Candidat du Rassemblement national à Matignon en cas de victoire de son parti aux élections législatives, Jordan Bardella a indiqué, lundi 17 juin, qu'il ne souhaitait devenir Premier ministre que si le RN obtenait la "majorité absolue". Interrogé sur cette déclaration, l'actuel locataire de Matignon, Gabriel Attal, a évoqué, ce mardi, un "refus d'obstacle" de la part du Rassemblement national dont il a critiqué les "reniements".
"Je dis aux Français : pour nous essayer, il nous faut la majorité absolue". Dans un entretien au Parisien paru lundi 17 juin, le président du Rassemblement national arrivé en tête des élections européennes le 9 juin, a fait valoir que "personne" ne peut croire "qu’on pourra changer le quotidien des Français avec une majorité relative" à l'Assemblée nationale. Dans un appel aux électeurs, Jordan Bardella conditionne donc son éventuelle nomination à Matignon à une élection massive de députés investis par le RN lors des élections législatives, afin de lui donner les moyens de "gouverner". Pour bénéficier d'une majorité absolue, le parti de Marine Le Pen devra faire élire 289 députés sur les 577 qui composent l'Assemblée nationale.
Des propos qui entérinent une forme d'évidence. Avec une simple majorité relative - même si l'équation dépendrait aussi du nombre de voix qu'il manquerait au RN pour atteindre la majorité absolue - Jordan Bardella se heurterait vraisemblablement à une addition des oppositions qui l'empêcherait de faire voter ses textes au Palais-Bourbon et le placerait sous la menace d'une motion de censure permanente.
"Ça ressemble beaucoup à un refus d'obstacle", a répondu l'actuel locataire de Matignon sur le plateau de Franceinfo, ce mardi 18 juin. "On voit depuis quelques jours que s'agissant de Jordan Bardella, il y a de moins en moins de programme, de plus en plus de conditions", a fustigé Gabriel Attal, dénonçant tout à la fois "un reniement" et "une image très politicienne" donnée par le président du RN.
"Ça fait 5 mois que je suis Premier ministre sous une majorité relative, je crois qu'on a fait adopter une vingtaine de textes [pour lesquels] il n'y a pas eu besoin de 49.3", a aussi fait valoir le Premier ministre, qui a pu bénéficier à plusieurs reprises du soutien, texte par texte, d'un ou plusieurs groupes d'opposition.
Gabriel Attal a aussi lancé son propre appel aux électeurs en vue du scrutin des 30 juin et 7 juillet : "Une élection législative, ça n'est pas une élection présidentielle. Vous votez pour un Premier ministre, un gouvernement, une majorité à l'Assemblée nationale (...) On voit que les alternatives qui sont sur la table c'est Jordan Bardella d'un côté avec le RN qui revient chaque jour sur ces propositions, et de l'autre Jean-Luc Mélenchon avec un projet de fragilisation du pacte républicain et des augmentations d'impôts".