Après la conférence de presse de François Bayrou sur la situation budgétaire de la France, le Rassemblement national a critiqué un exercice "pas à la hauteur" et jugé le gouvernement coupable de la situation actuelle. Plusieurs élus de La France insoumise ont appelé le Premier ministre à "taxer les plus riches". Plusieurs syndicats ont, eux, dénoncé une "opération de communication".
Les réactions de la classe politique n'ont pas tardé après le "diagnostic" posé ce mardi 15 avril par François Bayrou sur la situation budgétaire de la France. Sur X, la présidente du groupe du Rassemblement national à l'Assemblée, Marine Le Pen, a dénoncé une conférence de presse "pas à la hauteur de la grave crise des finances publiques que notre pays subit après sept années de macronisme". "Non, la dette de la France n’est pas la faute de nos compatriotes ou des oppositions", estime-t-elle encore, refusant de laisser passer "des mesures contre les Français".
"François Bayrou a fait un bilan économique accablant : celui du macronisme, qui est aussi le sien", a renchéri Jordan Bardella, parlant d'un gouvernement "déjà en bout de course". Son collègue Jean-Philippe Tanguy n'a pas dit autre chose. Interrogé sur LCI, le député RN a vu dans la "prestation" du jour du Premier ministre "un interminable enfonçage de portes ouvertes pour nous dire ce que tout le monde sait". A ses yeux, c'était "une matinée pour rien", car "aucune réponse" n'a été apportée par le gouvernement. Cela mérite-t-il une censure ? "Le groupe prendra cette décision si nécessaire. Mais oui, les sujets s'accumulent et les problèmes sont en train de s'aggraver", a-t-il répondu.
De l'autre côté de l'échiquier politique, le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, Eric Coquerel (La France insoumise), a qualifié le discours de François Bayrou "d'exercice de propagande pour nous convaincre qu'il va falloir poursuivre la politique qui a échoué". "Il faut taxer les riches : les 0,001 % les plus riches paient 2 % d’impôt, pendant que les classes moyennes triment", a complété le député Aurélien Le Coq (LFI) ; quand sa collègue Aurélie Trouvé (LFI) jugeait "terrifiant" que le Premier ministre "persiste à défendre la politique Macron sans en questionner l'échec", à savoir, selon elle, "60 milliards d'euros de cadeaux fiscaux en 8 ans, sans plan ni ciblage".
Dans le camp de ceux qui soutiennent le gouvernement de François Bayrou, plusieurs élus ont mis en garde contre certaines des mesures qui pourraient être prises dans les mois à venir pour justement faire entrer de l'argent dans les caisses de l'Etat. "Les retraités ne doivent pas être la variable d’ajustement des comptes publics ni la victime expiatoire des dépenses que l’on ne réduit pas", a ainsi écrit sur X le député Mathieu Lefevre (Ensemble pour la République). S'il estime que l'exercice mené par le Premier ministre était "nécessaire", le député et ancien ministre de l'Economie Antoine Armand a pour sa part déclaré qu’"augmenter ou créer de nouveaux impôts n'est pas la solution".
Côté syndicats, la leader de la CGT, Sophie Binet, a dénoncé une "opération de communication" et déploré, comme d'autres syndicats, le refus du gouvernement de revoir la fiscalité. "On nous a invités à assister à l'opération de communication du gouvernement", a-t-elle déclaré. François Hommeril (CFE-CGC) a aussi qualifié la rencontre d'"opération de communication" avec un discours "un peu pleurnichard".
On ne fait pas un budget uniquement avec un tableur Excel. Marylise lÉON, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE LA CFDT
La patronne de la CFDT, Marylise Léon, a critiqué "une vision comptable" du gouvernement, estimant qu'"on ne fait pas un budget uniquement avec un tableur Excel". "Le message qu'on passe au gouvernement et au Premier ministre, c'est de dire : 'Sortez de vos dogmes, sortez de vos idées reçues. Arrêtez de nous dire, on ne touche pas à l'impôt'. Il faut un impôt plus juste en France, sinon on ne résoudra pas l'équation", a ajouté la responsable du premier syndicat français.
Un constat partagé par Sophie Binet qui estime que "pour trouver de l'argent pour rétablir nos finances publiques, il faut prendre l'argent là où il est, et c'est ce que refuse de faire le gouvernement". La numéro un de la CGT a cité notamment la possibilité de "taxer le patrimoine", "taxer les dividendes et le capital", "augmenter les impôts pour les plus aisés, qui ont très largement bénéficié des largesses de la politique de l'offre d'Emmanuel Macron".