Lubrizol : "C’est l’industriel qui a la responsabilité de payer"

Actualité
Image
Couverture : Lubrizol : "C’est l’industriel qui a la responsabilité de payer"
par Jason Wiels, le Mercredi 2 octobre 2019 à 21:03, mis à jour le Lundi 9 mars 2020 à 14:49

Devant les députés, la ministre Elisabeth Borne a rappelé que le principe de pollueur-payeur va s'appliquer pour les communes touchées par la catastrophe industrielle de l'usine Lubrizol, à Rouen. L'exploitant américain qui fabrique des lubrifiants devra notamment prendre en charge le nettoyage des endroits souillés par les suies.

Il faudra du temps pour faire toute la lumière sur l'incendie de l'usine rouennaise de Lubrizol jeudi dernier. Plus de 5 000 tonnes de produits chimiques partis en fumée, des riverains inquiets, des élus locaux qui attendent des réponses... Alors que le pôle santé publique de Paris s'est saisi de l'enquête en cours pour notamment déterminer les causes de la catastrophe, l'Assemblée nationale a décidé, mercredi, de créer une mission d'information sur le sujet.

Chargée de l'environnement, la ministre Élisabeth Borne a été auditionnée dans la soirée pour répondre aux premières interrogations des députés. Comme Christophe Bouillon (PS), qui souhaite que la prise en charge des conséquences de l'incendie soit entièrement prise en charge par l'exploitant :

Et ce sera bien à l'Américain Berkshire Hathaway, propriétaire de Lubrizol Corporation (6,3 milliards de chiffre d'affaires en 2017) de payer la facture, confirme la ministre :

Au-delà du nettoyage des habitations souillées par la fumée noire, la responsabilité de l'industriel s'appliquera aussi à l'indemnisation du secteur agricole, qui est "le plus touché" par la catastrophe.

"Marée noire"

Le ton de l'audition est ensuite monté d’un cran quand Caroline Fiat (LFI) a déploré une "marée noire sur nos têtes" et a vivement critiqué la gestion de la crise par les autorités :

Pour Elisabeth Borne, il n'y a pas eu de volonté de vouloir rassurer "coûte que coûte". "Notre rôle est bien de dire la vérité", a-t-elle assuré.

Que ce soit sur la qualité de l'air ("un état habituel") ou sur la crainte de pollution à l'amiante ("aucune fibre autour du site"), la ministre a encore voulu rassurer les esprits, même si elle reconnaît que les habitants de l'agglomération ont l'impression de vivre dans une "station-service" à cause des fortes odeurs dégagées par les substances brûlées, qui entrent dans la composition des huiles moteur.

Quant aux analyses sur une potentielle pollution aux dioxines, ces composés toxiques issus de la combustion des liquides, elles seront dévoilées "par vague d'ici à la fin de la semaine", a promis la ministre.

Une liste à trous ?

L'élue écologiste Delphine Batho a soupçonné Lubrizol d'avoir fourni mardi aux autorités une liste des produits partis en fumée volontairement opaque, voire incomplète.

Une accusation que ne reprend pas à son compte la ministre, qui estime toutefois que les experts pourront vérifier sur place si l'industriel a bien dit, lui aussi, toute la vérité.