Sortie de crise, situation à l'hôpital, commandes de masques, règles funéraires, retour à l'école... Le Premier ministre, Édouard Philippe, et son ministre de la Santé, Olivier Véran, ont répondu aux questions des députés à l'occasion de la première audition de la mission d'information sur le coronavirus.
Gouverner en période de crise exceptionnelle est une science inexacte, voilà comment résumer le propos liminaire d'Édouard Philippe. Pour parer aux critiques, le Premier ministre souhaite montrer que les décisions, mêmes les plus importantes, se prennent parfois avec une certaine dose d'incertitude.
"Je préfère dire les choses sincèrement : nous ne savons pas tout", reconnaît @EPhilippePM
> "Les décisions que nous prenons sont souvent prises sur le fondement d'informations parfois incomplètes et souvent contradictoires."#DirectAN #COVIDー19 pic.twitter.com/7o6SBaXOeh
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Dans le même registre, il indique aux 31 députés qui l'interrogent par visioconférence que la France, comme "les autres pays", vit une situation "unique et sans précédent". "Aucun système de santé au monde n'a été construit, pensé, dimensionné pour faire face à ce que nous vivons", explique-t-il.
Tant que les services de réanimation du pays seront saturés de malades, il est hors de question pour le chef du gouvernement d'enclencher la fin du confinement du pays. Mais Matignon réfléchit à une sortie de crise, et même à plusieurs. Différents scénarios sont en train d'être "expertisés" par "plusieurs équipes".
Il évoque un déconfinement qui pourrait être soit "régionalisé", soit "sujet à une politique de tests" ou même être étalé en fonction des "classes d'âge". Si aucune hypothèse ne semble pour l'instant privilégiée, le déconfinement devrait se faire en plusieurs temps :
"Il est probable que nous ne nous acheminons pas vers un déconfinement qui serait général et absolu, une fois, partout et pour tout le monde", déclare @EPhilippePM, qui évoque une "stratégie nationale"#DirectAN #COVIDー19 pic.twitter.com/6LNo8DqKKs
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La décision, qui relève d'une "stratégie nationale", devra être "présentée et discutée", promet-il.
Nous espérons pouvoir présenter des éléments de cette stratégie dans les jours ou les semaines qui viennent de façon à donner une perspective à nos concitoyens.Edouard Philippe, le 1er avril 2020
Aujourd'hui, les régions du Grand Est et de l'Île-de-France sont toujours les plus touchées, et de plus en plus :
"La carte qui se dessine c'est celle d'une région Grand Est et d'une Île-de-France qui concentrent l'augmentation de l'épidémie", explique @EPhilippePM.
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Alors que toutes les estimations concordent pour dire que la France connaîtra une récession économique en 2020, Édouard Philippe reconnaît que la possibilité d'une crise économique n'est pas à écarter :
#COVIDー19 : @EPhilippePM souligne les "conséquences extrêmement lourdes du confinement et de l'interruption du cycle économique dans le monde". Le Premier ministre prévient "qu'une crise économique est susceptible de succéder à la crise sanitaire". #DirectAN pic.twitter.com/uhhHOY1uav
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Il souligne que le dispositif mis en place pour protéger les salariés est "le plus généreux d'Europe" :
"Un des dispositifs que nous avons mis en place c'est l'activité partielle. (...) Nous avons mis en place [le] système le plus généreux d'Europe. 337 000 entreprises représentant 3,6 millions de salariés bénéficient aujourd'hui de ce régime", détaille @EPhilippePM.#DirectAN pic.twitter.com/ajtWH8IUp8
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Et il confirme un nouveau geste pour les chefs d'entreprise avec la baisse du seuil pour être éligible au fonds d'aide. Au lieu de 70%, les aides pourront être versées dès 50% de baisse du chiffre d'affaires, en mars comme en avril.
Il estime également que les assureurs, qui ont abondé ce fonds à hauteur de 200 millions d'euros, devraient être à nouveau sollicités face à une crise épidémique qui dure.
Utilisé dans certains pays démocratiques comme la Corée du Sud, le pistage des citoyens malades par géolocalisation est exclu par le gouvernement. Le "tracking" est en effet illégal en France :
Utilisation des technologies pour suivre les déplacements : "Ces dispositifs en France n'existent pas parce qu'ils ne seraient pas légalement permis. (...) Nous ne travaillons pas aujourd'hui sur des instruments qui rendraient obligatoire ce tracking" dit @EPhilippePM.#DirectAN pic.twitter.com/GDRPbcsM8T
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Le monde hospitalier devra encore tenir bon. La France n'a en effet pas encore atteint le pic de la vague épidémique, avec une hausse encore forte du nombre de patients admis en réanimation ce mercredi :
#COVIDー19 : "La situation est extrêmement tendue, il y a ce soir 450 patients de plus en réanimation qu'hier. Nous sommes toujours sur une trajectoire de dynamique épidémique extrêmement grave et inquiétante", explique @olivierveran.#DirectAN pic.twitter.com/gT7mFMK1LT
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Le ministre des Solidarités et de la Santé indique également que la France a doublé ses capacités de réanimation, en passant à 10 000 lits pour, à l'heure actuelle, 5 500 malades du coronavirus pris en charge dans ses services.
Face aux pénuries récurrentes et malgré les réquisitions, Olivier Véran mise sur les nombreuses commandes passées par la France pour répondre à terme à la demande de masques.
Elle est estimée, pour les seuls personnels soignants, à 40 millions par semaine :
Manque de protections pour les soignants : @olivierveran souligne que les besoins sont "vingt fois plus important" par rapport à la normale.
Il rappelle que 1,5 milliard de masques ont été commandés et que le besoin est évalué à 40 millions par semaine#DirectAN #COVIDー19 pic.twitter.com/8kHxQtBUQ2
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Alors que la pression s'accroît sur certains médicaments, le Premier ministre tente de rassurer sur les stocks français :
Pénurie de certains médicaments ? "Nous pouvons tenir. Nous avons de quoi tenir durablement mais comme personne ne sait aujourd'hui de combien de temps le plateau va durer, nous savons que nous devons faire attention à la gestion de la ressource", précise @EPhilippePM.#DirectAN pic.twitter.com/HncncplMmR
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Face à la proposition de Jean-Luc Mélenchon (LFI) de nationaliser l'entreprise de bouteilles d'oxygène Luxfer - qui cherche un repreneur -, Édouard Philippe préfère temporiser :
"Je le dis au président @JLMelenchon, augmenter la production nationale, ça ne passe pas nécessairement par la réquisition ou la nationalisation", répond @EPhilippePM. Le Premier ministre met en garde contre des nationalisations qui peuvent désorganiser les filières.#DirectAN pic.twitter.com/4G0hRJ2mlU
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Le Premier ministre a confirmé que le ministère de l'Éducation national travaillait sur le scénario d'un retour à l'école le 4 mai, ce qui n'est qu'une hypothèse qui dépendra de la stratégie retenue sur le déconfinement.
Les épreuves du bac devront elles être remaniées quoi qu'il en soit :
Baccalauréat : "Il est désormais acquis qu'il ne sera pas possible d'organiser dans les conditions normales le bac 2020", affirme @EPhilippePM.#DirectAN #COVIDー19 pic.twitter.com/tFeEnJyhTF
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Le calendrier des vacances scolaires devrait en revanche bien être maintenu, alors que "les professeurs travaillent en ce moment".
Ecole : "Il n'est pas question de dire que les vacances n'auraient pas lieu d'être. Les professeurs travaillent en ce moment (...) il faut que ce travail puisse s'interrompre. Il est important de préserver cette période", assure @EPhilippePM.#DirectAN #COVIDー19 pic.twitter.com/7JS2qNCKi9
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"Des règles dures mais nécessaires" : le Premier ministre rappelle le cadre qui prévaut lors des enterrements, à savoir pas plus de vingt personnes présentes.
Il rappelle aussi que des décisions sanitaires ont été prises vis-à-vis des corps des défunts, quitte à heurter certaines pratiques religieuses :
"Nous avons décidé d'interdire la pratique de toute forme de toilette mortuaire, rituelle ou non, sur le corps des personnes atteintes du coronavirus", assure @EPhilippePM, qui évoque une "mise en bière immédiate du corps des défunts".
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Lire aussi : Le mode d'emploi de la mission d'information sur le coronavirus