Retraites : les femmes "pénalisées" par la réforme, la gauche à l'offensive, le gouvernement en défense

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par Soizic BONVARLET, le Mardi 24 janvier 2023 à 11:05, mis à jour le Mardi 24 janvier 2023 à 19:34

Au lendemain des propos du ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester, évoquant sur LCP des femmes "un peu pénalisées" par le report de l'âge légal de la retraite à 64 ans, les députés de gauche opposés à la réforme ont rebondi sur cette déclaration pour dénoncer le projet du gouvernement. 

"Votre ministre Franck Riester l'avoue lui-même, les femmes, davantage que les hommes, seront plus lourdement pénalisées par votre report de l'âge". Tels ont été les mots de Mélanie Thomin (Socialistes et apparentés), prononcés en ouverture de la séance des questions au gouvernement du mardi 24 janvier. La députée a ainsi fait référence aux propos du ministre des Relations avec le Parlement tenus lors de l'émission Audition publique, la veille au soir, sur LCP. 

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La Première ministre évoque un "faux procès"

"Les femmes, pour atteindre leur durée de cotisation, utilisent notamment des trimestres validés par enfant (…). Évidemment, si vous reportez l’âge légal, elles sont un peu pénalisées. On n'en disconvient absolument pas", avait reconnu Franck Riester lundi soir, avant de poursuivre : "On n’a jamais dit que tout le monde était gagnant. On demande un effort aux Français pour pouvoir équilibrer notre système de retraite. On demande un effort à tout le monde, y compris aux femmes".

"Vous parlez des femmes sans humanité", a lancé la députée socialiste ce mardi à l'endroit du gouvernement. "Votre réforme ne fait que reproduire des inégalités inexistantes", a-t-elle ajouté. Et la Première ministre en personne de lui répondre : "Je ne peux pas vous laisser dire que notre projet ne protégerait pas les femmes". "Nous réduisons les inégalités inacceptables entre les femmes et les hommes au moment de la retraite", a-t-elle affirmé, arguant notamment que "les femmes seront les premières bénéficiaires de la revalorisation des petites pensions".

Élisabeth Borne a également évoqué la prise en compte des congés parentaux dans le calcul des trimestres avant de qualifier de "faux procès" la critique portée par la gauche.

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Une étude d'impact qui embarrasse l'exécutif

"Un grand merci à Frank Riester, puisqu'à chaque fois qu’il prend la parole, 100 000 personnes manifestent en plus". S'exprimant lors du point presse hebdomadaire de La France insoumise, Hadrien Clouet avait lui aussi commenté, quelques heures avant les questions au gouvernement, les propos de Franck Riester. "Ce n’est malheureusement pas le moment de vous révéler que c’est un insoumis infiltré, mais il fait extrêmement bien le travail et nous lui sommes très reconnaissant", a aussi ironisé le député LFI.

Selon l'étude d'impact relative au projet de loi, la réforme prévue par le gouvernement devrait contribuer à réduire les écarts de pensions entre les hommes et les femmes, à condition que ces dernières travaillent jusqu'à 64 ans, et donc, pour celles qui ont eu des enfants, plus longtemps qu'à l'heure actuelle. En moyenne, les femmes partiront à la retraite sept mois plus tard qu'aujourd'hui si la réforme est adoptée en l'état, tandis que les hommes partiront cinq mois plus tard. 

"Tout le monde y perdra, mais certains, en l’occurrence certaines, y perdront plus que d’autres", a aussi considéré Hadrien Clouet. "[Les femmes] perdent des trimestres et donc elles devront soit partir plus tard et faire plus de mois que leurs homologues masculins, soit elles ne pourront pas partir plus tard parce qu'elles seront usées par le travail, et dans ce cas là elles subiront une décote", a expliqué l'élu de Haute-Garonne, avant de conclure : "Le gouvernement nous parle de + 2% de pensions pour les femmes à condition qu'elles fassent deux ans de plus, donc ça veut dire qu'elles auront 24 euros de plus par mois, à condition de perdre deux ans de pensions de retraite".

Lors du point presse de la Gauche démocrate et républicaine, Sébastien Jumel avait pour sa part qualifié la réforme de "sexiste". "Oui, les femmes seront les premières victimes expiatoires de ce mauvais texte", a considéré le député communiste.