La motion de censure déposée par le Rassemblement national contre le gouvernement et le projet de réforme des retraites a été rejetée par l'Assemblée nationale. Hormis le groupe présidé par Marine Le Pen, aucun groupe n'a voté cette motion.
"Cette motion de censure a été déposée par un groupe dont le silence a été assourdissant tout au long des débats, et dont les votes ne disent rien d'autre que l'opportunisme de chaque instant". C'est par ces mots que la Première ministre, Élisabeth Borne, a choisi de répondre au geste du Rassemblement national destiné, selon les mots de Marine Le Pen, à "rendre la parole à la France".
La présidente du groupe "Rassemblement national" a qualifié la réforme des retraites, dont l'examen venait d'être interrompu quelques minutes plus tôt, de "projet indigent" et dénoncé des "ratés à répétition" de la part du gouvernement. En retour, Élisabeth Borne a fustigé une motion de censure "aussi substantielle que la participation de Marine Le Pen aux débats".
"Jamais, au nom de l'histoire de notre pays, nous ne mélangerons nos votes avec celles et ceux qui ne considèrent pas tous les êtres humains comme des frères", a déclaré André Chassaigne (Gauche démocrate et républicaine), entouré des membres de son groupe. "Nous sommes fiers de ne jamais, je dis bien jamais, servir l'extrême droite et alimenter son projet cynique", a abondé Mélanie Thomin (Socialistes).
Hadrien Clouet (La France insoumise) a, pour sa part, qualifié la motion de "mauvaise blague" et les députés du Rassemblement national d'"opposition en carton" et de "porteurs d'eau de Monsieur Dussopt", dénonçant leur incapacité à soutenir les mesures proposées par la Nupes s'agissant de "rétablir l'ISF, faire cotiser la Bourse, taxer les dividendes, mettre la finance à contribution".
Cette motion de censure aura aussi été l'occasion pour le gouvernement, comme pour l'ensemble des groupes politiques, de revenir les deux semaines débats consacrées au projet de réforme des retraites à l'Assemblée nationale.
Élisabeth Borne a notamment accusé la Nupes de "miner la démocratie en la transformant en cirque", quand le président du groupe "Démocrate", Jean-Paul Matteï, a regretté de n'avoir pu porter, en raison de la stagnation des débats qu'il a également imputée à la Nupes, les amendements de son groupe relatifs à une clause de revoyure ou à la retraite des femmes qui ont eu des enfants.
Véronique Louwagie (Les Républicains), dont le groupe a également refusé de voter la motion du Rassemblement national, a regretté dans le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale un véhicule législatif "sujet à débat", avant de considérer que la Nupes avait "privé les Français d'un débat démocratique".
De votre fait, les débats dans ce noble hémicycle se sont transformés en une sorte de guerilla parlementaire, et l'Assemblée nationale en annexe du cirque Pinder. Véronique Louwagie s'adressant aux députés de la Nupes.
Bertrand Pancher (LIOT) a pour sa part évoqué au travers de l'examen de la réforme "l'un des plus tristes épisodes de notre Cinquième République", renvoyant dos à dos le gouvernement, LFI et le RN en tant que co-responsables de cet "échec".
La motion de censure a récolté 89 suffrages, soit la totalité des membres du Rassemblement national, plus Nicolas Dupont-Aignan (non inscrit). Loin de la majorité absolue des membres composant l'Assemblée qui aurait été nécessaire à son adoption. Le gouvernement va donc poursuivre son chemin. Tout comme le projet de réforme des retraites qui va maintenant être transmis au Sénat.