PDG d'EDF : la nomination de Bernard Fontana validée par le Parlement

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par Maxence Kagni, le Mercredi 30 avril 2025 à 15:50, mis à jour le Mercredi 30 avril 2025 à 16:15

Les parlementaires des commissions des affaires économiques de l'Assemblée nationale et du Sénat ont auditionné, ce mercredi 30 avril, Bernard Fontana, qu'Emmanuel Macron avait proposé pour devenir président-directeur général d'EDF. Sa nomination a été validée par les députés et les sénateurs (55 "pour", 40 "contre", 3 abstentions).

"Ma mission sera de faire en sorte que l'entreprise EDF soit efficace et rende à ses clients et au pays les services qui en sont attendus." Ce mercredi 30 avril, les commissions des affaires économiques de l'Assemblée nationale et du Sénat ont validé la nomination de Bernard Fontana  de PDG d'EDF, comme l'avait proposé le président de la République, Emmanuel Macron (55 voix "pour", 40 "contre", 3 abstentions). L'industriel, âgé de 64 ans, a été successivement auditionné par les sénateurs et les députés. 

Bernard Fontana, actuel président du directoire de Framatome, a indiqué vouloir "produire sur le territoire national une électricité bas carbone et compétitive au service des ménages et des entreprises françaises, en particulier celles qui en ont le plus besoin pour être compétitives". Autant d'objectifs qui doivent permettre de remplir les objectifs de la France "en matière de souveraineté, de compétitivité, de lutte contre le changement climatique et d'abondance de la ressource électrique".

Une nomination largement soutenue à l'Assemblée

Les députés ont largement soutenu la candidature de Bernard Fontana : à l'Assemblée, l'industriel a recueilli 41 voix favorables, 12 oppositions et 2 abstentions. "Votre parcours professionnel et votre expérience de dirigeant de plusieurs groupes industriels nous amènent à penser que votre profil est très intéressant", a notamment déclaré Jean-Luc Fugit (Ensemble pour la République).

Jérôme Nury (Droite républicaine) a, quant à lui, salué une personnalité qui n'est "pas dans le catéchisme macronisme du 'en même temps' énergétique qui a été depuis 2017 une véritable catastrophe pour notre pays". "Fin 2022, par la voix de l'excellent député Jean-Philippe Tanguy [RN], nous avions proposé votre nomination à la place de Luc Rémont, les faits nous ont donc donné raison", s'est pour sa part félicité Alexandre Loubet (Rassemblement national).

Le choix d'Emmanuel Macron pour succéder à Luc Rémont

"Mon action s'inscrira dans le cadre structurant du discours du président de la République à Belfort le 10 février 2022", a expliqué l'industriel. Une déclaration qui n'a pas rassuré le rapporteur Matthias Tavel (La France insoumise), qui a donné un avis défavorable à la nomination de Bernard Fontana. "Tout le monde a compris que ce n'est pas vous qui dirigerez totalement EDF mais bien Emmanuel Macron lui-même", a-t-il estimé. Et d'ajouter que Luc Rémont, qui a dirigé EDF de 2022 à 2025, "a été débarqué par Monsieur Macron sur fond de désaccord sur les offres tarifaires aux industriels".

De la même façon, la présidente du groupe "Ecologiste et social", Cyrielle Chatelain, a dénoncé une "nomination politique" et un "passage en force" d'Emmanuel Macron : "Luc Rémont a été écarté de la direction d'EDF, alors qu'il est parvenu à relever l'entreprise (...), parce qu'il avait émis des réserves sur le plan de relance nucléaire souhaité par le président de la République." 

"J'ai beaucoup de respect pour Luc", a répondu Bernard Fontana, expliquant qu'"il s'agit d'un mandat qui n'est pas renouvelé" : "Ça arrive à tous les mandataires sociaux de ne pas avoir de mandat renouvelé."

Relance du nucléaire

 Devant les députés, Bernard Fontana a dévoilé ses priorités :

  • "poursuivre le rétablissement de la production du parc nucléaire à des niveaux cohérents", en "visant une capacité à atteindre de 400 terawattheure à horizon 2030".
  • "fournir une électricité compétitive à l'ensemble des consommateurs français et plus particulièrement aux industriels",
  • "maîtriser les délais et les coûts du programme de relance du nucléaire",
  • "permettre la relance de l'investissement dans le parc hydroélectrique d'EDF",
  • "mener à bien les projets d'éoliens en mer",
  • assurer la "soutenabilité de la trajectoire financière de l'entreprise"

Bernard Fontana a particulièrement évoqué la relance du nucléaire en France, insistant sur la mise en chantier de six réacteurs EPR2 : "Il s'agira d'être en mesure de prendre une décision finale d'investissement au plus tard au second semestre 2026 et de garantir la mise en service de la première tranche au plus tard en 2038. Et plus tôt si c'est possible", a-t-il indiqué. Une position critiquée par Maxime Laisney (La France insoumise), qui a affirmé que "la Cour des comptes se montre très sceptique sur la rentabilité des EPR2".

De son côté, le rapporteur général du Budget, Charles de Courson (LIOT), a mis en garde face au "mur d'investissements" auquel devra faire face le groupe EDF entre la prolongation des réacteurs nucléaires, le financement des nouveaux EPR et les différents investissements prévus à Flamanville et Hinkley Point. "Il faut être attentif et parfois faire des choix dans la vie sur les investissements qu'on veut faire et, si nécessaire, donner la priorité à ce qui se passe en France", a répondu Bernard Fontana.