Le milliardaire Pierre-Edouard Stérin refuse de se présenter devant une commission d'enquête parlementaire

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Pierre-Edouard Sterin Wikimedia
Pierre-Edouard Sterin en 2018 (© Wikimedia)
par Raphaël Marchal, le Mercredi 23 avril 2025 à 16:36

L'entrepreneur Pierre-Edouard Stérin n'a pas honoré sa convocation devant la commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections en France, ce mercredi 23 avril. Invité à détailler son projet politique, dénommé "Périclès", le milliardaire, proche des milieux catholiques conservateurs, a été reconvoqué en date du 6 mai.

Ils devaient être entendus ce mercredi 23 avril par la commission d'enquête "concernant l’organisation des élections en France". L'entrepreneur Pierre-Edouard Stérin, co-fondateur du groupe Smartbox, et le directeur général de Périclès, Arnaud Rérolle, ont décidé de ne pas répondre favorablement à la convocation qui leur avait été adressée, comme l'a dévoilé Mediapart.

Ce mardi, veille de l'audition programmée, Arnaud Rérolle a écrit au président de la commission d'enquête, Thomas Cazenave (Ensemble pour la République) et au rapporteur, Antoine Léaument (La France insoumise), pour leur faire part d'une incompatibilité d'agenda, mais aussi de désaccords de fond. Le directeur général de Périclès a ainsi indiqué aux deux élus qu'il était en congés jusqu'au 28 avril, et que Pierre-Edouard Stérin se trouvait à l'étranger. En outre, les activités du milliardaire n'auraient pas de liens suffisamment étayés avec le sujet de la commission d'enquête.

"Cette audition nous apparait légitime au regard du rôle que souhaite occuper Périclès dans les prochaines échéances électorales et des éléments qui ont été soulevés lors des précédentes auditions menées par la commission d’enquête", estiment au contraire Thomas Cazenave et Antoine Léaument dans un communiqué commun. Périclès, qui se présente comme une "société d'intelligence politique" d'influence "libérale-conservatrice", ambitionne de "transformer durablement le paysage politique et social français", en soutenant financièrement médias, think tank, innovations technologiques et programmes de formation.

Dans une enquête dévoilée en juillet 2024, le journal L'Humanité était longuement revenu sur le plan confidentiel du milliardaire, destiné à promouvoir la victoire "idéologique, électorale et politique" d'un ensemble de "valeurs clés" de droite conservatrice et d'extrême droite, en mettant 150 millions d'euros sur la table en dix ans. En 2024, Pierre-Edouard Stérin avait tenté de racheter l'hebdomadaire Marianne, l'opération ayant capoté à la suite des révélations sur ses liens avec l'extrême droite.

Prenant acte de la réponse du directeur général de Périclès, les deux élus ont décidé de reconvoquer Pierre-Edouard Stérin et Arnaud Rérolle en date du 6 mai. En espérant qu'ils soient cette fois à même de se présenter au Palais-Bourbon pour répondre aux interrogations des députés de la commission d'enquête.

Selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne dont une commission d'enquête a jugé l'audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée. La personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d'enquête est passible de deux ans d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende. Début avril, Alexis Kohler, alors secrétaire général de l'Elysée, avait décliné la convocation de la commission d’enquête sénatoriale sur le scandale des eaux en bouteille, invoquant le principe de séparation des pouvoirs.