat vient donc de manquer l’occasion unique de renouer la confiance en sa parole (...) cette décision est grave. Elle ne traduit que trop bien l’incapacité du prétendu « nouveau monde » à comprendre les territoires qui font notre pays, son mépris à l’égard du travail parlementaire et le cynisme de ceux qui ont renié leurs engagements pour marcher vers les Palais de la République."Raphaël Schellenberger, député LR du Haut-Rhin
Le député MoDem Bruno Fuchs, également membre de la mission d'information a dénoncé cette décision. "Notre rapport parlementaire préconisait de déstocker (sortir) les déchets de Stocamine car on n’est pas en mesure de voir l’intégralité des risques, explique-t-il. Je suis furieux, je trouve que cette décision (du ministère) va à l’encontre des intérêts du territoire, on n'explique pas les raisons de ce choix, on ne rassure pas les populations. Les risques vont perdurer pendant des générations. C’est une décision condamnable sur la forme, au moment où on est dans le grand débat, c’était le moment d’expliquer une décision. Ça ne renforce par la confiance entre l’Etat central et les citoyens."
>> Une problématique déjà évoquée avec le député Raphaël Schellenberger dans notre émission Circo :