Soignants non vaccinés : LFI retire son texte, que le RN voulait reprendre dans la cadre de sa niche parlementaire

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Caroline Fiat, le 6 décembre 2022 à l'Assemblée nationale. LCP
par Maxence Kagni, le Mercredi 7 décembre 2022 à 10:59, mis à jour le Lundi 2 octobre 2023 à 12:24

Les députés de La France insoumise ont décidé de retirer leur proposition de loi "portant réintégration du personnel des établissements de santé et de secours non-vacciné grâce à un protocole sanitaire renforcé". Le groupe Rassemblement national avait décidé de reprendre ce texte et de l'inscrire au programme de sa journée d'initiative parlementaire du 12 janvier. Retour sur 24 heures d'imbroglio.  

"Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais d'accord de notre groupe avec l'extrême droite." Mercredi 7 décembre, le groupe La France insoumise a décidé de retirer sa proposition de loi "portant réintégration du personnel des établissements de santé et de secours non-vacciné grâce à un protocole sanitaire renforcé". La veille, le groupe Rassemblement national avait annoncé sa volonté d'inscrire le texte à l'ordre du jour de sa journée d'initiative parlementaire, prévue le 12 janvier prochain.

"Piraterie parlementaire"

Le texte, dont la rapporteure était Caroline Fiat, a commencé à être étudié par l'Assemblée nationale le 24 novembre, mais son examen n'a pu aller à son terme : le gouvernement et la majorité ont tout fait pour ralentir les débats et ont réussi à empêcher son adoption. Lundi, le groupe RN a indiqué reprendre le texte à son compte, renonçant de ce fait à présenter sa propre proposition de loi. Le but étant de "placer l'intérêt supérieur des Français au-dessus des clivages partisans", selon les mots de Frédéric Falcon (RN), lors d'une conférence de presse organisée par son groupe.

Suite à cette annonce, le groupe présidé par Marine Le Pen a tenté de faire nommer Frédéric Falcon co-rapporteur du texte, aux côtés de Caroline Fiat. Une proposition repoussée, mardi soir, par la commission des affaires sociales. "Qu'un texte soit repris sur une niche, alors qu'aucun des membres du groupe n'est co-signataire peut paraître étrange, mais alors que soit nommé un co-rapporteur qui n'est pas co-signataire du texte, ça commence à frôler le ridicule", a notamment déclaré la députée LFI.

Les députés de la Nupes ont également critiqué la démarche du RN : Arthur Delaporte (Socialistes) a dénoncé un acte de "piraterie parlementaire qui se fait sans code, ni honneur", tandis que Sandrine Rousseau (Ecologiste) a moqué un "plagiat". Le groupe Renaissance, par le biais de Stéphanie Rist, et le groupe Les Républicains, par la voix de Yannick Neuder, ont également dénoncé la méthode utilisée par le RN. 

Une des critiques les plus virulentes est venue du député MoDem Philippe Vigier, qui a dénoncé "le copier-coller magnifique" du Rassemblement national : le RN a déposé un texte sur la proportionnelle aux élections législatives qui serait une reprise "mot pour mot" d'un précédent texte déposé par le MoDem. "Piquer le texte des autres, faire des copier-coller ad vitam æternam ça n'a pas de sens, ça dénature le travail parlementaire", a regretté Philippe Vigier.

Mardi soir, Caroline Fiat s'est félicitée du vote de la commission : "Ce sera donc moi seule comme rapporteure ! Tel est pris qui croyait prendre !", a commenté l'élue sur Twitter, qui se préparait donc à continuer à défendre elle-même son texte lors de la journée réservée aux députés RN. "S'ils souhaitent nous laisser la moitié de leur niche parlementaire, libre à eux !", ont dans un premier temps réagi les insoumis auprès l'AFP.

Une position qui a cependant soulevée des réactions contraires auprès d'autres groupes de la Nupes. "Quand le RN tend un piège le mieux est de ne pas sauter dedans à pieds joints. A aucun moment et sous aucun prétexte, il ne peut y avoir de confusion entre la gauche et l’extrême-droite", a ainsi écrit le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur Twitter. "Pas ça !" a écrit sur le réseau social le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.

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De la même façon, le président du groupe Socialistes à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud, a rappelé sur France inter sa volonté de ne "pas frayer avec l'extrême droite". La majorité, elle aussi, a dénoncé, notamment par le biais du président de la commission des lois Sacha Houlié, une "alliance honteuse".

Un nouveau texte sera déposé par LFI 

Dans la matinée, La France insoumise a finalement choisi de retirer le texte et expliqué dans un communiqué "condamner fermement les mensonges visant à faire croire à un accord entre la France insoumise et le Rassemblement national". Selon LFI, "les soignants suspendus n'ont pas vocation à servir les coups de communication du RN". Le communiqué précise que près de 300 amendements restaient à étudier, ce qui rendait de toute façon "impossible" son adoption le 12 janvier prochain. 

Une décision dont se félicite le leader des insoumis, Jean-Luc Mélenchon : "La frontière est claire. La macronie et le RN votent ensemble contre les locataires et pour l’insécurité", a écrit l'ancien député sur Twitter. Le choix de LFI a également été salué par le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure : "Le RN joue. Pas la gauche", a commenté le député de Seine-et-Marne. De son côté, Sandrine Rousseau a parlé d'une "bonne décision" : "Jamais nous ne soutiendrons un texte porté par le RN."

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Au contraire, le Rassemblement national a aussitôt critiqué ce retrait, dénonçant dans un communiqué de presse le "sectarisme" de LFI et sa "basse reddition politicienne". "En abandonnant ce texte, La France Insoumise révèle son absence totale de considération pour la défense de l’intérêt général", écrit le RN. "Ces insoumis préfèrent leurs intérêts de boutique à ceux des Français… Ça en dit long…", a regretté Sébastien Chenu sur Twitter.

La France insoumise, qui déposera prochainement un nouveau texte de loi, "co-signé avec les députés ultramarins de tous les groupes politiques qui le souhaitent", demande son inscription "dans les plus brefs délais" à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.